French articles – 2

* Manifestation arménienne vendredi à Bruxelles contre une adhésion turque
* Génocide/Arménie: l’UDF demande à Jacques Chirac une clarification
* Chirac: la reconnaissance du génocide arménien, “c’est la loi”
* Villiers: “nous sommes tous des Arméniens de France”
* Chirac sur TF1: satisfaction des défenseurs de la cause arménienne
* Arméniens et Grecs d’Uruguay manifestent contre négociations Turquie/UE
* “Merci, Monsieur”: la presse turque salue les propos de Chirac
* Pas de consensus sur l’adhésion turque au sommet européen virtuel d’Istanbul (MAGAZINE)
* Robert Badinter (PS) accuse Jacques Chirac de “capitulation”
* Barroso contre une solution “à mi-chemin” de l’adhésion pour la Turquie
* Chirac says ‘oui, si’ to Turkey’s EU entry
* Barroso: Turkey needs to make EU ‘gesture’
* Génocide arménien : Chirac met en garde Ankara si pas de travail de mémoire
* Une association arménienne dénonce la “capitulation” de l’UE face à la Turquie
* Devedjian “très heureux” des déclarations de Chirac sur le génocide arménien
* 200 manifestants à Erevan contre l’adhésion de la Turquie à l’UE
* Des milliers d’Arméniens à Bruxelles contre une adhésion turque à l’UE
* Organisations arméniennes : “preuve que les conditions ne sont pas réunies”
* L’intervention du Président; Evènement 2. Union Européenne
* A droite, la base turcophobe fait feu de tout bois.;
* Chirac fait passer la pilule turque; Evènement 2. Union Européenne
* Des Turcs euro-enthousiastes mais amers; Evènement 2. Union Européenne
* Candidature d’Ankara : Jacques Chirac promet aux Français qu’ils « auront le dernier mot »
* La Turquie en tout cas
* Jean-Arnold de Clermont : « La loi de 1905 n’est pas taboue »; PROTESTANTS
* Nicolas Sarkozy : « Il va falloir que j’apaise les choses »;
* Incompréhension chez les Turcs de France;
* Comment le chef de l’Etat a dû consentir des infléchissements;
* Turquie : le « oui, si » de Jacques Chirac;
* Le message de fermeté du Parlement européen;
* Entretien – Europe; Levent Yilmaz: Un Turc éclairé
* La bataille de Turquie
* Questions à Pierre Alduy;
* La Turquie vient d’officialiser sa politique négationniste sur le génocide arménien;
* Les eurodéputés donnent un signal clair en acceptant l’ouverture de négociations avec la Turquie;
* « Circonlocutions autour du mot génocide »
* Union européenne. L’Europe est prête à entrouvrir sa porte à la Turquie.
* La Nouvelle République du Centre Ouest
* UE-ARMENIOS: PROTESTA CONTRA ADHESION DE TURQUIA
* Aunque las negociaciones concluyeran con exito …
* Los lideres europeos debaten la fecha para abrir negociaciones con Turquia
* (PROG)UE-TURQUIA: COMENZO CUMBRE QUE TRATARA ADHESION ANKARA
* UE: TURCHIA, CENTINAIA ARMENI MANIFESTANO A BRUXELLES ; CHIEDONO RICONOSCIMENTO GENOCIDIO CONDIZIONE PER AVVIO NEGOZIATI
* Borghezio: «Dico tre volte no ad Ankara»
* Gli armeni: «Riconoscano l’olocausto del nostro popolo»
* Chirac preme per il si’ ad Ankara
* VERTICE A BRUXELLES: Oltre che di Ankara si discuterà anche dell’ingresso di Croazia, Romania e Bulgaria
* Il politologo Alexandre Del Valle mette in guardia Bruxelles: ad Ankara comandano gli islamici radicali
* Josè Barroso, sul patto di stabilità ascolteremo Berlusconi con attenzione;

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Manifestation arménienne vendredi à Bruxelles contre une adhésion turque

Agence France Presse
15 décembre 2004 mercredi

BRUXELLES 14 déc — Des milliers de représentants de la communauté
arménienne de l’Union Européenne sont attendus à Bruxelles vendredi
pour manifester contre une entrée de la Turquie dans l’Union
européenne, ont annoncé mercredi les organisateurs du rassemblement.

Cette manifestation se déroulera en marge du sommet au cours duquel
les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE doivent décider d’ouvrir
les négociations en vue de l’intégration d’Ankara.

“Toutes les organisations arméniennes sont unanimes : la Turquie, au
stade actuel de son évolution, ne peut pas être membre de l’Union
européenne”, a déclaré Hilda Tchoboian, présidente de la Fédération
euro-arménienne pour la justice et la démocratie qui regroupe près de
200 organisations en Europe.

La communauté arménienne n’est pas contre le principe de l’adhésion,
mais “pas dans les conditions actuelles, pas avec une Turquie qui est
capable d’imposer ses vues à l’Union européenne”, a-t-elle ajouté.

Elle a estimé, pour le déplorer, que c’était “la Turquie qui a imposé
ses vues” aux Européens et non l’inverse dans les discussions qui ont
eu lieu jusqu’à maintenant, depuis l’accord d’association signé en
1963 à Ankara.

L’UE n’a pas imposé à la Turquie “la reconnaissance du génocide
arménien ni la reconnaissance de la République de Chypre”, a-t-elle
souligné.

Les massacres et déportations d’Arméniens sous l’Empire ottoman de
1915 à 1917 ont fait 1,5 million de morts, selon l’Arménie, et entre
250.000 et 500.000, selon la Turquie.

Selon Mme Tchoboian, il y a aujourd’hui environ 1 million de
personnes d’origine arménienne dans l’UE à 27 (avec la Roumanie et la
Bulgarie), dont plus de 400.000 en France.

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Génocide/Arménie: l’UDF demande à Jacques Chirac une clarification

Agence France Presse
15 décembre 2004 mercredi

PARIS 15 déc 2004 — L’UDF a demandé mercredi au président Jacques
Chirac “de clarifier la position de la France à propos du génocide
arménien”, estimant que le mot “génocide” devait être “prononcé”.

Par la voix du député de la Loire François Rochebloine, l’UDF a fait
part de sa “stupéfaction” après que le ministre des Affaires
étrangères, Michel Barnier, a affirmé ne pas avoir employé lui-même,
mardi à l’Assemblée, le mot “génocide” arménien, et n’avoir fait que
reprendre l’expression du président UDF François Bayrou qui
l’interrogeait.

Dans un communiqué, M. Rochebloine a observé que “le 18 janvier 2001,
dans le cadre d’une niche parlementaire UDF, l’Assemblée nationale
avait adopté à l’unanimité la reconnaissance du génocide arménien”.
“Cette loi, a-t-il poursuivi, a été promulguée le 20 janvier 2001 par
le président de la République”.

Pour l’UDF, “la loi promulguée doit être appliquée, y compris par le
ministre des Affaires étrangères et le mot génocide doit être
prononcé”.

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Chirac: la reconnaissance du génocide arménien, “c’est la loi”

Agence France Presse
15 décembre 2004 mercredi

PARIS 15 déc 2004

Le président Jacques Chirac a affirmé mercredi sur TF1 que la
reconnaissance du génocide arménien, “c’est la loi” en France et a
demandé à la Turquie de faire “un effort de mémoire”.

“Nous sommes en France un pays de droit.

Il y a une loi qui a été votée, d’ailleurs presqu’à l’unanimité aussi
bien du Sénat que de l’Assemblée nationale, qui parle de génocide.
Par conséquent, c’est la loi”, a affirmé le chef de l’Etat dans une
interview télévisée.

Sans en faire explicitement une condition d’adhésion de la Turquie à
l’UE, Jacques Chirac a insisté sur “les efforts de réconciliation et
de paix” qui ont “jalonné” l’histoire européenne et se sont traduits
partout “par un effort de mémoire important”. “Cet effort doit être
fait, bien entendu, par la Turquie et je suis sûr qu’elle le fera”,
a-t-il dit.

Le président de la République a souligné l’importance de la
communauté arménienne en France qui est “totalement intégrée” et dont
“le drame” qu’elle a vécu “doit être respecté”.

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Villiers: “nous sommes tous des Arméniens de France”

Agence France Presse
15 décembre 2004 mercredi

PARIS 15 déc 2004 — Le président du Mouvement pour la France (MPF)
Philippe de Villiers a déclaré mercredi que “nous sommes tous des
Arméniens de France” lors d’un meeting organisé à Paris contre l’entrée
de la Turquie en Europe.

“Nous sommes tous des Arméniens, il y a en France une loi précise qui
punit le négationisme, une loi juste, mais en Turquie il y a une loi
qui protège le négationisme”, a-t-il déclaré en référence au refus de
la Turquie de reconnaître le génocide des Arméniens au début du XXème
siècle.

Ironisant sur les explications du ministre des Affaires Etrangères
Michel Barnier qui a déclaré qu’il n’avait pas véritablement prononcé
le terme de “génocide” mais celui de “tragédie”, M. de Villiers a
déclaré: “on s’est couché devant la Turquie, honte à la France de
faire des choses pareilles, moi je demande la démission de ce M.
Barnier”.

Philippe de Villiers, qui s’exprimait devant près de 700 personnes –
un millier selon les organisateurs-, avec une partie de l’assistance
debout faute de place, a également attaqué Jacques Chirac, qui
s’exprimait sur TF1 au même moment, sur la question turque.

“D’ou vient ce tropisme oriental ? Il a troqué la tête de veau contre
la tête de turc”, a-t-il déclaré. “S’il ne brandit pas le veto, c’est
nous qui allons le brandir au premier référendum qui passe”, a-t-il
ajouté. “Le joker c’est le référendum”, a-t-il précisé.

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Chirac sur TF1: satisfaction des défenseurs de la cause arménienne

Agence France Presse
15 décembre 2004 mercredi

PARIS 15 déc 2004 — Le Comité de défense de la cause arménienne
(CDCA) a fait état de sa “satisfaction” après les déclarations faites
mercredi sur TF1 par le président Jacques Chirac.

“Nous notons avec satisfaction l’évolution du président” qui,
interrogé il y a quelques mois sur le génocide arménien “avait
déclaré qu’il s’agissait d’un problème bilatéral entre l’Arménie et
la Turquie”, a indiqué dans un communiqué Harout Mardirossian,
président du CDCA.

Selon lui, “il y a aujourd’hui un véritable engagement à faire en
sorte que la Turquie respecte toutes les conditions de son adhésion,
particulièrement s’agissant du génocide arménien”.

Pour Mourad Papazian, président de la FRA Dachaktsoutioun (parti
socialiste arménien) “ce point (ndlr: le génocide) doit être pris en
compte dans la déclaration finale du conseil européen du 17
décembre”, à Bruxelles.

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Arméniens et Grecs d’Uruguay manifestent contre négociations Turquie/UE

Agence France Presse
15 décembre 2004 mercredi 10:28 PM GMT

MONTEVIDEO 15 déc — Plusieurs centaines d’Arméniens et de Grecs ont
manifesté mercredi devant le siège de la représentation de l’Union
européenne à Montevideo pour exprimer leur opposition à l’entrée de la
Turquie dans l’UE, a annoncé à l’AFP un porte-parole des organisateurs.

Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE doivent se prononcer lors
d’un sommet qui débute jeudi à Bruxelles sur l’ouverture de
négociations en vue de l’adhésion de la Turquie.

Les communautés arménienne et grecque d’Uruguay demandent que
l’ouverture des négociations soit conditionnée au respect par la
Turquie des droits des minorités ethniques et religieuses et à la
libération de tous les prisonniers politiques.

Federico Waneskahian, Gariné Dermousessian et Patricia Koharian, au
nom des jeunes de la communauté arménienne en Uruguay, ont estimé que
la Turquie devait reconnaître le génocide commis contre les Arméniens
de 1915 à 1923 et demander pardon au monde.

Des membres de la communauté grecque en Uruguay se sont associés à la
manifestation pour réclamer l’évacuation de Chypre par les troupes
turques et la reconnaissance de “la légitimité du gouvernement
chypriote élu par la majorité de son peuple”, selon un communiqué à
l’AFP.

“L’Union européenne s’est construite sur des valeurs communes comme
la défense des droits de l’homme alors que la Turquie a violé et
viole encore ces droits”, selon le communiqué.

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“Merci, Monsieur”: la presse turque salue les propos de Chirac

Agence France Presse
16 décembre 2004 jeudi

ANKARA 16 déc — La presse saluait unanimenent jeudi les propos tenus
la veille par le président français Jacques Chirac, qui a confirmé
avec force qu’il était favorable à l’adhésion de la Turquie à l’Union
européenne.

“Merci monsieur”, lançaient les journaux à gros tirage Hurriyet et
Vatan, relevant que les déclarations de M. Chirac en faveur d’une
adhésion d’Ankara à l’Union, si elle remplit “toutes les conditions”
à cet effet, est de nature à avoir une répercussion positive sur les
dirigeants européens.

Ces derniers se réunissent jeudi et vendredi à Bruxelles pour décider
de donner un feu vert conditionnel à l’ouverture des négociations
d’adhésion à la Turquie.

L’ensemble des grands journaux réservaient une place à la Une pour
les propos du président français. “Grand appui de Chirac”, titrait
notamment Milliyet (libéral), qui se félicite de ses “déclarations
historiques”.

“Chirac a été très net” vis-à-vis de la Turquie, indiquait pour sa
part le journal pro-européen Radikal (gauche modérée).

Les quotidiens cependant semblaient volontairement ignorer ou traiter
dans les pages intérieures les propos de M. Chirac sur le génocide
arménien de 1915.

Interrogé sur cette question extrémement sensible en Turquie, le
président français a demandé à Ankara de faire “un effort de mémoire
important”, mais sans faire de cette question un préalable pour les
négociations.

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Pas de consensus sur l’adhésion turque au sommet européen virtuel d’Istanbul (MAGAZINE)
Par Nicolas CHEVIRON

Agence France Presse
16 décembre 2004 jeudi

ISTANBUL (Turquie) 16 déc

S’il faut en croire les résultats du faux sommet européen organisé
mercredi soir à Istanbul par des étudiants de l’université de
Galatasaray, le vrai sommet de Bruxelles, qui doit décider jeudi et
vendredi de l’ouverture ou non de négociations d’adhésion avec la
Turquie est voué à l’échec.

Trois heures durant, les pseudo-dirigeants des 25 ont fait valoir les
arguments de leur pays respectifs avec une verve, une passion et
parfois une mauvaise foi dignes de leurs modèles, sans parvenir à un
consensus final sur la position à adopter vis-à-vis d’Ankara.

“Le respect insuffisant des droits de l’Homme, le risque d’une forte
émigration et des différences culturelles insurmontables sont autant
de raisons de refuser l’adhésion turque”, a plaidé l’apprentie
juriste Ozder Sari, dans le rôle difficile de l’Autriche, perçue
comme hostile aux demandes d’Ankara.

L’argumentaire a été réfuté point par point par la représentante
germanique Katharina Cihar Ozsen, qui, inspirée du ministre allemand
des Affaires étrangères Joschka Fischer, n’a pas hésité à évoquer “un
tournant dans l’histoire de l’humanité” permettant d’arrimer la
Turquie et le reste du monde musulman aux valeurs démocratiques.

Plus vrais que nature, les faux-dirigeants grec et chypriote ont
exprimé leur “profond désir” de voir la Turquie débuter les
négociations d’adhésion avec le club européen, tout en exigeant une
reconnaissance préalable par Ankara de la République de Chypre.

La Turquie refusant de reconnaître cet Etat administré par les
Chypriotes grecs tant que le conflit ayant entraîné la partition de
l’île en 1974 ne sera pas résolu, cette nouvelle condition a comme il
se doit fait sortir de ses gonds le sosie approximatif du Premier
ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

“On ne peut pas changer les règles du jeu au milieu du match. Nous
avons accompli notre devoir, c’est à votre tour de faire le vôtre”,
s’est exclamé à l’instar de l’original le “chef du gouvernement”, un
peu débraillé, Berkay Noyan.

Dans un style très chiraquien, le faux président français Mehmet
Pozam a pour sa part multiplié les allusions à l’axe fondateur
Paris-Berlin et au rôle prépondérant de la France dans l’UE avant
d’affirmer qu’une adhésion turque ne serait pas envisageable avant 10
ou 15 ans.

Le Chirac-bis a en outre évoqué la nécessité d’une reconnaissance par
Ankara du caractère génocidaire des massacres d’Arméniens perpétrés
en 1915 par l’empire ottoman, concluant son discours par une vraie
leçon de diplomatie : “nous avons vendu plein d’Airbus à la Turquie,
il faut bien leur donner quelque chose en retour”.

