D’Armenie au Quartier: regards critiques d’artistes

From: "Katia M. Peltekian" <[email protected]>
Subject: D’Armenie au Quartier: regards critiques d’artistes

Le Télégramme
27 janvier 2007 samedi

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Conçue à Erevan, avec le critique d’art Nazareth Karoyan,
l’exposition au Quartier rassemble des artistes arméniens de
générations différentes. Ici plus qu’ailleurs, le développement de la
scène artistique est étroitement lié à une situation politique
particulière.

« Ce qui m’a frappé c’est la manière dont les artistes étaient
polyvalents. Ils n’utilisent pas un mais plusieurs moyens
d’expression », souligne Dominique Abensour, directrice du Quartier,
invitée, dans le cadre de l’année de l’Arménie, à explorer la scène
artistique arménienne. Autres particularités : les `uvres procèdent
toutes, d’actions, d’interventions, d’expériences et les artistes
travaillent de façon très isolée. « L’important était de présenter
une expression artistique qui n’est pas toujours bien vue de la part
du gouvernement mais qui a une existence depuis 10 ou 15 ans »,
souligne, quant à lui, Nazareth Karoyan.

Grigor Katchatrian.

Cet artiste occupe la scène médiatique. Il a articulé son travail
autour d’un véritable culte de sa propre personnalité mais aussi
réalisé des films pour la télévision, au milieu des années 90, et a
donné à ce programme le titre : « Les artistes dirigent le pays ».

Arman Grigorian.

Ce peintre a choisi dans les années 80 la voie du pop art et est un
des fondateurs du mouvement 3 e étage qui rompt avec le conformisme
de l’Union des artistes, structure soviétique centrale. Ses fresques
peintes sur les murs du Quartier sont porteuses de la question de
l’utopie dans l’art. Des nudistes dans le quartier de Little Arménie
à Los Angeles, une Love parade à Beyrouth ou des punks à Gumri, la 2
e ville d’Arménie, sont autant de rêves possibles pour l’artiste qui
privilégie aussi, dans ses vidéos, le texte pour s’attaquer aux lieux
communs.

Mher Azatian.

Son regard d’artiste photographe s’attarde sur la partie abandonnée
de la ville en pleine reconstruction, celle qui n’a pas profité du
libéralisme économique. Il y associe des textes qui sont des mots,
des bribes de conversation capturés dans la rue. Il nous apprend
ainsi à ne pas rester étranger à notre quotidien comme ses lumières
qui représentent l’espoir. « On a vécu une époque où pendant 3-4 ans
on n’a pas eu d’électricité. Quand on la recevait tout le quartier
applaudissait », commente le jeune artiste.

Hamlet Hovsepian.

Vivant en autarcie dans le petit village d’Ashnak, les peintures, les
sculptures ou les performances filmées de l’artiste sont liés au
paysage aride et désertique qui entourent sa maison.

Anna Barseghina et Stefan Kristensen.

Leur projet intitulé « Arménogéographie » consiste à réaliser un état
des lieux de la nation arménienne, à travers les rapports entretenus
par la diaspora avec un territoire mais aussi la mémoire. Une série
de témoignages ont ainsi été recueillis à Paris, Venise, en Syrie ou
au Liban mais aussi dans les villes de l’Arménie occidentales
aujourd’hui situées en Turquie ainsi que des entretiens avec des
artistes, ou des intellectuels comme le journaliste turc d’origine
arménienne qui vient d’être assassiné.

Karem Andreassian.

Il a installé son site Internet dans la bibliothèque du Quartier.
Pour parler de la situation actuelle de l’Arménie, il explore et
transplante dans cet espace virtuel un village, ancien lieu de
villégiature de la nomenclature soviétique, aujourd’hui menacé par
des glissements de terrain.

Exposition « D’Arménie » au centre d’art contemporain, le Quartier
ouvert du mardi au samedi de 10 h à 12 h et de 13 h à à 18 h, le
jeudi jusqu’à 19 h 30 et le dimanche de 14 h à 18 h. Entrée : 1,50
EUR. Entrée libre pour les scolaires, étudiants (moins de 26 ans),
demandeurs d’emplois, passeport pour l’art, seniors (plus de 65 ans),
abonnés Quartier, Gros Plan, Thétre de Cornouaille.