Mexique: polémique sur une statue de l’ancien président de l’Azerbaï

Agence France Presse
24 octobre 2012 mercredi 8:14 AM GMT

Mexique: polémique sur une statue de l’ancien président de l’Azerbaïdjan

MEXICO 24 oct 2012

Entourée de fleurs et de palmiers en bordure du Paseo de la Reforma,
la principale avenue de Mexico, la statue de l’ancien président de
l’Azerbaïdjan, Heydar Aliev, assis genoux croisés, est indifférente au
bruit et à la pollution.

Mais dans une ville ayant élevé des statues à des gloires mondiales
comme Gandhi, Churchill ou Martin Luther King, les défenseurs des
droits de l’homme fulminent contre l’imposant monument installé
récemment à la mémoire de cet ancien chef du KGB, qui a gouverné son
pays d’une poigne de fer entre 1993 et 2003.

On peut lire sur une plaque qu’Aliev était “un grand homme politique
et homme d’Etat”, “un exemple brillant de dévotion infinie à la patrie
et de loyauté aux idéaux universels de la paix mondiale”.

Si Aliev est considéré comme le père de l’indépendance de
l’Azerbaïdjan vis-a-vis de l’Union soviétique, ses détracteurs
rappellent que l’ancien chef du parti communiste local fut l’homme de
la répression contre les dissidents et d’un contrôle strict des
médias. Son fils Ilham lui a succédé et gouverne le pays depuis 2003.

“Mettre sur notre principale avenue la statue d’un dictateur,
quelqu’un qui a violé les droits de l’homme est une offense pour
nous”, dit à l’AFP Jesus Robles Maloof, militant des droits de
l’homme.

Le gouvernement de l’Azerbaïdjan a payé quelque 5 millions de dollars
pour réaménager ce secteur de Chapultepec, le plus grands parc de la
ville, rebaptisé “Parc de l’amitié Mexique-Azerbaïdjan”, ainsi qu’un
autre.

Embarrassé face à une avalanche de critiques, le maire de gauche de
Mexico, Marcelo Ebrard, a créé une commission chargée d’examiner les
plaintes et faire des propositions.

Experts en relations internationales

Cette commission devra aussi décider du sort d’une plaque figurant
dans le deuxième parc et comportant le mot “génocide”, allusion au
massacre d’Azerbaïdjanais dans le village de Khojali, pendant le
conflit avec l’Arménie à propos du Nagorny-Karabakh, dans les années
90.

“Il vaut mieux mettre ça dans les mains d’experts des relations
internationales”, a expliqué à l’AFP Felipe Leal, chargé du
développement urbain à la mairie de Mexico.

Ebard avait inauguré le “Parc de l’amitié” en août, mais les titres
négatifs de la presse ont commencé à apparaître récemment à propos de
la statue située sur l’avenue où domine l’effigie dorée de l’Ange de
l’Indépendance et des monuments à la gloire des héros du pays.

L’ambassadeur d’Azerbaïdjan à Mexico, Ilgar Mukhtarov, a défendu la
décision d’ériger la statue d’Aliev.

“C’est le père de la nation, un symbole de l’Azerbaïdjan et de
l’indépendance”, dit-il à l’AFP. “Ce n’était pas un dictateur”.

Les origines de l’amitié entre les deux pays remontent à 1982 quand
Aliev, qui était alors un officiel soviétique, avait visité le
Mexique, souligne l’ambassadeur. Le Mexique avait été un des premiers
pays à reconnaître l’indépendance de l’Azerbaïdjan.

Il met la polémique sur le compte de la “diaspora arménienne” –
l’Arménie avait soutenu les séparatiste du Nagorny-Karabakh – et “des
gens qui cherchent à nuire aux relations entre l’Azerbaïdjan et le
Mexique”.

Les quelques Mexicains qui sont assis sur des bancs situés en face de
la statue en savent peu sur l’Azerbaïdjan.

“Elle est bien entretenue, très paisible. Je l’aime bien, mais à vrai
dire, je ne le connais pas”, reconnaît Armando Monroy, un coursier de
45 ans. La présence de cette statue lui semble étrange: “Il n’est pas
aussi connu que Gandhi”.

From: A. Papazian