Interrogés lors de la pause cigarette précédant le vote d’un projet
de conclusions, les chefs d’Etat en herbe ont quitté leur rôle pour
exprimer, unanimement cette fois, leur désir de voir la Turquie
s’intégrer au club européen.

Les membres du club Euroforum 2005, consacré à l’organisation de
simulations portant sur le fonctionnement des institutions
européennes, se sont dits prêts à accomplir, le moment venu, leur
devoir dans les couloirs de Bruxelles et de Strasbourg.

“Une partie d’entre nous se destine à travailler dans
l’administration, notamment dans la diplomatie. Nous serons là au
moment de faire entrer la Turquie dans l’UE”, a expliqué le
soit-disant Hongrois Mustafa Oguz.

“Ce mélange d’arguments sincères et de manoeuvres, d’enjeux
collectifs et de considérations nationales nous passionne”, a
complété Berkay Noyan.

Les espoirs des étudiants pourraient cependant tourner court au vu de
leur propre scrutin final : l’Autriche et une Belgique quelque peu
égarée ayant voté contre, le sommet s’est conclu sur un échec et
l’examen de la candidature turque a été remis aux calendes grecques.

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Robert Badinter (PS) accuse Jacques Chirac de “capitulation”

Agence France Presse
16 décembre 2004 jeudi

PARIS 16 déc 2004

Robert Badinter, sénateur socialiste des Hauts-de-Seine et ancien
président du Conseil constitutionnel, a dénoncé jeudi “la
capitulation” de Jacques Chirac devant le chef du gouvernement turc
Recep Tayyip Erdogan.

“Tout ce qui déplaît à M. Erdogan au départ de la négociation a été
retiré.

Cela s’appelle une capitulation avant même d’entreprendre une
négociation”, a affirmé Robert Badinter sur Europe 1.

Selon lui, “tous les préalables” à l’ouverture des négociations ont
été “retirés” : “la reconnaissance de Chypre, la reconnaissance de la
tragique réalité du génocide arménien”.

Le sénateur socialiste a ajouté aussi qu’on avait évoqué “deux
possibilités, l’adhésion pure et simple ou bien un pacte
préférentiel”. “C’est complètement effacé”, a-t-il dit en jugeant
“consternants” les propos de Jacques Chirac, mercredi soir sur TF1.

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Barroso contre une solution “à mi-chemin” de l’adhésion pour la Turquie

Agence France Presse
16 décembre 2004 jeudi 12:11 PM GMT

BRUXELLES 16 déc

Le président de la Commission européenne José Manuel Durao Barroso a
appelé jeudi le sommet européen de Bruxelles à offrir à la Turquie
une perspective claire d’adhésion à l’UE et pas une solution “à
mi-chemin”.

“Notre vision pour la Turquie est claire: nous ne cherchons pas une
solution à mi-chemin. Si nous devions débuter les négociations avec
la Turquie, cela devrait être avec en tête la perspective d’une
adhésion complète”, a déclaré M. Barroso lors d’une conférence de
presse quelques heures avant la rencontre.

Il a lancé en retour un appel implicite à la Turquie pour que
celle-ci s’engage à reconnaître juridiquement la République de
Chypre, la partie grecque de l’île divisée seule à être entrée dans
l’Union européenne le 1er mai dernier.

“Chypre sera assis à la table quand les discussions sur les
négociations d’adhésion avec la Turquie vont commencer. La question
pour la Turquie, c’est quel sorte de message elle envoie si elle ne
reconnaît pas tous les membres autour de la table”, a souligné le
président de la Commission.

S’agissant de la revendication de la communauté arménienne en Europe
que la Turquie reconnaisse un “génocide” des Arméniens au début du
vingtième siècle, M. Barroso a estimé que cette question “devait
faire l’objet d’un dialogue franc, sincère, complexe” entre “nos
sociétés” et “la Turquie”.

Mais la reconnaissance par Ankara ne peut pas être incluse au dernier
moment comme un préalable à l’ouverture aux négociations, a-t-il
ajouté.

M. Barroso a beaucoup insisté sur la nécessité pour Ankara de gagner
la “bataille de l’opinion publique”.

“La Turquie a devant elle un grand défi et ce n’est pas seulement un
défi diplomatique. La Turquie a devant elle le défi de conquérir
l’esprit, le coeur des Européens, parce que la vérité est que dans
certains de nos pays, l’opinion publique est très réticente”, a
déclaré M. Barroso.

“Nous devons faire notre part” pour gagner l’opinion publique sur
cette question “mais la Turquie aussi doit faire sa part et prendre
des initiatives pour gagner le bon vouloir” des opinions européennes,
a-t-il souligné.

M. Barroso a défendu le principe de clauses dérogatoires ou de
sauvegarde dans le futur traité d’adhésion de la Turquie à l’Union
européenne, en expliquant qu’elles étaient nécessaires pour répondre
aux craintes de certains Etats membres.

Mais la recommandation de la Commission est “de ne pas trop élargir
le champ” de ces clauses dérogatoires, a-t-il souligné.

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Chirac says ‘oui, si’ to Turkey’s EU entry

EUpolitix, Belgium
Dec 16 2004

Jacques Chirac has appealed directly to France’s citizens, in a TV
plea to give Turkey the chance to begin EU entry talks.

The French president took to his country’s television screens on
Wednesday in a bid to win over strong domestic opposition to Turkish
EU membership.

Chirac insisted that – in the long term – Turkey’s place in the EU
club would benefit both France and Europe.

“Does Europe, and in particular France, have an interest in Turkey
joining? My answer is yes, if. Yes, if Turkey fills totality of the
conditions which are binding to any candidate for our union,” he
said.

And with polling showing two thirds of French voters opposed to
Turkey, Chirac warned that a ‘non’ to Ankara may have dire
consequences.

“It is obvious that, in the field of safety, stability, of peace, to
have with us [Turkey], within our doors today, is completely
positive,” he said.

“To have rejected would certainly represent a risk of instability, of
insecurity at our borders which it is necessary, without any doubt to
avoid.”

But using words unlikely to please Turkey, Chirac reminded the French
that a national referendum on Ankara’s EU membership, in ten to 20
years, could “block the totality of the negotiations”.

Chirac did not mention explicitly the issue of Armenian genocide, but
called on Turkey to make “a significant effort with its memory”.

The French opposition Socialists mirror splits in Chirac’s ruling
centre-right government with deep divisions between those backing
Turkish EU membership and others favouring a looser ‘privileged
partnership’ for Ankara.

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Barroso: Turkey needs to make EU ‘gesture’

EUpolitix, Belgium
Dec 16 2004

No new conditions should be imposed on Turkey but Ankara should
consider a “gesture” before EU entry talks begin, José Manuel Barroso
has said.

The European Commission president is opposing moves by some EU
capitals to tie Turkey’s EU membership bid with new strings.

But, ahead of a summit of Europe’s leaders, Barroso did indicate that
Ankara’s early recognition of Cyprus would be a useful “gesture”.

“Cyprus will be sitting at the negotiating table when EU membership
talks begin. So the question for Turkey is: what kind of message does
it send when you do not recognise all members sitting at the table of
the club you want to join?,” he said.

Cyprus has been divided into a Greek controlled south and a Turkish
controlled north since Turkey invaded the island in 1974.

Ankara refuses to recognise the Greek Cypriot government in the south
– a government that is an EU member.

Barroso suggests that an early move or signal from Turkey on the
Cyprus question could help overcome stiff opposition to EU membership
in some European countries.

“Turkey must win over the hearts and minds of everyone in Europe,
there are obvious problems with public opinion in some member
states,” he said.

“I think a good way of winning the battle is not to complicate
negotiations but to take the initiative to tackle reservations.”

“[Turkey] should make a gesture sooner rather than later. It must go
the extra mile.”

The Brussels chief rejects calls for Turkish recognition of the 1915
Armenian ‘genocide’ as a precondition for EU entry talks – but says
the issue should be up for debate.

“All of this is going to have to be up for discussion… but we can not
introduce new political conditions,” he said.

“Neither today or tomorrow are we going to come up with new
conditions.”

EU diplomats, and Barroso, are concerned that if Europe’s heads of
state and government demand too many conditions Turkey may walk away.

Calls from some national governments to impose permanent ‘safeguard
clauses’ restricting Ankara’s access to EU funding or the free
movement of Turkish workers are, Barroso acknowledged, “very
sensitive”.

Turkey fears that such departures from full membership could see
Ankara given a second class EU status.

But the commission president stresses that restrictions on Turkish
workers are not necessarily to be used or to be in force on a
permanent basis.

“We understand the sensitivity of the word permanent for our Turkish
friends,” he said.

“When we speak about permanent safeguard clauses it does not mean
that the safeguard clauses are permanent as such. It means that there
is the permanent availability of using safeguard clauses.”

Turkish leader Racep Tayyip Erdogan is asking EU leaders to make good
on previous pledges to treat Turkey equally.

“We have based our diplomatic understanding on honest and sincere
rules until today. We have pursued our activities within this
understanding,” he told journalists.

“We want an unconditional full membership and a negotiation process
to start without a need for second decision. We do not want a
criterion to be presented which does not exist among [previous]
political criteria.”

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Génocide arménien : Chirac met en garde Ankara si pas de travail de mémoire

Agence France Presse
17 décembre 2004 vendredi 6:15 PM GMT

BRUXELLES 17 déc 2004 — Le président français Jacques Chirac a
averti vendredi que les Français pourraient dire non à l’entrée de la
Turquie dans l’Union européenne si Ankara ne faisait pas “un travail
de mémoire” vis-à-vis du génocide arménien de 1915.

“Toute l’histoire de la construction européenne, c’est l’histoire du
dialogue, du respect de l’autre et de la reconnaissance des erreurs
que nous avons pu faire dans le passé”, a-t-il dit lors d’une
conférence de presse à l’issue du Conseil européen qui a fixé au 3
octobre 2005 l’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie à
l’UE.

“Le travail de mémoire, qui est tout-à-fait naturel aujourd’hui dans
l’esprit des Européens, doit être considéré comme un nécessité
incontournable, je dis bien incontournable”, a ajouté M. Chirac.

“Je ne doute pas un instant que si ce travail de mémoire n’avait pas
été fait (d’ici à la fin des négociations), les Français en
tiendraient le plus grand compte dans le jugement qu’ils porteraient
sur l’éventuel traité d’adhésion” qu’ils devront ratifier par
référendum, a affirmé le président français.

La France abrite une importante communauté d’origine arménienne –
évaluée à 400.000 par les associations arméniennes – qui demande que
la reconnaissance du génocide perpétré par l’empire ottoman en 1915
soit une condition à l’entrée de la Turquie dans l’UE.

Le parlement français a reconnu ce génocide qui a fait 1,5 million de
morts en 2001.

Des milliers de représentants de la communauté arménienne de l’Union
européenne ont manifesté vendredi sous la pluie à Bruxelles contre
une entrée de la Turquie dans l’UE.

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Une association arménienne dénonce la “capitulation” de l’UE face à la Turquie

Agence France Presse
17 décembre 2004 vendredi

BRUXELLES 17 déc — La Fédération euro-arménienne pour la justice et
la démocratie, qui regroupe près de 200 organisations arméniennes en
Europe, a dénoncé vendredi la “capitulation” de l’Union européenne
face à la Turquie lors du sommet qui s’est tenu à Bruxelles jeudi
et vendredi.

“Ce n’est pas une négociation, c’est une capitulation. L’Europe
politique est très sérieusement compromise”, a déclaré dans un
communiqué Laurent Leylekian, directeur de la Fédération
euro-arménienne.

“Ce résultat consternant est certes dû à l’inflexibilité d’Ankara qui
n’a rien cédé du tout, mais aussi à la faiblesse patente des
structures politiques intégrées de l’Union qui a encouragé la
démission des chefs d’Etat et de gouvernement”, selon lui.

La Fédération a organisé vendredi une manifestation ayant rassemblé à
Bruxelles 8.000 personnes d’origine arménienne selon un organisateur
et 2.300 selon la police. Elle regrette que “les questions de droits
de l’Homme –la torture persistante, l’émancipation des femmes, la
question kurde ou la reconnaissance du génocide des Arméniens–
n’aient pas même été évoquées” lors du sommet.

“Quant à Chypre, les instances européennes se satisfont des vagues
promesses émises par M. Erdogan”, estime la Fédération.

Les 25 dirigeants de l’UE ont entériné vendredi après-midi un accord
global sur les futures négociations d’adhésion avec la Turquie,
confirmant l’offre faite jeudi soir par l’UE d’engager les
négociations le 3 octobre 2005.

Dans le cadre de cet accord, Ankara accepte d’étendre à l’ensemble
des dix pays entrés dans l’Union le 1er mai dernier, dont Chypre, un
accord d’association signé en 1963 à Ankara par les Turcs et les
Européens.

Cet accord ne constitue pas une reconnaissance légale de Chypre par
Ankara mais est une “étape importante”, selon la présidence
néerlandaise de l’Union européenne.

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Devedjian “très heureux” des déclarations de Chirac sur le génocide arménien

Agence France Presse
17 décembre 2004 vendredi

QUIMPER 17 déc 2004 — Le ministre de l’Industrie Patrick Devedjian
s’est dit vendredi “très heureux” des déclarations du président
Jacques Chirac mercredi sur le génocide arménien.

“Je suis très heureux d’une chose, et surtout à titre personnel,
c’est que le président de la République ait pris position pour
demander la reconnaissance du génocide arménien par la Turquie”,
a-t-il déclaré à l’occasion d’un déplacement à Quimper.

“C’est la première fois qu’un chef d’Etat d’un grand pays, la France,
exprime une telle demande”, a ajouté M. Devedjian. “Ensuite, la
longue négociation qu’il va y avoir permettra de faire le point” sur
l’éventuelle entrée de la Turquie dans l’UE, a-t-il ajouté.

Le président Jacques Chirac a demandé mercredi sur TF1 à la Turquie
de faire un “effort de mémoire”, rappelant que la reconnaissance du
génocide arménien était “la loi” en France, sans en faire
explicitement une condition à l’adhésion de la Turquie à l’Union
européenne.

Interrogé pour savoir s’il aurait souhaité que M. Chirac fasse de
cette reconnaissance un préalable, M. Devedjian a répondu: “Je l’ai
compris comme une condition, ce n’était pas une condition à la
négociation mais c’est une condition à l’adhésion, à l’aboutissement
de la négociation”, a-t-il dit.

Les dirigeants de l’Union européenne sont tombés d’accord jeudi soir
au sommet de Bruxelles pour ouvrir des négociations d’adhésion avec
la Turquie le 3 octobre 2005.

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200 manifestants à Erevan contre l’adhésion de la Turquie à l’UE

Agence France Presse
17 décembre 2004 vendredi

EREVAN 17 déc — Plus de 200 jeunes Arméniens ont manifesté vendredi
devant la représentation de la Commission européenne à Erevan contre
l’adhésion de la Turquie à l’UE, exigeant notamment d’Ankara qu’elle
reconnaisse le génocide arménien de 1915, selon une journaliste de
l’AFP sur place.

“Non à la Turquie”, pouvait-on lire sur les pancartes des jeunes
manifestants réunis à l’appel de l’organisation de jeunesse du parti
socialiste arménien, le Dachnaktsoutioun.

Ils réclamaient également qu’Ankara rouvre sa frontière avec
l’Arménie.

“Les pays européens ne doivent pas se laissent fléchir par de fausses
réformes réalisées en Turquie et ne doivent pas intégrer dans leurs
rangs un pays ayant commis le plus grand crime contre l’humanité, le
génocide”, écrivent les organisateurs dans une lettre transmise aux
représentants européens.

“En acceptant de commencer les négociations, les pays européens
prennent sur eux la responsabilité de ce crime”, accusent-ils.

Des milliers de représentants de la communauté arménienne de l’Union
européenne ont manifesté le même jour à Bruxelles contre une entrée
de la Turquie dans l’UE, près du bâtiment où les chefs d’Etat et de
gouvernement européens sont réunis depuis jeudi pour un sommet
consacré à l’ouverture de négociations d’adhésion avec la Turquie.

Les massacres et déportations d’Arméniens sous l’Empire ottoman de
1915 à 1917 ont fait 1,5 million de morts, selon l’Arménie, et entre
250.000 et 500.000, selon la Turquie, qui rejette le terme de
génocide.

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Des milliers d’Arméniens à Bruxelles contre une adhésion turque à l’UE

Agence France Presse
17 décembre 2004 vendredi

BRUXELLES 17 déc — Des milliers de représentants de la communauté
arménienne de l’Union européenne ont manifesté vendredi sous la pluie
à Bruxelles contre une entrée de la Turquie dans l’UE, a constaté un
journaliste de l’AFP.

