Les Armeniens aux urnes, un vote sous surveillance internationale

Agence France Presse
12 mai 2007 samedi 9:22 AM GMT

Les Arméniens aux urnes, un vote sous surveillance internationale
(PAPIER GENERAL)

Par Mariam HAROUTUNIAN

L’Arménie, une ex-république soviétique pauvre et isolée à la
frontière avec la Turquie, élit samedi son parlement lors d’un
scrutin contesté par l’opposition, qui devrait reconduire le pouvoir
en place.

Des centaines d’observateurs internationaux sont présents sur place,
dont 300 de l’Organisation pour la coopération et la sécurité en
Europe (OSCE) qui avait critiqué le déroulement des précédents
scrutins.

Les Etats-Unis et l’Union européenne, grands pourvoyeurs d’aide à
Erevan avec la diaspora arménienne, ont averti qu’une élection
falsifiée aurait des conséquences négatives dans ce domaine. Aucune
élection en Arménie n’a été jugée transparente depuis son
indépendance de l’Union soviétique en 1991.

Une suspension de l’aide étrangère serait lourde de conséquences dans
un pays sans ressources naturelles où 30% de la population vit avec
moins de deux dollars (1,50 euro) par jour.

L’Arménie, étroitement liée au plan diplomatique et économique à la
Russie, reste par ailleurs très isolée. Ses frontières sont fermées
avec l’Azerbaïdjan depuis la guerre meurtrière entre les deux pays en
1988-94 pour le contrôle du Nagorny Karabakh ainsi qu’avec la
Turquie, sur fond de lourd contentieux après les massacres
d’Arméniens en 1915-17 dans l’Empire ottoman.

Quelque 2,3 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes de 03H00 à
15H00 GMT, le résultat devant être communiqué dans les 24 heures
suivant la fermeture des bureaux de vote.

A 12H00 locales (07H00 GMT), la participation atteignait 10,5% et le
scrutin se déroulait normalement, selon la Commission électorale
centrale.

Si les sondages montrent un électorat avide de réformes radicales,
ils prédisent aussi une victoire des deux partis pro-gouvernementaux,
le Parti républicain et Arménie prospère, qui soutiennent le
président Robert Kotcharian.

Face à ces deux partis, Arménie prospère ayant été fondé en 2006 par
le millionnaire et ancien champion de bras de fer Gaguik Tsaroukian,
l’opposition se présente en ordre dispersé. Au total, plus de 20
partis et 1.000 candidats concourent pour les 131 sièges de
l’Assemblée nationale.

"J’ai voté pour le Parti républicain parce qu’il a un leader fort et
que notre pays a besoin d’une poigne de fer", a déclaré Samvel
Isabekian, 23 ans, à la sortie d’un bureau à Erevan en référence au
Premier ministre et ancien ministre de la Défense Serge Sarkissian.

Les leaders de l’opposition affirment d’ores et déjà que l’élection
sera truquée et prévoient des manifestations anti-gouvernementales
dimanche.

"Nous avons des informations sur le versement de sommes énormes à
travers le pays, avant l’élection, par les partis
pro-gouvernementaux", a déclaré Tigran Mkrtchian, porte-parole du
parti Pays de la loi, affirmant que les voix des électeurs étaient
achetées entre 5.000 drams (10 euros) et 20.000 drams (41 euros).

Après avoir mis son bulletin dans l’urne, le président Kotcharian a
déclaré avoir "voté pour le futur de l’Arménie et la continuation des
réformes dans les domaines économique, social et autres".

"J’espère qu’une réelle opposition sera présente au Parlement, pas
une opposition qui représente les intérêts d’Etats étrangers", a-t-il
ajouté, les partis d’opposition étant régulièrement accusés, tout
comme en Russie, d’agir pour le compte de gouvernements occidentaux.

L’élection constitue aussi une forme de répétition générale avant la
présidentielle de 2008 où le successeur de M. Kotcharian, qui
effectue son deuxième et dernier mandat, sera élu.

Leader du Parti républicain, le Premier ministre Serge Sarkissian,
qui a succédé début avril à Andranik Margarian mort d’un infarctus,
est pressenti pour accéder à la fonction suprême l’an prochain.