Les manifestants, venus notamment de France, Allemagne, Pays-Bas,
Russie et Suède, étaient rassemblés dans le parc du Cinquantenaire, à
environ 500 mètres du bâtiments où les chefs d’Etat et de
gouvernement européens sont réunis depuis jeudi pour un sommet
consacré à l’ouverture de négociations d’adhésion avec la Turquie
mais où la question arménienne ne devait pas être officiellement
abordée.

Vingt cars ont été affrétés de Paris, un avion de Grèce et un autre
de Suède, ainsi qu’un train de Marseille (sud-est de la France), a
expliqué sur place Laurent Leylekian, de la Fédération arménienne
européenne, en estimant le nombre de manifestants à 8.000. Selon la
police de Bruxelles, ils étaient 2.300.

Sur un podium, les orateurs lançaient: “Voulez-vous de cette Turquie
là dans l’Union européenne?”. “Non!”, répondaient les manifestants,
qui portaient de drapeaux rouge, bleu et orange, les couleurs de
l’Arménie.

Des élus, notamment français, comme le maire des 13e et 14e
arrondissements de Marseille, Garo Housepian, ont pris la parole pour
s’opposer à l’ouverture des négociations avec la Turquie au stade
actuel.

“Nous voulons signifier aux 25 pays européens réunis en ce moment que
les citoyens d’origine arménienne exigent que la reconnaissance du
génocide arménien par la Turquie soit une condition préalable à
l’ouverture des négociations d’adhésion”, a expliqué à l’AFP Vartan
Arzoumaniam, l’un des organisateurs de la manifestation.

Une délégation portant ces revendications a été reçue vendredi par la
présidence néerlandaise de l’Union européenne, a-t-il indiqué.

Les massacres et déportations d’Arméniens sous l’Empire ottoman de
1915 à 1917 ont fait 1,5 million de morts, selon l’Arménie, et entre
250.000 et 500.000, selon la Turquie.

Selon les associations arméniennes, il y a aujourd’hui environ un
million de personnes d’origine arménienne dans l’UE à 27 (avec la
Roumanie et la Bulgarie), dont plus de 400.000 en France.

Le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, avait
demandé lundi à la Turquie de reconnaître la “tragédie” arménienne,
avant de rejoindre l’Union européenne.

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Organisations arméniennes : “preuve que les conditions ne sont pas réunies”

Agence France Presse
17 décembre 2004 vendredi

PARIS 17 déc 2004 — Le Comité de Défense de la Cause Arménienne
(CDCA) et la FRA Dachnaktsoutioun (Parti Socialiste Arménien) ont
affirmé vendredi que le fait de repousser l’ouverture des négociations
d’adhésion de la Turquie à l’UE au 3 octobre 2005 était “la preuve
que les conditions ne sont pas réunies pour débuter ce processus”.

“Repousser l’ouverture des négociations au 3 octobre 2005 est la
preuve que les conditions ne sont pas aujourd’hui réunies pour
débuter ce processus”, ont estimé les deux organisations dans un
communiqué, tout en “prenant acte de la proposition du Conseil
européen d’ouvrir les négociations d’adhésion”.

“Si la Turquie avait accompli les efforts nécessaires au cours des
trois dernières années pour se conformer aux conditions fixées par
l’Union européenne, cette question ne se poserait pas et les
négociations s’engageraient dès janvier 2005”, a déclaré Harout
Mardirossian, président du Comité de Défense de la Cause Arménienne.

De son côté, Mourad Papazian, président de la FRA Dachnaktsoutioun
(Parti Socialiste Arménien) souligne que “le fait de ne pas garantir
que le processus débouche sur une intégration est la preuve que
l’Europe a encore des doutes sur la capacité de la Turquie à faire
les efforts nécessaires”.

Selon lui, “cette Turquie négationniste, cette Turquie qui bafoue les
droits de l’Homme, cette Turquie qui occupe illégalement un pays
européen et qui refuse de le reconnaître ne doit pas faire l’objet de
la moindre indulgence de la part du Conseil européen.”

Les deux organisations appellent à une manifestation vendredi à
Bruxelles, devant le Conseil européen.

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L’intervention du Président; Evènement 2. Union Européenne

Libération
16 décembre 2004

Oui, si : “Est-ce que l’Europe, et notamment la France, ont ou non
intérêt à ce que la Turquie les rejoigne ? Ma réponse est oui, si.”

Encore des efforts : “Négociation ne veut pas dire adhésion. La
Turquie devra faire encore des efforts considérables (…) pour
reprendre toutes les règles, les valeurs, les modes de vie qui sont
les nôtres, tant sur le plan des droits de l’homme que de l’économie
de marché.” Partenariat privilégié : “Ils n’accepteront jamais. C’est
un peuple fier qui a conscience de faire des efforts gigantesques
dans notre direction.” Génocide arménien : “Suppose un effort de
mémoire de la part de la Turquie.”

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A droite, la base turcophobe fait feu de tout bois.;
par LEBEGUE Thomas

Libération
16 décembre 2004

Maires et députés UMP ou UDF multiplient les initiatives pour
exprimer leur opposition.

Sur la page d’accueil de son site Internet, le député UMP des
Bouches-du-Rhône, Richard Mallié, a mis la photo en noir et blanc
d’un cadavre d’enfant arménien, victime du génocide perpétré par les
Turcs en 1915. “Comment la Turquie ose-t-elle encore nier l’horrible
réalité !”, clame le titre. Le reste est du même acabit. “Entrée de
la Turquie : combien ça coûte ? Vraiment très, très cher”, répond le
député, qui parle d’un chiffre de 3 à 5 milliards d’euros par an pour
les contribuables français. Pour faire bonne mesure, Richard Mallié
rappelle que cela représente la moitié du trou de la Sécu… “Face à
la position mondialiste de Jacques Chirac, je défends la voix du
peuple !”, dit le député de Gardanne. Demain, avec d’autres collègues
de l’UMP, il ira manifester à Bruxelles contre l’adhésion de la
Turquie à l’Union européenne. Une première pour des députés français.

“Héritage judéo-chrétien”. Depuis que le chef de l’Etat a refusé
d’organiser un vote sur la question au Parlement, la résistance
s’organise dans les rangs de la droite. Le député souverainiste
Philippe Pémezec (UMP, Hauts-de-Seine) a déjà réuni 90 collègues qui
disent être prêts à dire non à la Turquie. Soit un quart des députés
de la majorité. “Nous ne voulons pas voir ce genre de pays dans
l’Europe, car il ne partage pas notre héritage judéo-chrétien. Ou
alors, on va faire entrer tout le pourtour méditerranéen. Et pourquoi
pas la Russie, qui est, sur un plan culturel, beaucoup plus proche de
nous ?”, lance Pémezec, qui pointe “une divergence absolue entre la
base et Jacques Chirac”. Impuissants à l’Assemblée nationale, les
turcophobes de la majorité font feu de tout bois pour se faire
entendre. Mardi, Pémezec et ses amis ont créé une Association
nationale des élus locaux contre l’entrée de la Turquie. Ils ont
écrit à 10 000 maires, envisagent de lancer une pétition nationale et
prévoient de tenir des réunions publiques sur tout le territoire.

D’autres élus, comme Nicolas Perruchot, maire (UDF) de Blois, ont
directement consulté leur population. Le résultat est sans surprise.
Sur les 4 500 personnes qui ont répondu, 97 % s’opposent à
l’intégration de la Turquie dans l’Europe ! D’autres sondages, tout
aussi orientés, fleurissent un peu partout, notamment sur les sites
Internet des députés concernés (77 % de “non” sur celui de Richard
Mallié).

Chantage. Au final, l’entrée de la Turquie réunit contre elle une
curieuse alliance de souverainistes acharnés, comme Nicolas
Dupont-Aignan, et de centristes bon teint qui suivent François Bayrou
dans sa croisade contre l’Empire ottoman. Certains membres de l’UDF
vont jusqu’à remettre en cause leur vote en faveur de la future
Constitution européenne. C’est le cas de Jean-Bernard Thonus, adjoint
au maire de Saint-Maur, qui ne votera pas la Constitution “tant que
le problème de la Turquie ne sera pas résolu. C’est quand même un
pays où la lapidation des femmes adultères a failli entrer dans le
code pénal !”. L’information est fausse. Mais l’argument en dit long
sur ceux qui, à droite, veulent se faire les porte-parole de
“l’Europe de la rue”.

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Chirac fait passer la pilule turque; Evènement 2. Union Européenne
par QUATREMER Jean

Libération
16 décembre 2004

Alors qu’Ankara doit obtenir ce soir le feu vert pour les
négociations d’adhésion, le Président a tenté de rassurer une opinion
hostile.

Bruxelles (UE), de notre correspondant.

La Turquie va obtenir, ce soir, du Conseil européen des chefs d’Etat
et de gouvernement réuni à Bruxelles, le feu vert qu’elle attend
depuis quarante ans pour entamer des négociations d’adhésion à
l’Union. Mais quelques pays, dont la France, bataillent ferme pour
que les Vingt-Cinq ne lui donnent qu’un feu orange clignotant, afin
de montrer à leurs opinions publiques réticentes que le processus
n’est pas irréversible. Au grand dam d’Ankara, qui feint de pouvoir
tourner le dos à l’Europe (lire page 4). Les Vingt-Cinq vont donc
devoir peser leurs mots au trébuchet.

Hier, le Parlement européen a montré que la candidature turque est
massivement soutenue au sein de l’Union. Réunis en session plénière à
Strasbourg, les eurodéputés ont approuvé l’ouverture “sans délai
inutile” des négociations, par 407 voix contre 262 et 29 abstentions
(sur 732 députés). Parmi les probables tenants du non – le vote était
à bulletins secrets -, la droite française (UMP et UDF), la CDU-CSU
allemande, les conservateurs autrichiens, hongrois, polonais et
britanniques ainsi que quelques socialistes français, les
souverainistes et l’extrême droite. Cet étrange attelage n’a pas
réussi à faire passer ses amendements proposant un plan B, en
l’occurrence un “partenariat privilégié”. Pour le Parlement,
l’objectif final est une adhésion en bonne et due forme.

Pédagogie. Jacques Chirac, pourtant partisan convaincu de la cause
turque, entend batailler afin de souligner que le processus de
négociation est “ouvert” et que l’adhésion n’est pas garantie, à la
différence de ce qui s’est toujours passé. Alors qu’une majorité de
Français, ainsi que son propre parti, l’UMP, s’y opposent, le chef de
l’Etat a fait un exercice de pédagogie en faveur de l’adhésion, hier
soir sur TF1. Il a notamment trouvé une formule pour résumer sa
position, le “oui, si” : “Oui, si la Turquie remplit la totalité des
conditions qui s’imposent à tout candidat à l’Union.” Pour rassurer
l’opinion française, il a rappelé qu’elle s’exprimerait par
référendum à la fin des négociations – qui prendront, selon lui, de
dix à quinze ans. Son entourage se prévaut du soutien affiché de
l’Autriche et du Danemark et de l’appui, plus discret, des Pays-Bas
et de “quelques nouveaux Etats membres d’Europe centrale”, inquiets
de voir la Turquie s’arroger demain tous les fonds communautaires.
Reste à savoir si ses explications suffiront à calmer les opposants à
l’adhésion. D’Israël, hier, son rival, le président de l’UMP Nicolas
Sarkozy, a estimé que la position du chef de l’Etat soulève “une
difficulté incontestable avec les Français”.

Les discussions d’aujourd’hui s’annoncent délicates pour la France :
non seulement il ne faut pas froisser la Turquie, qui exige de ne pas
être traitée différemment des autres pays, mais il faut convaincre la
très grande majorité des Vingt-Cinq, qui ne comprend pas les
atermoiements français. Le chancelier Schröder refuse par exemple
qu’une alternative à l’adhésion soit mentionnée dans le texte.
D’autant que la Commission a déjà prévu une série de garde-fous : en
cas de violations “sérieuses et répétées” de la démocratie et des
droits de l’homme, le Conseil des ministres pourra suspendre les
négociations à la majorité qualifiée. De même, l’application
effective par la Turquie de “l’acquis communautaire” – les 80 000
pages de lois européennes – fera l’objet d’un rapport annuel. Même si
la Croatie, que le sommet devrait autoriser à commencer des
négociations d’adhésion en avril 2005, aura à se plier aux mêmes
contrôles, on peut comprendre l’agacement turc : aucun candidat ne
s’était jusqu’à présent vu imposer un tel traitement. Or, les dix
nouveaux membres – comme la Bulgarie et la Roumanie qui vont signer
leur traité d’adhésion début mai -, sont loin de respecter l’ensemble
des normes européennes.

Génocide arménien. En revanche, à la satisfaction d’Ankara, aucune
condition préalable ne sera posée à l’ouverture des négociations.
Paris a obtenu d’en repousser la date au second semestre 2005, pour
ne pas “polluer” le référendum français sur la Constitution
européenne. La Turquie ne sera donc pas obligée de reconnaître
formellement la République de Chypre. En revanche, elle n’échappera
pas à sa reconnaissance de facto puisqu’elle va devoir accepter que
l’Union douanière de 1995, qui la lie à l’Union, soit étendue aux dix
nouveaux membres, dont Chypre… De même, si la France, qui compte
une forte communauté arménienne, évoquera le génocide de 1915, sa
reconnaissance ne sera pas un préalable : “Cette question est hors du
champ de la négociation”, reconnaît-on à Paris. Par une courte
majorité de 332 voix contre 325, le Parlement européen a lui aussi
demandé que “la Commission européenne et le Conseil (…) exigent des
autorités turques la reconnaissance formelle de la réalité historique
du génocide des Arméniens en 1915”. Chacun estime à Bruxelles que ce
devra être chose faite d’ici à 2014, date probable de la fin des
négociations.

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Des Turcs euro-enthousiastes mais amers; Evènement 2. Union Européenne
par DURAN Ragip

Libération
16 décembre 2004

L’hostilité européenne douche l’entrain de la population, qui se
passionne pour ce débat.

Istanbul de notre correspondant

Des rives du Bosphore au fin fond des montagnes kurdes, les Turcs ne
parlent plus que de l’Union européenne. “On ne veut pas de
strapontin, mais un vrai fauteuil de velours !”, lance un commerçant
du bazar d’Istanbul. La Bourse, le Parlement, l’université, les
milieux d’affaires, les médias… tous sont suspendus à la décision
du 17 décembre. A la veille du sommet européen, les dirigeants du
pays ont haussé le ton, affirmant qu’une intégration à l’Europe ne se
ferait pas à n’importe quel prix. “La Turquie n’hésitera pas à dire
non à l’Union européenne si des conditions inacceptables lui étaient
imposées”, a martelé le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, leader
de l’AKP, parti issu du mouvement islamiste. Le ministre des Affaires
étrangères, Abdullah Gül, est revenu à la charge en disant que “la
Turquie avait accompli les efforts attendus” pour intégrer l’Europe.

“Ode à la joie”. Le débat n’a pas lieu que dans les médias, mais
aussi à l’école, à l’usine, au bureau, voire dans la rue. Les
caricaturistes s’en donnent à coeur joie. Un dessin montre un jeune
homme abordant une fille : “Tu ne veux pas coucher avec moi ? Avec
cette mentalité on ne rentrera jamais dans l’UE !” La musique la plus
diffusée sur les ondes est désormais l’Ode à la joie de Beethoven,
hymne de l’Union européenne. La très grande majorité des Turcs et en
particulier les Kurdes sont “euro-enthousiastes”. Mais beaucoup ne
cachent pas une certaine amertume. “Ils nous ont mal traités. Et
surtout la France !”, dit des Européens Cengiz Aktar, un
universitaire spécialiste des questions européennes.

Les médias, traditionnellement progouvernementaux et prudents,
insistent sur des points comme le retrait des troupes turques du nord
de Chypre, la question kurde ou le génocide arménien, mis en avant
par les Européens. Sujets sur lesquels le tabou est en train de se
lever et dont nul n’osait discuter aussi ouvertement il y a cinq ans
à peine. Mais on s’interroge aussi sur le quotidien, la possibilité
future d’aller – mais quand ? – sans visa en Europe, et sur les
limitations qui risquent d’être imposées à la libre circulation des
Turcs.

Repli. L’attitude quasi-turcophobe de certains dirigeants européens
rend le débat totalement irrationnel. Si la décision du 17 décembre
n’est pas positive, la déception risque de pousser les Turcs à un
repli identitaire, voire nationaliste. Le front antieuropéen et
souverainiste essaie d’exploiter les ressentiments. “L’Union
européenne veut diviser notre pays”, estime le très kémaliste
quotidien Cumhuriyet. “L’UE est impérialiste !”, accuse le petit
Parti communiste de Turquie. Les islamistes purs et durs ne sont pas
en reste et un de leurs chroniqueurs se demande : “Vont-ils nous
interdire les prières de vendredi et rouvrir les églises ?”

Personne cependant n’ose se prononcer catégoriquement contre
l’adhésion à l’Union européenne. Même ceux qui en appellent à
“l’honneur national”, à “nos us et coutumes” ou à “la tradition” pour
freiner la marche européenne de la Turquie.

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Candidature d’Ankara : Jacques Chirac promet aux Français qu’ils « auront le dernier mot »
YANN ROUSSEAU

Les Echos
16 décembre 2004

Jacques Chirac s’est livré hier soir à un exercice complexe
d’équilibriste. Intervenant sur TF1 avant son départ pour le Conseil
européen de Bruxelles, le chef de l’Etat, personnellement favorable à
l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, s’est employé à
convaincre l’opinion publique, très réticente, et ses propres alliés
politiques, très hostiles, de l’intérêt d’ouvrir des négociations
avec Ankara. L’enjeu est d’importance pour le président de la
République, qui n’intervient que rarement à la télévision : Jacques
Chirac redoute que l’épineuse question turque ne vienne parasiter la
campagne du référendum sur le Traité constitutionnel européen, dans
laquelle il veut pleinement s’investir l’année prochaine. Hier soir,
il s’est donc employé à dissocier les deux débats et à rassurer les
Français sur la candidature turque que les souverainistes de droite,
mais également les opposants de gauche à la Constitution, utilisent
dans leur campagne pour le « non ».

Le concept de « lien fort »

« Est-ce que l’Europe, et notamment la France, ont ou non intérêt à
ce que la Turquie la rejoigne ? Ma réponse est oui, si », a d’emblée
déclaré le chef de l’Etat. Après avoir rappelé les multiples
avantages que la France et l’Union européenne tireraient d’une
intégration de la Turquie – consolidation de la paix en Europe, «
enracinement de la démocratie et des droits de l’homme », accès à un
« énorme marché économique », renforcement du poids de l’Europe -, le
chef de l’Etat s’est empressé de rappeler que les négociations qui
seront lancées à Bruxelles ne déboucheront pas automatiquement sur
une adhésion.

La Turquie devra d’abord « remplir la totalité des conditions qui
s’imposent à tout candidat à notre union », a-t-il insisté. Elle
devra fournir « des efforts considérables » pendant les « dix ans,
quinze ans, vingt ans » de négociations pour reprendre les « 88.000
pages » de la législation européenne. A chaque phase de cette
discussion, « chaque nation conservera le droit de tout arrêter », a
encore rappelé Jacques Chirac avant d’indiquer que, « en tout état de
cause, les Français auront le dernier mot ». Comme il l’avait déjà
annoncé en octobre, le chef de l’Etat a indiqué que ces derniers
seraient consultés au terme des pourparlers par référendum sur
l’adhésion de la Turquie. Une clause a été spécialement introduite à
cet effet dans le projet de loi constitutionnelle qui sera soumis
début janvier au Conseil des ministres (lire page 16).

S’il s’est efforcé de rassurer l’opinion, le chef de l’Etat a, en
revanche, rejeté le concept de « partenariat privilégié » avec
Ankara, que sa majorité et une partie de la gauche voulaient
substituer au projet d’adhésion. « Demander à un grand pays comme la
Turquie de faire des efforts aussi considérables pour arriver à un
résultat aléatoire ou partiel, ce n’est évidemment pas raisonnable »,
a tranché le président français. En revanche, l’Elysée serait prêt à
défendre le concept de « lien fort » entre la Turquie et les
Vingt-Cinq, en cas d’échec des négociations. L’expression faisait
toujours l’objet, hier soir, d’âpres négociations entre les
différentes capitales. Pour apaiser les élus de droite et de gauche
qui s’opposent également à l’entrée d’Ankara au nom de la
non-reconnaissance du « génocide arménien » de 1915, le chef de
l’Etat a demandé à la Turquie de faire « un effort de mémoire ». Il
n’a toutefois pas fait de cette reconnaissance une condition de
l’adhésion d’Ankara.

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La Turquie en tout cas
FRANÇOISE FRESSOZ

Les Echos
16 décembre 2004

Ala veille de la décision de l’Union européenne sur l’adhésion de la
Turquie, la vigueur des arguments échangés tend à dramatiser le
débat. La somme impressionnante des raisons affichées « pour » et «
contre » fournit enfin de l’information. Elle révèle en même temps
aux opinions publiques qu’une fois de plus des orientations ont été
décidées et des engagements souscrits sans elles. Cette habitude
prise par les responsables de gérer les affaires communes à l’abri
des tribunes a permis, il faut le reconnaître, de faire avancer
l’Union. Mais c’est sans doute pour la dernière fois, car la maturité
politique acquise par l’Union l’interdit désormais. La Turquie, en
tout cas, est associée à l’Europe depuis 1963, liée à elle depuis
1995 par une union douanière, et reconnue officiellement comme pays
candidat depuis décembre 1999. La logique complexe enchaînée depuis
des dizaines d’années dans la discrétion des cabinets se trouve ainsi
soudainement mise au jour. D’où cet effet de relief.

Sur le fond du dossier, et pour faire simple, les arguments
économiques sont plutôt « pour » : accélération de nos débouchés, des
investissements directs en Turquie et de son développement, ancrage
dans l’Europe de ce nouveau marché. Et du côté du « contre », des
arguments principalement politiques, culturels et diplomatiques.
Politiques : la pondération démographique de ce grand pays dans les
instances de décision de Bruxelles, le poids de son agriculture dans
le budget communautaire, la dilution aggravée de la cohérence de
l’Union. Culturels : la compatibilité de l’islam – quoi qu’on dise –
avec le principe commun de la supériorité de la loi civile sur les
préceptes religieux et avec l’égalité des sexes (d’autant que
l’épouse et les filles du leader turc portent le voile) ; le mélange
inextricable entre les Turcs modernes, effectivement quasieuropéens,
et la masse traditionaliste encore très éloignée des valeurs
modernes. Des considérations électorales bien compréhensibles
conduisent le chef du gouvernement turc, Recep Tayyip Erdogan, à
faire, non sans talent, de l’équilibrisme entre les deux. C’est aussi
pour donner un gage au nationalisme qu’il prend le risque
diplomatique de refuser à la fois la reconnaissance du génocide
arménien et l’indépendance de Chypre. En cas de refus européen, cette
posture lui permettra de se poser en gardien de l’essentiel. En cas
d’acceptation, il pourra afficher une éclatante victoire. Avec, en
prime, les avantages d’un développement économique dont il pourra
d’ailleurs faire partager à Bruxelles l’impopularité des disciplines
qu’il implique.

Ne dramatisons pas. Le Premier ministre turc a politiquement bien
préparé ses arrières. Et puisque la coopération économique reste le
terrain le plus prometteur, il ne tient qu’à l’Europe d’en proposer
plus encore, à partir d’une association en tout cas engagée.

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Jean-Arnold de Clermont : « La loi de 1905 n’est pas taboue »; PROTESTANTS

Le Figaro
16 décembre 2004

Elie MARECHAL

Le conseil de la Fédération protestante de France, présidé par
Jean-Arnold de Clermont, a exprimé sa « perplexité devant le débat
public qui s’est ouvert au sein de la majorité concernant
l’éventuelle modification de la loi de 1905 ». Explications.

TEXTE-ARTICLE:

LE FIGARO.

Vous paraissez agacé par les diverses prises de position de la
majorité gouvernementale au sujet de la loi de 1905. Pourquoi ?

Pasteur Jean-Arnold de CLERMONT. Ces prises de position ne sont que
querelles d’hommes. Elles ne font nullement avancer le débat que nous
souhaitons sur la mise en pratique actuelle de la loi de 1905, sur la
place du religieux dans la société française, sur les droits des
associations cultuelles.

Au lieu d’un débat fécond, ce ne sont que soupçons frileux ou
affirmations de principe stériles. Or, en un siècle, la laïcité
française n’a cessé d’évoluer. J’attends donc que 2005 ne soit pas la
commémoration aveugle d’une loi taboue, mais l’occasion d’une
réflexion posée sur les religions présentes actuellement en France et
sur l’évolution ou les blocages des relations entre les Églises et
l’État.

Quels sont vos griefs précis ?

Le 9 décembre dernier, devant préfets et sous-préfets, Jean-Pierre
Raffarin m’a paru s’en prendre particulièrement à la Fédération
protestante de France et aux associations cultuelles protestantes qui
y sont affiliées : elles sont plusieurs milliers, bien plus
nombreuses que les cultuelles d’autres religions. Le premier ministre
visait « l’organisation d’activités cultuelles et le respect des
règles d’urbanisme (qui) s’impose à tous, même aux associations à
vocation cultuelle ».

Or, depuis plusieurs mois, des associations cultuelles, notamment
évangéliques, subissent des tracasseries au sujet de leurs lieux de
culte, à Bagnolet, à Saint-Denis, à Dijon… Que l’État se préoccupe
de solutions pour implanter des mosquées, soit ! et j’y suis
favorable. Mais entre les musulmans et les protestants, il semble
qu’il y ait deux poids, deux mesures.

Est-ce le complexe de la minorité qui vous fait regimber ?

Aucun complexe ! Parmi les religions présentes en France, les
protestants sont ceux qui utilisent le plus largement la loi de 1905
par leurs associations cultuelles. Nous ne menons donc pas le combat
d’une minorité. Notre attitude est nourrie de l’expérience
quotidienne et des difficultés réelles que nous rencontrons, alors
que nous sommes si attachés à la laïcité. Que justice nous soit faite
! Nous ne sommes ni des adorateurs d’une loi centenaire, ni des
complexés à la conquête de privilèges.

Vous êtes aussi président de la Conférence des Églises européennes et
vous avez écrit à Jacques Chirac pour lui exprimer votre inquiétude
sur l’éventuelle adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Quel
est votre souci ?

L’acceptation ou le refus de l’adhésion de la Turquie n’est pas de
notre ressort. Mais nous voulons souligner que cette question est
indissociable du respect des droits de l’homme et de la liberté
religieuse, de la reconnaissance du génocide arménien et d’une vraie
réconciliation entre la Turquie et ses voisins.

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Nicolas Sarkozy : « Il va falloir que j’apaise les choses »;

Le Figaro
16 décembre 2004

Pour le président de l’UMP, la position de Chirac crée une «
difficulté incontestable »

Guillaume TABARD, Judith WAINTRAUB

En marge de sa visite en Israël, Nicolas Sarkozy a estimé, hier,
avant l’intervention de Jacques Chirac, que la position du chef de
l’État sur la question turque créait une « difficulté incontestable »
vis-à-vis de l’opinion française, majoritairement hostile à
l’adhésion d’Ankara à l’Union européenne. Le président de l’UMP, qui
considère que la Turquie n’a pas sa place dans le « projet politique
européen », redoute que l’ouverture des négociations fasse monter le
non au référendum sur le traité constitutionnel de Bruxelles.

Ses craintes sont partagées par Jean-Pierre Raffarin et par certains
des dirigeants de la majorité puisque, au cours de leur petit
déjeuner hebdomadaire à Matignon mardi dernier, Philippe Douste-Blazy
et les présidents des groupes parlementaires de l’UMP, Bernard
Accoyer et Josselin de Rohan, ont évoqué le sujet dans les mêmes
termes. A cette occasion, Nicolas Sarkozy a suggéré que Jacques
Chirac fasse de la reconnaissance du génocide arménien une condition
à l’ouverture des négociations avec Ankara. Le président de l’UMP a
cru comprendre que Jean-Pierre Raffarin jugeait l’idée habile, mais
le chef de l’État, lui, n’a pas voulu la reprendre.

Hier soir, avant l’intervention présidentielle, Nicolas Sarkozy
n’avait donc plus aucune illusion sur l’éventualité d’une volte-face
de Jacques Chirac et se préparait déjà à affronter l’incompréhension
de l’écrasante majorité de l’UMP, hostile à l’adhésion turque. Le
dernier sondage sur la question, publié lundi par Le Figaro, et
réalisé par Ifop, n’indiquait-il pas que 71 % des sympathisants UMP
restaient opposés à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. «
Il va falloir que j’apaise les choses », confie-t-il.

Jusqu’au bout, certains parlementaires UMP auront tenté d’infléchir
la position de Jacques Chirac. Mardi, quatre-vingt-dix députés,
conduits par Philippe Pémezec, lançaient un appel à une «
mobilisation d’ampleur nationale » contre l’entrée de la Turquie dans
l’Union. Hier, les souverainistes Nicolas Dupont-Aignan et Jacques
Myard « imploraient » une dernière fois Jacques Chirac de proposer à
Ankara un simple « partenariat privilégié ». Député européen et
nouveau secrétaire général délégué de l’UMP, Brice Hortefeux espérait
que serait mieux prise en compte la position du groupe PPE qui s’est
rallié à la surprise générale à la position défendue par le parti
majoritaire français.

L’UMP s’est certes habituée à cette divergence avec le président de
la République qui ne pourra pas être mise sur le compte de la
rivalité Chirac-Sarkozy, puisque c’est le plus breveté des
chiraquiens, Alain Juppé, qui avait pris le premier cette position.
Dès le 7 avril 2004, il avait annoncé : « L’UMP souhaite qu’on
n’engage pas de discussion avec la Turquie à la fin de l’année »,
suggérant alors l’idée du « partenariat privilégié ». Cette ligne
avait été ensuite officiellement ratifiée lors du conseil national de
l’UMP, le 9 mai, en pleine campagne pour les élections européennes.

S’appuyant sur cette continuité avec son prédécesseur, Nicolas
Sarkozy a confié, en marge de sa visite en Israël : « En tout cas,
aucun élément nouveau ne me conduit à demander à l’UMP de changer la
position qu’elle a prise lors de son conseil national. » « Seul un
nouveau vote du conseil national pourrait modifier ce qui a été
adopté », a-t-il ajouté, en précisant que « la question turque et,
au-delà, celle des limites de l’Europe » seront abordées « d’une
façon ou d’une autre lors du prochain conseil national, à la fin
février ».

Réactions contrastées à l’UMP

Le président du groupe UMP de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer a
estimé hier soir dans un communiqué que Jacques Chirac avait «
défendu une vision ambitieuse pour la France et l’Union européenne
dans un monde désormais multipolaire », lors de son interview sur TF
1. Jugeant que le chef de l’Etat avait « expliqué avec beaucoup de
clarté et de pédagogie les enjeux majeurs du sommet européen de
Bruxelles », M. Accoyer a « salué la volonté de Jacques Chirac de
donner à chaque Français par la voie référendaire la responsabilité
de décider eux-mêmes de l’avenir de l’UE ».

En revanche, le président de Debout la République, Nicolas
Dupont-Aignan, a appelé mercredi à « voter non à la Constitution
européenne », estimant que Jacques Chirac « a voulu endormir les
Français », lors de son interview sur TF 1, « en se faisant l’avocat
de l’entrée de la Turquie dans l’UE ». « Sa promesse de référendum ne
trompera personne, a ajouté le député UMP de l’Essonne dans un
communiqué. Pour éviter une telle faute historique pour la France et
pour l’Europe, il n’y a désormais qu’une seule solution : voter non à
la Constitution européenne. »

Très prudent, le secrétaire national aux questions européennes, Alain
Lamassoure, a souligné que « le président de la République a rappelé
sa position constamment affirmée en l’assortissant de plusieurs
conditions ». « Le Conseil européen ne doit pas seulement prendre en
compte les demandes turques, mais aussi les réserves croissantes qui
s’expriment au sein des opinions publiques de beaucoup d’Etats »
européens. « Le cycle de négociation qui va s’ouvrir ne doit pas se
clore sur une solution qui ne serait pas acceptée et voulue par le
peuple français. C’est la garantie qu’apportera un référendum sur
l’élargissement de l’Union que le président de la République a, à
juste titre, annoncé et proposé. »

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Incompréhension chez les Turcs de France;

Le Figaro
16 décembre 2004

Leur communauté représente quelque 350 000 personnes

Cécilia GABIZON

Les enfants d’immigrés turcs en France se disent atteints par les
oppositions à l’adhésion d’Ankara à l’Union. « Je suis choquée », dit
Ozlem Yildirim, présidente de l’association étudiante franco-turque.
En maîtrise de communication, « totalement française et absolument
turque », cette jeune femme enrage contre un traitement médiatique
qu’elle juge « malhonnête » et qui, selon elle, conditionnerait
l’opinion publique. « Les reportages ne montrent que des villages
arriérés d’Anatolie, alors qu’Istanbul est une ville moderne et que
le pays est à 70 % urbain. »

En Alsace, où vit une grande partie des quelque 350 000 Turcs de
France, comme en Ile-de-France ou dans la région Rhône-Alpes, le
débat sur l’adhésion de la Turquie met leur fibre patriotique à
l’épreuve. Pour les jeunes, qui représentent près de la moitié de
cette communauté constituée par vagues successives d’immigration
depuis la fin des années 70, la Turquie reste une référence très
présente. Bien qu’ils n’aient pas chanté l’hymne national le matin en
classe comme leurs parents, ils ont reçu en héritage une langue et
une culture. Sans que « cela ne pose de conflit d’identité », dit
Nour, 19 ans. La plupart trouvent donc naturel que la Turquie, qu’ils
pensent incarner, trouve sa place dans l’Europe.

Une posture souvent plus émotionnelle que rationnelle. Certains font
d’ailleurs remarquer, comme Muhammat-Ali Soylu, architecte, que la
Turquie va beaucoup perdre en rejoignant l’Union. « Mais le pays a un
vrai désir d’Europe. » La phrase revient dans toutes les bouches, et
chacun de conter comment le pays s’est bâti en référence à la France,
en regardant vers l’Ouest. « Nous nous sentons européens. Nous avons
bâti nos lois sur le modèle des Lumières », dit Murat Erdeniz,
documentaliste turc installé en France.

Toutes les conditions fixées par Bruxelles, dont la reconnaissance du
génocide arménien, leur paraissent fondées mais circonstancielles. «
Ce n’est pas à l’Europe de nous imposer ça. C’est un travail interne
que les historiens des deux bords doivent mener », affirme Ozgur. «
En réalité, observe Gaye Petek, présidente de l’association
culturelle Elélé, la Turquie sert de révélateur, montrant les
réticences des Français à l’extension de l’Europe et leurs
interrogations sur la place de l’islam. »

La génération des parents paraît d’ailleurs convaincue que les
affaires de foulards impliquant des Turcs en France ont « donné une
mauvaise image du pays ». Depuis vingt-trois ans dans la confection à
Paris, Habip Dazuhan, 58 ans, regrette le comportement de certains
compatriotes qui « obligent leurs femmes et leurs filles à se couvrir
la tête ici ». Kurde de Turquie, Selena Koc croit d’ailleurs deviner
chez les Français « la peur d’une déferlante d’immigrés ». Une
crainte partagée discrètement par certains Turcs qui craignent de
perdre leur emploi.

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Comment le chef de l’Etat a dû consentir des infléchissements;

Le Figaro
16 décembre 2004

Comment le chef de l’Etat a dû consentir des infléchissements;
Il a renoncé à l’idée du « partenariat privilégié » lancée par Alain
Juppé

Pierre ROUSSELIN

Favorable depuis toujours à la candidature turque, Jacques Chirac a
été contraint d’infléchir sa position sur la scène européenne sous la
pression des réticences dans son propre camp.

Sur le fond, il n’a pas changé d’avis, mais c’est, dans l’histoire de
la Ve République, l’un des rares cas où un chef de l’Etat a dû, sous
la pression conjuguée de sa majorité et de l’opinion publique,
modifier son attitude sur une question de politique étrangère
relevant de « son domaine réservé ».

Le président de la République est toujours aussi persuadé que la
Turquie a « toute sa place en Europe », formule qu’il avait adoptée
dès le départ pour signifier que rien ne devait a priori s’opposer à
une candidature d’Ankara. L’argument qui l’emporte reste d’ordre
géopolitique : pour éviter un « choc des civilisations », l’Europe a
intérêt à avoir la Turquie avec elle. Cela est jugé nécessaire pour
stabiliser les marches orientales de notre continent et apaiser nos
relations avec le monde musulman.

Dans l’opinion, le message a eu le plus grand mal à passer. La prise
de position de Valéry Giscard d’Estaing, à la fin 2002, affirmant
qu’un élargissement à la Turquie serait « la fin de l’Union
européenne », a creusé un scepticisme déjà existant. Aujourd’hui,
l’UDF et l’UMP ont rejoint les souverainistes dans leur opposition à
la Turquie. Et c’est, paradoxalement, la gauche avec le PC et les
Verts ouvertement en faveur de la Turquie, et le PS divisé qui est la
plus en phase avec la position du chef de l’Etat.

La proximité du référendum sur la Constitution européenne explique,
en partie, l’inquiétude de la classe politique. Pour éviter que le
débat sur la Turquie n’apporte de l’eau au moulin des partisans du «
non » à la Constitution, Jacques Chirac a promis qu’une autre
consultation populaire aurait lieu à la fin du processus de
négociation, dans dix à quinze ans. Ainsi, les Français pourront-ils,
s’ils le veulent, voter « oui » à la Constitution européenne et « non
» à l’adhésion turque.

Un autre geste a été fait avec la prise en compte du vote de
l’Assemblée nationale, en 2001, exigeant d’Ankara une «
reconnaissance publique » du génocide arménien de 1915. Initialement,
l’Elysée s’était distancié de ce texte qui avait ouvert une crise
avec Ankara. Aujourd’hui, Paris insiste pour que la Turquie effectue
son « devoir de mémoire ». Ce ne peut être un préalable, mais cette
question, plus sensible en France qu’ailleurs, compte tenu de
l’importance de la diaspora arménienne, pèsera lourd lors du
référendum qui sera organisé dans notre pays.

Enfin, toujours pour répondre aux réticences de l’opinion, Jacques
Chirac a repris l’idée d’une « troisième voie », celle d’une
alternative possible au cas où les négociations n’aboutiraient pas.
Il n’a pas t retenu l’idée d’un « partenariat privilégié », option
rejetée par le chancelier allemand Gerhardt Schröder qui ne veut pas
céder à son opposition de droite mais la France a adopté la formule
très vague d’un « lien fort » à maintenir quoi qu’il arrive avec la
Turquie. Très isolé sur cette question, il est douteux que le
président de la République obtienne à Bruxelles que l’hypothèse d’un
échec des négociations soit explicitement mentionnée.

A l’Elysée, on relève que le sondage publié lundi par Le Figaro
montre que, si les Français sont à 67 % opposés à l’adhésion de la
Turquie, ils sont majoritairement favorables à l’ouverture des
négociations. Jacques Chirac a rappelé que les Français auront le «
dernier mot » par voie de référendum. D’ici-là, les pourparlers
pourront, à tout moment, être interrompus, comme ils l’avaient été
avec la Grande-Bretagne par le général de Gaulle, dans les années 60.

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Turquie : le « oui, si » de Jacques Chirac;

Le Figaro
16 décembre 2004

CONSEIL EUROPÉEN Le président a réaffirmé sa position favorable à
l’adhésion, tout en insistant sur le fait que les Français auront «
le dernier mot »

Anne FULDA

Il fallait à tout prix parler. User de pédagogie pour expliquer
pourquoi la France, malgré une opinion publique majoritairement
hostile, va se prononcer aujourd’hui, lors du Conseil européen de
Bruxelles, en faveur de l’ouverture de négociations d’adhésion avec
la Turquie. Hier, sur TF 1, dans une interview de 19 minutes
enregistrée en fin de matinée à l’Elysée, le chef de l’Etat s’est
donc efforcé de rassurer les Français, sans pour autant changer de
cap sur le fond. Interviewé par Patrick Poivre d’Arvor, Jacques
Chirac a exposé les raisons pour lesquelles la France et l’Europe
doivent oeuvrer pour l’intégration de ce pays qui a toujours été « à
la recherche d’un choix entre l’Asie et l’Europe » et qui devrait
pour notre intérêt « pencher vers l’Europe ».

Après le fameux « oui mais » de Valéry Giscard d’Estaing et, plus
récemment, le « non sauf si » exprimé par Laurent Fabius, Jacques
Chirac a plaidé, lui, pour un « oui si ». « Est-ce que l’Europe et
notamment la France ont ou non intérêt à ce que la Turquie les
rejoigne ? Ma réponse est « oui si ». Oui, si la Turquie remplit la
totalité des conditions qui s’imposent à tout candidat à notre Union
», a-t-il indiqué en citant notamment les progrès à « consolider » en
matière de démocratie, de droits de l’homme, de liberté religieuse ou
d’égalité hommes-femmes.

Estimant que la France et l’Europe avaient « intérêt » à voir la
Turquie intégrée à l’Europe, le président a poursuivi : « Il est
évident que, sur le plan de la sécurité, de la stabilité, de la paix,
avoir avec nous ce grand ensemble, à nos portes aujourd’hui, est tout
à fait positif. L’avoir rejeté représenterait certainement un risque
d’instabilité, d’insécurité à nos frontières (…) ».

Afin de rassurer des Français inquiets face à cette perspective
d’entrée d’Ankara, le chef de l’Etat a déclaré que « négociation,
cela ne veut pas dire adhésion. Cela veut dire que la Turquie devra
encore faire des efforts considérables, qui vont durer dix, quinze,
vingt ans ». Il a également beaucoup insisté sur le fait que les
négociations se déroulent « d’Etat à Etat » et a indiqué que chaque
pays, y compris la France, a le droit de « tout arrêter », de «
décider que ça ne marche pas et bloquer la totalité des négociations
».

Le président de la République a surtout rappelé à deux reprises «
que, en toute hypothèse (…), les Français gardent le dernier mot
dans cette affaire », puisqu’ils seront consultés par référendum au
terme des négociations, à l’horizon d’une quinzaine d’années. Il a
également affirmé que la reconnaissance du génocide arménien « c’est
la loi » en France (depuis le vote d’un texte en janvier 2001) et,
sans en faire explicitement une condition d’adhésion, il a demandé à
la Turquie de faire « un travail de mémoire ».

Le chef de l’Etat a par ailleurs refusé fermement l’hypothèse d’un «
partenariat privilégié », pourtant souhaitée par Alain Juppé, puis
Nicolas Sarkozy, au nom de l’UMP. « Demander à un pays comme la
Turquie, un grand pays riche d’une longue histoire, de faire des
efforts aussi considérables pour arriver à un résultat aléatoire ou
partiel, ce n’est évidemment pas raisonnable. » Il a également réfuté
l’argument religieux utilisé par certains pour refuser l’entrée de la
Turquie : « Nous avons tout à y perdre, à commencer par la dignité. »

Enfin, soucieux de ne pas lier la question turque à la ratification
de la Constitution européenne, le président de la République n’a
donné aucune indication sur la date à laquelle aurait lieu le
référendum sur le traité de Bruxelles. Souhaitant que les Français
répondent oui au référendum sur le traité constitutionnel, Jacques
Chirac a cependant émis le désir que cette « réponse importante à une
question importante » ne soit pas « assumée dans un contexte
politique avec des préoccupations qui n’ont rien à voir ».

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Le message de fermeté du Parlement européen;

Le Figaro
16 décembre 2004

Le vote favorable aux négociations s’accompagne de conditions

Pierre AVRIL

Le plébiscite parlementaire en faveur du « oui » à Ankara ne s’est
pas réalisé. Hier, à Strasbourg, les députés européens se sont
contentés d’adopter, à une confortable majorité, une résolution
favorable à une ouverture des négociations d’adhésion avec la
Turquie, sans « report inutile ». 59 % d’entre eux ont adopté le
rapport d’un conservateur néerlandais préconisant une telle
alternative, tout en l’assortissant de conditions restrictives.

« Il s’agit d’un résultat très clair », s’est félicité le président
socialiste du Parlement, Josep Borrel. « Ce n’est pas extraordinaire
», a répliqué le centriste Jean-Louis Bourlanges, opposé à l’adhésion
d’Ankara, « surtout lorsqu’on connaît l’obsession multiculturaliste
de ce Parlement ». Ce résultat positif sera transmis demain pour
information au Conseil européen, sans qu’il ait une quelconque valeur
juridique. Il s’agit d’un simple « appui » politique apporté aux
chefs d’Etat, a précisé Josep Borrel.

Du côté des socialistes à l’exception des Français qui avaient déjà
rejeté la Constitution , cette issue ne faisait guère de doute. Avec
le soutien des libéraux de l’ADLE, des Verts et de l’extrême gauche,
le PSE a rejeté, à 62 % l’hypothèse d’un « partenariat privilégié »
avec la Turquie, soutenue par plusieurs conservateurs (PPE) et les
centristes français de l’ADLE. « Le plan B été rejeté », s’est réjoui
Josep Borrel. L’adoption ou non de cette voie alternative à
l’adhésion représentait en effet le véritable enjeu de ce scrutin.

Afin d’empêcher l’expression de votes purement légitimistes et
nationaux, 172 députés du PPE (français, allemands, autrichiens,
hongrois, polonais), emmenés par l’UMP Jacques Toubon, ont demandé
l’organisation d’un vote secret. Cette initiative a aussitôt provoqué
la colère des libéraux, des Verts et des socialistes. « Dans l’esprit
des conservateurs, une décision aussi fondamentale ne doit pas être
prise de manière ouverte et transparente », a ironisé le président du
groupe PSE, Martin Schultz. Finalement la « manoeuvre » aura échoué.

Les 262 députés hostiles à l’ouverture de négociations d’adhésion
(sur un total de 732), ont dû se contenter d’amendements visant à
exercer davantage de pression sur Ankara. L’un stipule que le feu
vert parlementaire « implique la reconnaissance de Chypre par la
Turquie », une condition rejetée par le premier ministre Erdogan. Un
autre invite le gouvernement « à prendre davantage de mesures actives
en vue d’édifier une réconciliation avec les organisations kurdes qui
choisiraient d’abandonner le recours aux armes ». Le plus
significatif, déposé par l’UMP Jacques Toubon, « exige des autorités
turques la reconnaissance du génocide arménien ». Un geste qu’Ankara
n’est pas davantage disposé à accomplir.

Lors de l’examen du texte en commission parlementaire, cet
amendement, que même Paris ne serait pas prêt à soutenir, avait été
rejeté. Le fait qu’il ait été soutenu hier à une très courte majorité
montre que les eurodéputés ont choisi, au dernier moment, d’adresser
un message de fermeté à Ankara.

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Entretien – Europe; Levent Yilmaz: Un Turc éclairé
par Claude Arnaud

Le Point
16 décembre 2004

Ce jeune intellectuel turc vient de publier «Le temps moderne»
(Gallimard). Un essai revigorant qui fête la victoire des Lumières
sur l’obscurantisme. L’occasion de revisiter avec lui quelques
siècles d’Histoire et de réajuster notre vision – parfois sommaire –
de la Turquie à l’heure où le débat fait rage au sujet de son
éventuelle entrée dans l’Union européenne.

C’est peut-être un des handicaps secrets de la Turquie, au moment où
se joue son droit d’entrée dans l’Europe: elle est pour nous sans
visage, sinon celui de son Premier ministre Erdogan, issu de la
mouvance islamiste. Le Turc, dans l’inconscient collectif, reste une
tête inquiétante rayée par une moustache massive, une figure rustique
à l’agressivité séculaire – aux antipodes du peuple en plein essor
qui frappe pacifiquement à la porte de l’Europe, assure Levent
Yilmaz. Lui reflète assez bien le dynamisme de la nouvelle Turquie:
simple, chaleureux, accessible, il témoigne, à 35 ans, d’un activisme
intercontinental et d’une ouverture d’esprit enviables. La
publication d’un recueil de poèmes à 22 ans, puis la traduction en
turc de poètes aussi exigeants qu’Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet
ou Louis-René des Forêts ne l’ont pas empêché de proposer aux
éditions Yapi Kredi les aventures de Harry Potter, qui partirent à
750 000 exemplaires. Il peut publier à Ankara les trois volumes de
«Capitalisme, économie et société», de Fernand Braudel, mais aussi
préfacer la traduction du «Gilles et Jeanne» de Michel Tournier, ou
superviser la traduction anglaise d’un choix de ses poèmes, «Saturn»
(à paraître chez The Sheep Meadow Press, New York). Aujourd’hui,
c’est un ouvrage exhaustif qu’il signe sur la victoire de la
modernité en Europe, à partir de cette querelle des Anciens et des
Modernes qui a tant contribué à notre destin, en nous faisant
valoriser l’avenir, et plus seulement le passé.

Il était tentant de demander à cet intellectuel vivant entre la
France, l’Italie et la Turquie d’appliquer à son pays le traitement –
fouillé, intelligent et panoptique – qu’il vient de réserver au
nôtre.

Le Point: La Turquie est-elle prête à entrer dans l’Europe ?

Levent Yilmaz: Oui. La croissance due aux premiers accords douaniers
avec l’Union, le démantèlement juridique de l’héritage du
totalitarisme kémaliste, les réformes en faveur des femmes des Codes
civil et pénal, l’abolition de la peine de mort, enfin
l’aggiornamento de Recep Tayyip Erdogan qui n’a laissé, en quittant
le parti de son parrain islamiste, Erbakan, que 3 % des voix à ce
dernier, ont engendré en Turquie une étonnante dynamique
démocratique: et, à rebours de ce qui s’est passé au Portugal, en
Grèce ou récemment en Pologne, l’écrasante majorité de la population
y souhaite l’Europe. Consciente de pouvoir apporter sa force de
travail, sa jeunesse et son armée aux Vingt-Cinq, elle attend d’eux
en retour développement, libéralisation et prospérité. Le vieux
projet de paix perpétuelle issu des Lumières, paradoxalement,
pourrait bien trouver là-bas ses rêveurs les plus actifs.

Votre essai le montre: l’idée de modernité s’est imposée ici quand
écrivains et savants cessèrent, sous Louis XIV, de tenir la
littérature antique, la Bible révélée et le système astronomique de
Ptolémée pour des oeuvres indépassables. Quand a-t-elle émergé en
Turquie ?

Dès 1830. Devant la montée en puissance de l’Europe, l’Empire ottoman
cherche alors à importer les recettes de la révolution industrielle,
qui aboutiront à la construction du chemin de fer Berlin-Bagdad.
Avide de technologies susceptibles de l’aider à «tenir» un Empire
comportant encore une bonne part de l’Europe orientale, l’armée est
déjà au centre de ce processus d’adaptation, certes plus contraint
que spontané, mais qui va marquer les élites. Dès 1850, en effet, le
mouvement s’étend à l’intelligentsia, qui traduit Voltaire et
Montesquieu, puis diffuse les Lumières et les idées de la Révolution.
Jusque-là influencée par la poésie persane, la littérature se donne
pour modèle le grand roman européen ; le monde arabe n’avait jamais
été, pour les Ottomans, qu’une région parmi d’autres, plutôt facile à
contrôler: en prenant après 1918 son indépendance, il sortit des
préoccupations de la jeune république.

Atatürk accentua ce tournant, j’imagine ?

Bien sûr. En imposant le dimanche comme jour férié, puis en donnant
en 1934 aux femmes le droit de voter et d’être éligibles, il
contribua à la modernisation. Mais il abolit aussi l’alphabet arabe
pour le remplacer par le latin, tout en «épurant» le turc de ses mots
persans, arabes et grecs, en sorte qu’un roman imprimé à la fin du
XIXe siècle devint à double titre illisible aux nouvelles
générations. La vieille culture d’origine persane qui rattachait à
l’ensemble moyen-oriental les peuples de la Sublime Porte laissa
entièrement la place, en moins d’un demi-siècle, à une culture
d’inspiration européenne. La littérature passée continua d’être lue –
quand elle avait été «traduite» dans la langue nouvelle -, mais sans
provoquer de nostalgie. La Turquie cessa dès lors de se situer
culturellement en Orient.

La laïcité radicale imposée par Atatürk ne rencontra pas que des
opposants, j’imagine ?

Non. La présence d’orthodoxes et de juifs sur le territoire turc,
comme l’extraordinaire diversité ethnique de la population, avait
déjà suscité cette sorte de relativisme qui s’exprime ouvertement
aujourd’hui: le mouvement nationaliste des Jeunes-Turcs comportait
d’ailleurs de nombreux juifs. Chaque Turc trouvant un chrétien, un
Bulgare ou un Arménien dans son arbre généalogique, c’est aujourd’hui
un pays laïque, quoique originairement musulman, qui veut rejoindre
l’Europe – comme la France est un pays laïque, quoique
incontestablement chrétien d’extraction ; les islamistes radicaux,
les kémalistes intégristes et les militaires soucieux de préserver
leur pouvoir sont moins nombreux, proportionnellement, que l’addition
des nostalgiques et des radicaux qui rejettent ici l’Europe. Istanbul
connaît certes des femmes voilées à l’iranienne, et l’Anatolie ses
épouses battues, mais l’ex-Constantinople a aussi son festival du
film gay et lesbien. Tout comme à Paris, on trouve de tout dans
l’ancienne capitale des empereurs romains d’Orient: l’idole de la
chanson turque, Zeki Muren, était un homme vivant et chantant en
femme, au su de tous.

La Turquie se serait encore plus nettement défaite de son passé que
nous ?

Sans doute. Beaucoup de Français gardent des nostalgies
souverainistes ; aucun Turc, à l’inverse, n’est tenté de regretter
l’Etat totalitaire ou les groupes armés qui le combattirent: les
nouvelles générations – 70 % de la population a moins de 35 ans –
sont si profondément impliquées dans le présent qu’elles ont déjà
oublié ce qu’elles vivaient voilà encore cinq ans. Et beaucoup
ignorent tout des crimes impunis du passé.

Précisément: un article du Code prévoit toujours de lourdes sanctions
contre quiconque évoque le génocide arménien de 1915-1916.

Non, ce n’est pas vrai ; le Code ne cite pas spécifiquement cet
événement, ni aucun autre d’ailleurs ; il parle de blasphème contre
l’intégrité et l’unité de la République – et un juge peut interpréter
de moult manières cet article.

Il y a tout de même eu un négationnisme à ce propos ?

Il n’y a même eu que cela pendant longtemps ; mais, pour vous dire
franchement, des historiens ont utilisé le terme génocide, dans des
articles de presse – c’est mon cas – ou dans des travaux
scientifiques – je pense notamment à Taner Akçam -, et ils n’ont pas
été condamnés. On vient de publier ainsi un livre du grand
spécialiste arménien Vahakn Dadrian, qui n’a été ni interdit ni même
censuré. Mais on peut dire effectivement que le génocide arménien
constitue le dernier grand tabou national, et il doit être
publiquement débattu en Turquie, ce qui commence à se faire. Recep
Tayyip Erdogan et bien d’autres ont fait savoir que c’était un sujet
à résoudre par les historiens. Or le problème vient essentiellement
du fait que le terme juridique a été inventé en 1948 pour le génocide
des juifs. Le grand débat est là: peut-on comparer ces événements, ou
non ?

On a certes vénéré en Anatolie Jupiter, puis Diane, pendant plus d’un
millénaire, le Christ pendant onze siècles, mais Allah est bien
depuis six cents ans la référence unique ?

Oui, mais il y a plusieurs façons de lui rendre grâce. Les alevis –
près de 30 % de la population – pratiquent un islam doux, où le Coran
n’a pas le même statut que chez les sunnites et où les femmes sont
des égales. Grâce aux hussards de la République kémaliste, en outre,
la grande majorité du pays est alphabétisée et peut lire une presse
inspirée, depuis peu, de l’Angleterre – les tirages des romanciers
turcs feraient d’ailleurs pâlir les écrivains français. Enfin je
rappelle que la Turquie n’est pas un pays arabe (et il n’y aurait
aucun mal si elle l’était), et que Byzance a été pendant dix siècles
le coeur de l’Europe: on y a parlé grec jusqu’à sa conquête par
Mehmet II en 1453, français dans toutes les bonnes maisons, et on se
fait à peu près partout comprendre avec l’anglais aujourd’hui en
Turquie. 70 % des Turcs vivaient de l’agriculture il y a encore
trente ans, ils ne sont plus qu’un tiers. Le réveil démocratique est
si profond que je prends le pari qu’il se poursuivrait quand bien
même l’Europe nous fermerait ses portes.

Les résistances sont nombreuses ici, moins économiques que
culturelles, pour une fois: chacun s’accorde à voir dans le marché
turc un eldorado. Que pensez-vous de l’opinion de Peter Sloterdijk,
le philosophe allemand, pour qui la Turquie n’a pas renié ses rêves
impérialistes ?

Certes, le turc est parlé des confins bulgares aux républiques
musulmanes chinoises, en passant par le Turkestan ou le Kirghizistan,
mais le rêve d’une pan-Turquie, caressé par certains lors de
l’écroulement de l’URSS, a fait long feu. Et le conflit irakien,
depuis, n’a fait qu’encourager un peu plus les Turcs à tourner le dos
à l’Orient pour regarder vers Berlin et Paris, comme ils le faisaient
à la fin du XIXe siècle, quand Guillaume II et Abdulhamid
s’allièrent. Donc, à M. Sloterdijk de chercher d’autres arguments?

Pourquoi, en fin de compte, la modernité a-t-elle éclos ici et non
là-bas ?

Ah, j’ai rédigé tout un livre pour répondre à cette question! Il n’y
a pas de réponse simple: la modernité n’était nullement prévisible en
Occident. Pour faire vite, on pourrait dire que la fusion de
l’héritage gréco-latin et de l’apport judéo-chrétien a permis, quand
le premier fut redécouvert au XIII-XIVe siècle, de relativiser les
systèmes de référence rigides. Le rêve de la Renaissance était de
retrouver dans le futur une nouvelle gloire, celle d’une Rome habitée
par les chrétiens, unis au Ciel par la grâce intérieure. On entrevoit
là, bien que de façon assez floue, une possibilité pour une future
liberté moderne opposée à celle des Anciens. Née d’une greffe
musulmane sur un fond byzantin, la Turquie héritait, elle, de
traditions plus absolutistes: le Christ Pantokrator qui règne sur le
monde orthodoxe est à peine moins omniscient qu’Allah, dont le
Prophète ne sut pas tempérer les pouvoirs en demandant de rendre à
César ce qui est à César, comme le font les chrétiens d’Occident. En
Occident, dès le XIVe siècle, il se passe quelque chose comme un
revirement temporel. Pétrarque, qui ouvre les temps modernes dans son
«Secretum», ose consciemment prononcer ces mots: «Je ne cherche pas à
devenir Dieu pour jouir de l’éternité et embrasser le ciel et la
terre. La gloire humaine me suffit tout à fait. C’est elle que je
cherche. Etant mortel, je ne désire que des choses mortelles

Levent Yilmaz, «Le temps moderne. Variations sur les Anciens et les
contemporains», Gallimard, 277 pages, 19,50 e.

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La bataille de Turquie
par Alain Franco, Olivier Weber, Marc Nexon

Le Point
16 décembre 2004

L’ouverture de négociations pour l’adhésion de la Turquie à l’Union
européenne donne lieu à une empoignade historique. Questions sur un
enjeu crucia

Le trouble est réel. Le sommet européen du vendredi 17 décembre à
Bruxelles devrait, sauf énorme surprise, approuver l’ouverture de
négociations sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Une
décision soutenue par Jacques Chirac et prise de concert avec ses
vingt-quatre homologues. Mais ce choix, Jacques Chirac l’assume, en
France, seul contre tous. Contre sa majorité, largement hostile à
l’initiative. Contre une partie de la gauche. Et contre les Français,
opposés à 67 % à l’entrée de la Turquie dans l’Europe, selon le tout
dernier sondage Ifop/Le Figaro.

«C’est une conviction personnelle. Il y a toujours été favorable»,
justifie-t-on dans l’entourage du chef de l’Etat. Une conviction
fondée sur la nécessité de préserver un pays de 70 millions
d’habitants de l’islam radical. Pourquoi pas? Mais les parlementaires
français, eux, s’étranglent. Et redoutent qu’un tel feu vert ne
débouche sur une adhésion automatique à l’horizon 2015. «Faux»,
répond-on à l’Elysée. Le peuple aura le dernier mot à la faveur d’un
référendum. A l’image de celui organisé en 1972 par Georges Pompidou
au sujet de l’entrée de la Grande-Bretagne. Sauf qu’un non à la
Turquie après dix ans de négociations ouvrirait une crise majeure
avec ce pays.

L’Union européenne, aussi, cache mal son embarras. Face aux opinions
réticentes, elle donne des gages. Elle promet de veiller à la stricte
application des réformes votées par la Turquie. Elle entend également
contraindre Ankara à reconnaître l’existence de Chypre, fraîchement
arrivée dans l’Union. «Il serait inconcevable qu’un postulant ne
reconnaisse pas l’un des vingt-cinq Etats membres !» s’emporte un
diplomate français. Chypre, dont un tiers du territoire est occupé
depuis 1974 par les troupes turques, réclame une «normalisation» de
ses relations avec son voisin au plus vite. Sous la pression, la
Turquie s’apprêterait à faire un geste. De leur côté, les Grecs ne
semblent pas vouloir faire de Chypre un casus belli.

La Turquie a-t-elle vocation à intégrer l’Union européenne ?

C’est la question qui divise. Car la géographie n’apporte aucune
réponse tranchée. Autant l’Europe discerne assez bien ses frontières
au sud (d’où le rejet de la candidature du Maroc en 1987), autant
celles-ci lui apparaissent brouillées à l’est. Les opposants à
l’adhésion font du détroit du Bosphore la frontière naturelle du
continent européen. A leurs yeux, l’immense majorité du territoire
turc appartient à l’Asie. Intégrer la Turquie obligerait, en outre, à
accueillir un jour, disent-ils, la Géorgie, l’Ukraine ou la
Biélorussie. Mais aussi à se découvrir des voisins turbulents comme
l’Irak, l’Iran ou la Syrie.

Les partisans de l’adhésion refusent la démarcation du Bosphore. Et
pointent une contradiction. Chypre, nouvel Etat membre de l’Union, se
situe bien plus à l’est qu’Istanbul.En revanche, les liens
historiques plaident davantage pour l’intégration. Car les premiers
pas de danse entre la Turquie et l’Europe sont anciens. Ils remontent
à la signature d’un accord d’association en 1963, date à laquelle de
Gaulle avait évoqué «la vocation européenne de la Turquie». Depuis,
les gestes de rapprochement n’ont jamais cessé. 1987: acte de
candidature turque à l’Europe. 1995: accord d’union douanière. 1999:
le pas décisif. Le conseil européen d’Helsinki voit dans la Turquie
un «Etat candidat qui a vocation à rejoindre l’Union».

L’islam est-il un frein à la candidature de la Turquie ?

Jusqu’à présent, tous les pays de l’Union européenne sont de culture
chrétienne. L’adhésion de la Turquie changerait cette réalité. Les
dirigeants turcs mettent en avant le principe de laïcité imposé au
pays par Kemal Atatürk à la fin de la Première Guerre mondiale. Une
réalité inscrite dans la Constitution. Et farouchement défendue par
l’armée, auteur de trois coups d’Etat militaires depuis 1960. Une
laïcité poussée très loin (interdiction du foulard à l’université,
absence d’éducation religieuse obligatoire). Avec, à la clé, des
acquis historiques: droit au divorce depuis 1923, droit de vote des
femmes depuis 1934 et droit à l’avortement depuis 1987. «Le parti au
pouvoir a beau être religieux, nos institutions sont inchangées»,
assure Mustafa Ozyurt, député du CHP (Parti républicain du peuple,
opposition).

Inchangées? Pas sûr. L’arrivée des islamistes au pouvoir consacre le
lent retour du fait religieux. Témoin, le projet du gouvernement
d’autoriser désormais le port du voile à la faculté. L’apparition de
la femme du Premier ministre turc, elle-même voilée, lors d’un voyage
officiel à Athènes, en mai, a frappé les esprits.De fait, la
séparation de la religion et de l’Etat n’existe pas en Turquie. Les
pouvoirs publics s’impliquent fortement dans l’organisation du culte
musulman (gestion de 75 000 mosquées, rédaction des prêches?). Au
point de nier les droits des autres communautés religieuses. A
l’automne 2003, la Commission relevait un fait déplorable:
«L’importation de manuels religieux non approuvés est interdite et il
y a eu des cas de livres confisqués en douane.»Surtout, si l’Etat
turc est officiellement laïque, la société, elle, demeure fortement
islamisée et traversée de courants fondamentalistes.

La non-reconnaissance du génocide arménien par la Turquie est-elle un
obstacle à son adhésion ?

C’est un vieux contentieux. Et la France prend le risque de le
raviver. En demandant aux Turcs de reconnaître le génocide arménien,
le gouvernement français veut accentuer la pression sur Ankara. Il y
a quatre ans, le vote par l’Assemblée nationale de la reconnaissance
des massacres de 1915 (250 000 à 500 000 morts selon les Turcs ; 1,5
million selon les Arméniens) avait déclenché les foudres du
gouvernement turc. «Inacceptable», avait-il rétorqué.

Le scénario a cependant peu de chances de se reproduire. D’abord
parce que Michel Barnier, le ministre des Affaires étrangères, a
précisé qu’il ne s’agissait pas d’une condition à l’ouverture des
négociations. Ensuite parce que l’Union européenne ne l’a jamais
évoqué dans ses critères de Copenhague. Paris adresse surtout un
message à sa classe politique, remontée contre la perspective de
l’adhésion. Et promet de revenir sur le sujet au cours des dix
prochaines années. La Turquie a le temps de voir venir?

La Turquie a-t-elle réalisé les réformes nécessaires ?

En partie. «La Turquie a accompli des progrès substantiels», admet la
Commission européenne, favorable à l’ouverture de négociations sur
l’adhésion. Depuis trois ans, il est vrai, Ankara légifère à tour de
bras. Et pas sur des sujets mineurs. Suppression des cours de sûreté
de l’Etat, abolition de la peine de mort, affirmation de la liberté
d’expression, primauté du droit international sur les lois nationales
en matière de droits de l’homme, reconnaissance des droits culturels
des Kurdes, et notamment de l’usage de leur langue? Autant de signaux
positifs auxquels s’ajoutent d’autres projets de loi, en particulier
sur la décentralisation. Preuve, selon Bruxelles, que la Turquie
satisfait aux critères politiques de l’adhésion définis en juin 1993
à Copenhague.

Que lui reste-t-il à faire ?

Beaucoup de choses. Trop! plaident les adversaires de l’intégration
turque. Les manquements? Une application insuffisante de la
législation sur le terrain. Même Bruxelles pointe les failles. Les
lois sur les associations, sur l’exécution des peines et la police
judiciaire tardent ainsi à entrer en vigueur. Tout comme le nouveau
Code pénal.

Mais il y a plus délicat. En dépit des garde-fous législatifs,
l’usage de la torture persiste. Dans le rapport de la délégation pour
l’Union européenne publié à l’issue de la visite en Turquie, il y a
deux mois, d’un groupe de parlementaires français, les organisations
non gouvernementales s’alarment. «L’application de la législation est
une véritable catastrophe» et la torture dans les commissariats
possède un «caractère systématique et répandu», y lit-on. Les
plaintes des victimes en témoignent. Et ne refluent pas,
contrairement aux affirmations du gouvernement. Au nombre de 925 en
2003, elles s’élèvent à 597 au cours des huit premiers mois de cette
année. Quant aux condamnations des policiers tortionnaires, elles
relèvent de l’exception. Sur 41 procès suivis, un seul a donné lieu à
une peine d’emprisonnement.Autre question sensible: la condition des
femmes. «Un problème majeur», souligne la Commission. «Plus de la
moitié de la population féminine subit des formes de violence
physique et psychologique», explique-t-elle dans un rapport publié
l’an passé. Certes, des améliorations existent. Comme l’illustre la
réduction du nombre de «crimes d’honneur». Mais le gouvernement turc
peine à rompre avec ses vieux démons. En septembre, son projet de
punir l’adultère d’une peine de prison a déclenché un tollé. Car la
mesure, outre son caractère archaïque, pénalisait d’abord les femmes,
lesquelles n’auraient jamais été autorisées par le clan familial à
dénoncer la faute de leur mari. Bruxelles a dû exercer une pression
énorme pour contraindre Ankara à abandonner son projet.

L’économie turque est-elle soluble dans l’Union ?

Oui et non. Oui parce qu’elle engrange des résultats spectaculaires.
L’inflation, mal endémique depuis un quart de siècle, plonge de façon
vertigineuse (9% prévus en 2004, contre 90 % en 1995 !). La
croissance (10 %) surclasse celle des meilleurs de la classe
européenne. La Turquie s’offre même le luxe d’un excédent budgétaire.
Sa main-d’oeuvre jeune et bien formée (50 % de la population a moins
de 25 ans) affiche, certes, un coût supérieur à celle de la Bulgarie
ou de la Roumanie. Mais les 44,74 heures de travail hebdomadaires et
les 12 jours de congé annuels en vigueur dans le pays le placent à un
niveau très compétitif.

Reste la face honteuse: la moitié du PIB du pays repose sur
l’économie parallèle. Mafieuse ou non. Un niveau exceptionnellement
élevé. Et jamais atteint au sein de l’Union. Y compris parmi les dix
nouveaux pays de l’Est, dont le marché «informel» avoisine 20 %.
Difficile de transférer des fonds communautaires dans ces conditions
!Deuxième faiblesse: le secteur agricole. Il occupe un tiers de la
population active. Et souffre d’une productivité dérisoire (4 à 5
hectares de superficie moyenne). L’ouverture des frontières promet
donc de bouleverser les campagnes et de déclencher un gigantesque
exode rural. D’abord vers les grandes métropoles du pays, puis vers
l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas et la France, destinations
privilégiées de l’émigration turque.Les plus optimistes objecteront
que la Pologne, plombée par une agriculture aussi arriérée, a
néanmoins satisfait au test de l’intégration. C’est vrai. A une
nuance près: la Pologne est deux fois moins peuplée.Dernière menace:
les disparités régionales. Elles sont considérables. Et sans doute
irrémédiables entre Istanbul – une ville de 14 millions d’habitants,
véritable puissance économique, parvenue à égaler la richesse moyenne
de l’Union – et les villages reculés de l’Anatolie, parfois dotés
d’un niveau de vie quarante fois inférieur !Pour ne rien arranger,
les entreprises étrangères boudent le pays. Elles renâclent à
investir dans les deux activités phares du pays, le textile et
l’automobile. «La situation se retournera si l’Union se déclare
ouverte à des négociations», promet Omer Sabanci, le patron de
l’association industrielle turque.

Quelles seraient les conséquences d’une adhésion de la Turquie sur le
fonctionnement des institutions européennes ?

La Turquie disposerait d’un poids considérable en raison de sa
population. Forte de 71 millions d’habitants, elle figure déjà au 2e
rang des pays les plus peuplés derrière l’Allemagne (82 millions).
Mieux: elle dépasserait l’Allemagne d’ici dix à quinze ans (voir
tableau), date de son éventuelle adhésion. Or les traités européens
privilégient le critère démographique dans la répartition des
pouvoirs. Autrement dit, dans une Europe à vingt-huit ou vingt-neuf
membres (avec la Roumanie, la Bulgarie et la Croatie en phase
d’intégration), la Turquie aurait la capacité d’assurer une minorité
de blocage et de s’opposer ainsi aux décisions du Conseil. Pas toute
seule, néanmoins. Il lui faudrait s’allier à deux autres grands pays
ou quatre autres petits pour atteindre le seuil requis. Il n’empêche.
Son influence politique apparaîtrait démesurée. C’est notamment la
thèse défendue par Valéry Giscard d’Estaing, le principal artisan de
la Constitution européenne.

Autre impact: le Parlement européen. Une fois dans l’Union, la
Turquie pourrait dépêcher à Strasbourg une centaine de députés (78
pour la France). Soit l’une des plus imposantes formations
nationales. Un solide atout compte tenu du rôle croissant de
l’Assemblée européenne.

Quelles seraient les conséquences financières pour l’Union ?

La somme fait peur. Selon la Commission européenne, l’adhésion de la
Turquie devrait coûter 28 milliards d’euros par an en 2025, soit le
tiers du budget actuel de l’Union. «Il est clair que cette incidence
budgétaire serait substantielle sur la base des politiques
actuelles», juge Bruxelles dans sa recommandation publiée en octobre.
Une façon de placer les grands pays devant leurs contradictions. Et
de leur dire que le moment est mal choisi de vouloir réduire les
prélèvements communautaires! S’il faut à la fois financer
l’élargissement aux dix Etats membres et assurer le redressement de
l’économie turque (de 6 à 9 milliards d’euros consacrés aux aides
agricoles en 2015), Jacques Chirac et Gerhard Schröder auront du mal
à justifier le plafonnement du budget européen à 1 % du PNB de
l’Union.

Une consolation: la Turquie consentirait, elle aussi, un gros effort.
Sa contribution au budget européen s’élèverait ainsi à 8 milliards
d’euros à l’horizon 2025. A condition toutefois de voir son économie
décoller? Ce dont les experts ne doutent pas. «Au cours des dix
prochaines années, son PIB par habitant va doubler grâce à une
croissance soutenue», prédit William Thomson, de l’institut Global
Insight.

Bruxelles estime finalement que le choc financier est absorbable. Il
suffira de conclure quelques «arrangements spéciaux» avec la Turquie.
On aimerait savoir lesquels?

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Questions à Pierre Alduy;

Le Point
16 décembre 2004

Harkis: «Comment demander à la Turquie de reconnaître le génocide
arménien si nous ne sommes pas capables nous-mêmes de reconnaître nos
fautes ?»

par Jean-Michel Décugis

Le sénateur des Pyrénées-Orientales et maire de Perpignan, Pierre
Alduy, devait déposer, le 16 décembre, à l’occasion du projet de loi
sur les harkis et les rapatriés, un amendement qui vise à reconnaître
la responsabilité de l’Etat français dans le massacre, l’enlèvement
et la disparition des harkis et rapatriés.

Pourquoi cet amendement ?

J’ai participé au dernier voyage du président Jacques Chirac en
Algérie. Et j’ai compris que pour qu’il y ait une vraie
réconciliation entre Algériens et Français il faut que les deux Etats
reconnaissent chacun leur part de responsabilité.

Il a fallu quarante ans pour que l’on admette que le 19 mars n’était
pas la fin de la guerre d’Algérie et que l’on choisisse le 5 décembre
comme date de commémoration. Il ne doit demeurer aucune ambiguïté sur
cette période noire de notre histoire. Comment demander à la Turquie
de reconnaître le génocide arménien sans être capables nous-mêmes de
reconnaître nos fautes? Le couple franco-algérien doit être le moteur
de l’Euroméditerranée. Cette Euroméditerranée représente une chance
de construction de paix durable entre le monde judéo-chrétien et le
monde arabo-musulman mis à mal par les situations en Irak, Palestine
et Israël?

N’est-ce pas un désaveu pour le général de Gaulle ?

La responsabilité est collective. Le sujet n’est pas le général de
Gaulle, mais comment construit-on une nation? La France peut-elle
avoir encore une parole forte dans le monde si elle fuit ses
responsabilités ?

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La Turquie vient d’officialiser sa politique négationniste sur le génocide arménien;

Le Temps
16 décembre 2004

Alexis Krikorian, directeur du secteur «liberté de publier» à l’Union
internationale des éditeurs, basée à Genève, demande que, sans
retarder le début des négociations d’adhésion, l’Union européenne
fixe à la Turquie de nouvelles conditions, dont principalement la
reconnaissance du génocide arménien de 1915. Il s’exprime ici à titre
pesonnel.

La reconnaissance du génocide arménien est enfin au coeur des
arguments des partisans et des opposants à l’adhésion de la Turquie à
l’Union européenne. Les eurodéputés ont adopté hier un amendement par
332 voix contre 325 appelant «la Commission européenne et le Conseil
à exiger des autorités turques la reconnaissance formelle de la
réalité historique du génocide des Arméniens en 1915», sans en faire
cependant un préalable aux négociations.

La reconnaissance du génocide arménien pèse en réalité très peu
auprès de la majorité des partisans de l’adhésion de la Turquie à
l’Europe, qu’ils soient eurosceptiques ou guidés par les seuls motifs
économiques ou géopolitiques. Inversement, certains opposants à
l’adhésion de la Turquie instrumentalisent la reconnaissance du
génocide arménien. Les anti-musulmans se rangent sans doute dans
cette catégorie.

Il n’empêche, dans les deux camps, certains, je les espère nombreux,
abordent la reconnaissance du génocide arménien sans arrière-pensée.

Je suis plutôt favorable à l’entrée de la Turquie dans l’Europe, mais
ceux qui pensent que la perspective de l’adhésion incitera les Turcs
à assumer leur histoire, notamment le génocide des Arméniens de 1915,
se trompent. En effet, c’est au moment même où les négociations
d’adhésion vont débuter que la Turquie officialise – dans l’article
306 du nouveau Code pénal adopté le 27 septembre dernier et dont
l’entrée en vigueur est prévue pour avril prochain – sa politique
négationniste à l’égard du génocide arménien. Cet article punit de 3
à 10 ans de prison, ainsi qu’à de lourdes amendes, celles et ceux qui
mettraient à mal l’intérêt national turc. Or seuls deux exemples de
mise à mal dudit intérêt national sont cités dans l’article 306 du
nouveau Code pénal: appeler de ses voeux l’évacuation de Chypre nord
par les troupes turques, ou dire que les Arméniens de l’Empire
ottoman ont connu un génocide pendant la Première Guerre mondiale.

La publication du présent article dans un quotidien turc ne serait
donc pas possible, sauf pour l’auteur et l’éditeur à courir le risque
d’une lourde amende et de l’emprisonnement.

L’article 306 du nouveau Code pénal est le dernier avatar du
négationnisme d’Etat en Turquie, en germe dès 1915 lorsque les
télégrammes d’Istanbul commandant l’extermination des Arméniens des
Vilayets orientaux furent immédiatement suivis par des télégrammes
ordonnant la destruction des premiers télégrammes.

Avec ce nouvel article, on assiste à la sacralisation – définitive? –
d’un des grands tabous de la Turquie kémaliste qui empêche une
expression pleine, libre et entière en Turquie. Il y en a bien
d’autres. L’intellectuel stambouliote Ragip Duran en liste 4: la
question kurde, le rôle des militaires, la position des femmes et le
kémalisme (par exemple, la loi n° 5816 interdit d’insulter la mémoire
d’Atatürk). Parfois, il en ajoute un autre: la charia.

L’article 306 du nouveau Code pénal vise notamment à tuer dans l’oeuf
le débat naissant en Turquie sur le génocide arménien. Ce débat a été
lancé en Turquie par des éditeurs courageux, en particulier les
Editions Belge, il y a maintenant quelques années. Belge est la
maison d’édition des époux Zarakolu. Elle a été fondée à Istanbul en
1977. Les époux Zarakolu ont lutté tant et plus contre au moins trois
de ces tabous, le génocide arménien, la question kurde et le rôle des
militaires. A titre d’exemple, Ragip Zarakolu a failli aller en
prison en décembre dernier pour avoir publié Le régime du 12
septembre en procès. Ce livre décortique les atteintes aux droits de
l’homme sous le régime militaire issu du coup d’Etat de 1980.

L’accusation estimait que son livre était une «incitation à la haine»
(ancien article 312, nouvel article 216 du Code pénal turc). Fort
heureusement, et grâce à une mobilisation interne et externe sans
précédent, il a été acquitté dans cette malheureuse affaire. Les
éditeurs courageux comme lui font l’objet d’un véritable harcèlement
de la part des autorités judiciaires turques. Ragip Zarakolu, pour ne
citer que lui, est constamment en procès. Sa maison d’édition est au
bord de la faillite. Il a véritablement du mal à faire son métier
d’éditeur.

Dans ces conditions, il n’est pas impossible de penser que l’article
306 du nouveau Code pénal vise en particulier les Editions Belge et
Ragip Zarakolu. Dans la Turquie actuelle, le débat sur le génocide
arménien ne peut et n’a pu venir en premier lieu que de la traduction
de livres étrangers sur la question du génocide, comme Ermeni Tabusu
d’Yves Ternon publié par les Editions Belge il y a quelques années
déjà. Cette publication a conduit Ragip Zarakolu et son épouse, Ayse
Nur, devant les tribunaux à plusieurs reprises. Leurs locaux ont même
été plastiqués en décembre 1993. Les époux Zarakolu ont fini par
l’emporter, jusqu’à ce que cet article 306 soit voté par les
parlementaires d’Ankara en septembre dernier.

Bien sûr, il est sans doute possible de se dire, dans un élan
enthousiaste, qu’il s’agit là d’un geste de trop, désespéré, de la
part des autorités turques. Je ne le crois pas. C’est justement parce
que les Européens sont faibles sur cette question que les autorités
turques se sentent autorisées à officialiser leur politique de
négation du génocide arménien.

L’ultimatum de l’Europe sur l’adultère («c’est soit la loi sur
l’adultère, soit l’adhésion à l’UE») a finalement porté ses fruits,
Ankara abandonnant au bout du compte cette législation d’un autre
âge. Les rapports de force sont maîtres dans les rapports UE-Turquie.
Le président de l’Institut kurde de Paris, Kendal Nezan, parle à
juste titre d’un «mariage de raison» entre la Turquie et l’UE. Il ne
serait donc pas sot, dans ces conditions, d’imposer de nouvelles
conditions à la Turquie dès le sommet des chefs d’Etat et de
gouvernement qui se tient aujourd’hui et demain à Bruxelles, sans
pour autant retarder le début des négociations d’adhésion. Au nom des
valeurs éthiques de l’Europe, au nom des valeurs de justice, de
vérité et de réconciliation qui sont au coeur du pacte européen (qui
l’étaient?), la reconnaissance du génocide arménien par les autorités
turques doit logiquement figurer au rang des nouvelles conditions.

La Turquie doit impérativement reconnaître le génocide des Arméniens
avant de rejoindre la grande famille européenne. Au nom de ses
obligations morales envers la communauté internationale dans son
ensemble. La reconnaissance du génocide arménien ne relève pas des
rapports bilatéraux entre la Turquie et l’Arménie comme le déclarait
récemment le président Chirac. Les Européens – à Bruxelles, comme
dans les capitales nationales – ne peuvent se faire les complices
d’une politique négationniste d’Etat. Il en va des valeurs de
l’Europe. Il en va du sens même de mon passeport français et
européen.

Pour l’heure, comme l’écrivait récemment Daniel Vernet dans Le Monde,
«le refus persistant de reconnaître ce fait historique disqualifie la
Turquie comme membre de l’Union».

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Les eurodéputés donnent un signal clair en acceptant l’ouverture de négociations avec la Turquie;

Le Temps
16 décembre 2004

UNION EUROPEENNE. Les chefs d’Etat et de gouvernement se réunissent
ce soir et demain à Bruxelles pour un sommet dominé par le dossier
d’adhésion d’Ankara. Les Vingt-Cinq devraient accepter d’entamer les
négociations. Les Turcs ont affirmé qu’ils gèleraient leur
candidature en cas de conditions inacceptables.

Les parlementaires européens ont indiqué mercredi la voie que
devraient suivre, sauf surprise, les chefs d’Etat et de gouvernement
européens réunis en Sommet ce jeudi soir et vendredi à Bruxelles.
Lors d’un vote consultatif à bulletin secret à Strasbourg, ils ont
jugé par 407 voix contre 262 et 29 abstentions qu’Ankara pouvait
commencer ses négociations d’adhésion avec l’Union européenne.

Si la France se déchire depuis des semaines en des débats qui ont
fini par faire vaciller la position de Jacques Chirac lui-même – il
s’est rallié à l’idée que des négociations pourraient déboucher sur
un partenariat qui ne serait pas une adhésion – une majorité de pays
européens soutient beaucoup plus franchement la candidature turque.
Certes, tous sont d’accord pour y poser des conditions et considérer
les dix à quinze ans de pourparlers qui s’annoncent comme un
«processus ouvert». Vienne partage les réticences françaises, mais
les Britanniques, les Allemands, les Espagnols, les Italiens, les
Belges, les Scandinaves – les Danois mis à part – et la plupart des
nouveaux pays adhérents – à l’exception évidente de Chypre – veulent
que l’Europe envoie un signal positif à la Turquie. Les Néerlandais,
qui présideront cette réunion des Vingt-Cinq, n’envisagent guère
l’échec, même s’ils reconnaissent qu’un «déraillement», pour
reprendre l’expression du premier ministre Jan Peter Balkenende,
n’est pas à exclure lors des dernières tractations avec Ankara et
entre les Vingt-Cinq.

Le rôle de Chypre

C’est, pour de nombreux diplomates, la grande inconnue: jusqu’où les
Chypriotes sont-ils prêts à s’obstiner et les Turcs à coopérer?
Nouvelle en Europe, la république grecque a caressé l’idée d’un veto
si la Turquie ne reconnaissait pas son existence. Bruxelles espère
qu’Ankara acceptera lors du sommet de s’engager à signer un accord
qui étend l’Union douanière avec l’Europe aux dix pays de
l’élargissement. Ce serait un premier pas vers une reconnaissance
effective, que les Chypriotes devraient se résigner à attendre encore
un peu.

Le génocide arménien

Le Parlement européen et Paris souhaitent que la Turquie, dans son
processus de rapprochement avec l’Union, fasse un «travail de
mémoire» et reconnaisse son rôle dans le massacre de 1,5 million
d’Arméniens entre 1915 et 1917. Mais ces voeux ne constituent, ni
pour l’assemblée strasbourgeoise ni pour le gouvernement français,
une condition à l’ouverture des négociations. Les associations
arméniennes manifesteront vendredi aux abords du quartier européen.

Les clauses de sauvegarde

Ankara bataille fermement et a même menacé hier de geler sa
candidature si son futur statut d’Etat membre est assorti de
restrictions trop contraignantes. L’Europe songe en effet à imposer
aux Turcs une sorte de statut spécial après l’adhésion qui
empêcherait, par exemple, les travailleurs turcs de s’établir aussi
librement que les autres Européens dans le pays de l’Union de leur
choix.

Le début des négociations

La France aurait voulu qu’on ne commence pas avant fin de 2005 voire
début 2006, mais de nombreux pays ne voient pas la nécessité
d’attendre autant. Bien des observateurs estiment que l’on devrait
décider de lancer les pourparlers dans le courant de l’automne
prochain. L’Europe veut aussi garder le contrôle du déroulement des
discussions et envisage de se prononcer à l’unanimité à chaque étape
des négociations, qui pourront être interrompues si la Turquie devait
renoncer aux réformes fondamentales qu’elle a lancées.

Roumanie, Bulgarie, Croatie

Les conditions posées à Ankara rejailliront-elles sur les autres
candidats à l’adhésion? Les négociations étant achevées avec la
Roumanie et la Bulgarie, l’UE devrait signer les traités d’adhésion
au printemps. Leur arrivée est prévue pour 2007 mais pourrait être
retardée à 2008 si ces pays ne sont pas prêts économiquement. La
Croatie, elle, devrait se voir encouragée à mieux collaborer avec le
Tribunal pénal international de La Haye avant de commencer au
printemps ses négociations d’adhésion.

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« Circonlocutions autour du mot génocide »

Le Monde
16 décembre 2004

UNION EUROPÉENNE – Jacques Chirac défend sur TF1 sa position sur
l’adhésion de la Turquie

Les propos de Michel Barnier, ministre français des affaires
étrangères, sur le génocide arménien ont été mal reçus par le Comité
de défense de la cause arménienne (CDCA) en France qui qualifie de «
pathétiques » ce qu’il appelle des « circonlocutions autour du mot
génocide ». « Le génocide arménien n’est pas une tragédie dont la
reconnaissance n’a pas été effectuée que de façon solennelle par le
Parlement français.

Il s’agit d’une loi, signée par le président de la République,
Jacques Chirac » déclare dans un communiqué Harout Mardirossian,
président du CDCA.

Vardan Oskanian, le ministre arménien des affaires étrangères, qui
note que M. Barnier a promis que la France poserait la « question »
de la reconnaissance du génocide arménien, parle de « déclaration
méritoire » montrant « que la question de la reconnaissance du
génocide a dépassé le cadre de l’Arménie et de son peuple ». « Il est
difficile de dire quel tournant cette question prendra lors des
négociations avec la Turquie » a ajouté le ministre. M. Barnier avait
insisté sur le fait que cette reconnaissance « n’était pas une
condition » à l’ouverture des négociations d’adhésion d’Ankara à
l’UE.

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Union européenne. L’Europe est prête à entrouvrir sa porte à la Turquie.

La Croix
16 décembre 2004

ÉLARGISSEMENT. Réunis en sommet à Bruxelles, les dirigeants
des 25 États membres devraient décider d’ouvrir des négociations avec
la Turquie, malgré quelques questions qui fâchent encore.

MASSON Marie-Françoise

Sauf coup de théâtre, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union
européenne, réunis en sommet à Bruxelles, ce soir et demain matin,
devraient accepter l’ouverture de négociations d’adhésion avec la
Turquie. Il reste toutefois quelques compromis à affiner. On peut
diviser les questions qui fâchent en deux catégories, celles qui
conditionnent l’ouverture des négociations et celles qui pèseront
dans le futur.

Les questions qui conditionnent l’ouverture des négociations

La date d’ouverture. En décembre 2002, il avait été prévu que les
négociations seraient entreprises “aussitôt l’accord obtenu”. Il
semble pourtant que l’on attendra le deuxième semestre 2005. Raison
officielle invoquée, la Commission européenne a besoin de quelques
mois pour préparer le mandat de négociation. Mais la raison
officieuse plus importante est la nécessité pour la France de bien
séparer dans le temps la question turque du référendum sur la
Constitution européenne qui se tiendrait au premier semestre.

La reconnaissance de Chypre par la Turquie. La République de Chypre,
membre à part entière de l’Union depuis mai, explique qu’elle ne peut
pas donner son accord à l’ouverture des négociations avec un pays qui
ne la reconnaît pas. L’île est toujours divisée entre la partie
grecque entrée dans l’Union européenne, et la partie turque, reconnue
exclusivement par la Turquie. Un artifice devrait être trouvé. La
Turquie, qui doit prochainement étendre aux dix États ayant adhéré en
mai son traité d’union douanière avec l’UE, reconnaîtrait ainsi de
facto la République chypriote.

L’évocation d’un autre lien que l’adhésion. Les États membres se
divisent en deux groupes. Le premier, le plus nombreux, mené par le
Royaume-Uni et l’Allemagne, considère que les manquements notamment
aux droits de l’homme se régleront en cours de négociations. Le
second composé de l’Autriche, du Danemark et surtout de la France,
demande que soit inscrite dans le document adressant un feu vert à
l’ouverture de négociations, une alternative à l’adhésion, au cas
d’échec de ces négociations. Le premier groupe de pays est réticent,
car il craint que cela n’envoie un signal négatif à la Turquie, qui
s’oppose d’ailleurs farouchement à cette idée. Mais la France,
l’Autriche, le Danemark et – en sourdine – les Pays-Bas, exigent que
soit mentionnée cette réserve.

La présidence néerlandaise va donc essayer de proposer une formule de
consensus d’autant plus nécessaire qu’hier, lors du vote par le
Parlement européen d’une résolution avalisant l’ouverture des
négociations d’adhésion avec la Turquie, les eurodéputés opposés à
l’ouverture de négociations d’adhésion ont donné de la voix.

Les questions qui pèseront dans le futur

Les autres sujets de polémique, s’ils ne conditionnent pas le sommet
de Bruxelles, demeureront vifs, en toile de fond.

La question kurde. Alors que 15 à 20 millions de Kurdes vivent sur le
sol turc, deux cents personnalités représentant toutes les tendances
et sensibilités politiques et culturelles kurdes en Turquie ont signé
la semaine dernière un appel pour un règlement équitable de la
question dans le cadre des négociations d’adhésion. Ces personnes
réclament principalement qu’une Constitution reconnaissant
l’existence du peuple kurde, lui garantissant tous ses droits.
“L’Europe doit réaliser que sa frontière passera un jour au milieu du
Kurdistan, explique Kendal Nezan, président de l’Institut kurde de
Paris, et si une solution n’est pas trouvée, elle pourrait bien
connaître alors des tensions.”

Le génocide arménien. La reconnaissance des actes commis dans le
passé ne fait pas partie des conditions préalables d’admission dans
l’UE. Mais c’est dans une logique de réconciliation que l’Europe
s’est construite et beaucoup estiment en Europe que cette logique
devra prévaloir un jour entre la Turquie et les Arméniens.
Actuellement, la Turquie ne reconnaît pas le caractère de génocide
des massacres d’Arméniens sous l’Empire ottoman de 1915 à 1917. La
France, où vivent 350 000 Arméniens, est à la pointe du débat. Lundi
et mardi, le ministre des affaires étrangères, Michel Barnier, a
explicitement utilisé le terme de “génocide” en déclarant que la
France poserait “toutes les questions, notamment celle du génocide
arménien”, lors des négociations.

La limitation permanente de liberté de circulation des travailleurs
turcs. Cette clause, exigée par le Danemark et de l’Autriche, a été
avalisée par la Commission européenne dans son rapport d’octobre. On
sait que la Turquie se battra contre une disposition qui fait de ses
citoyens des personnes de seconde zone, tandis que certains États
feront valoir qu’existent déjà des situations différentes dans l’UE.
La liberté de circulation risque donc d’être l’une des questions les
plus discutées dans l’avenir.

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La Nouvelle République du Centre Ouest
16 décembre 2004

Les déclarations du Président

« Oui, si » à l’adhésion. – « La question qu’il faut se poser, c’est
” est-ce que l’Europe, et notamment la France, ont ou non intérêt à
ce que la Turquie les rejoigne ? ” Ma réponse est ” oui, si “.

« Oui, si la Turquie remplit naturellement la totalité des conditions
qui s’imposent à tout candidat à notre Union.

« L’Union européenne, c’est d’abord un projet pour la paix et la
stabilité, c’est l’enracinement de la démocratie et le développement
économique et social ».

« Au regard de ces trois critères, je crois que nous avons intérêt à
avoir la Turquie avec nous, si elle remplit toutes les conditions.

« Au cours de l’histoire, la Turquie a penché tantôt vers l’Asie,
tantôt vers l’Europe. La question qui se pose aujourd’hui, ce n’est
pas de savoir si elle est d’Asie ou d’Europe. La question qui se
pose, c’est de savoir quel est l’intérêt de l’Europe.

« Notre intérêt, c’est qu’elle penche vers l’Europe, nos valeurs,
notre conception des droits de l’homme, de la paix, de la démocratie,
et non pas vers l’Asie, où elle risquerait d’emprunter une autre
voie, qui probablement générerait ou pourrait générer de
l’instabilité ou de l’insécurité pour l’Europe. »

« La reconnaissance du génocide arménien, c’est la loi ». – « Nous
sommes en France un pays de droit. Il y a une loi qui a été votée
d’ailleurs presqu’à l’unanimité aussi bien du Sénat que de
l’Assemblée nationale, qui parle de génocide. Par conséquent, c’est
la loi.

« Des efforts de réconciliation et de paix ont jalonné l’histoire
européenne et se sont traduits partout par un effort de mémoire
important. Cet effort doit être fait, bien entendu, par la Turquie,
et je suis sûr qu’elle le fera. »

La Turquie est « loin du terme de son effort ». – « La Turquie a fait
un effort considérable pour se rapprocher de l’Union européenne, mais
elle est loin du terme de cet effort.

« Négociations, cela ne veut pas dire adhésion. Ces négociations vont
durer 10 ans, 15 ans, 20 ans pour permettre à la Turquie de rejoindre
l’acquis communautaire, c’est-à-dire toutes les règles, les valeurs,
les modes de vie qui sont les nôtres, tant sur le plan des droits de
l’homme que sur le plan de l’économie de marché. Et pour cela, elle
doit faire des efforts considérables. »

« Les Français auront le dernier mot ». – « Toute nouvelle adhésion
devra être sanctionnée […], pas par la voie parlementaire, mais
obligatoirement par la voie référendaire. Ce qui veut dire en clair
qu’en toute hypothèse, chaque Française et chaque Français conserve
son droit à s’exprimer, et que les Français auront le dernier mot. »

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UE-ARMENIOS: PROTESTA CONTRA ADHESION DE TURQUIA

ANSA Noticiero en español
December 17, 2004

BRUSELAS

BRUSELAS, 17 (ANSA) – Centenares de armenios realizaron una
manifestación en Bruselas, en una zona ubicada a poca distancia del
palacio Justus Lipsius, mientras el Consejo Europeo debatía la
adhesión de Turquía a la UE.

Los manifestantes, con carteles que llevaban la frase “Contra Turquía
en Europa”, advirtieron que la Unión Europea debe reconocer el
“genocidio armenio” perpetrado por Ankara.

Armenios de distintos países de Europa, entre ellos España, Grecia,
Holanda e Italia, llegaron a Bruselas para participar de la protesta.

Los manifestantes reclamaron que la Unión Europea imponga como
condición para la adhesión de Turquía el reconocimiento por parte de
Ankara de la matanza de 1,5 millones de armenios entre 1915 y
1923.(ANSA).

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Aunque las negociaciones concluyeran con exito …

El Mundo, España
16 Dic 2004

LA NUEVA EUROPA / Aunque las negociaciones concluyeran con exito, la
adhesion no podria llevarse a cabo hasta dentro de 10 anos / El pais
aspirante ha de resolver sus conflictos exteriores con Armenia y
Chipre.

El Europarlamento, a favor de abrir la puerta ya a Turquia.
Todos los eurodiputados espanoles, salvo uno del PNV que se abstuvo,
se pronunciaron a favor de que se inicien conversaciones con Ankara.

JUAN CARLOS GONZALEZ. Corresponsal

UE. Incorporacion de Turquia. El Parlamento europeo se favor de abrir
la puerta ya a Turquia con un resultado de 407 votos a favor, 262 en
contra y 29 abstenciones. Portada

BRUSELAS.- Con un resultado de 407 votos a favor, 262 en contra y 29
abstenciones, los eurodiputados se pronunciaron ayer, en votacion
secreta, a favor de la apertura de las negociaciones de adhesion con
Turquia. Los eurodiputados espanoles apoyaron casi unanimemente esta
mocion, salvo un representante del Partido Nacionalista Vasco (PNV)
que se abstuvo.

La decision, que no tiene caracter vinculante, es una senal politica
enviada a los lideres europeos que se reunen a partir de esta tarde,
y hasta manana, en la capital belga para tomar una decision sobre la
fecha del inicio de las negociaciones con Turquia.

A pesar del apoyo de la Eurocamara, los eurodiputados advierten de
que las negociaciones no tienen “por que conducir a priori y de forma
automatica a una adhesion”.

El voto fue secreto para intentar que quienes estan en contra del
ingreso lo puedan manifestar sin verse sometidos a la presion
publica. Junto con el informe del Parlamento, los eurodiputados
tambien se pronunciaron sobre dos enmiendas contrarias al ingreso de
Turquia. La primera proponia como alternativa “una colaboracion
privilegiada” con el socio turco. Fue rechazada, tambien en votacion
secreta, por 415 votos en contra y 250 a favor. La segunda afirmaba
que el Parlamento Europeo “rechaza que Turquia sea miembro de pleno
derecho de la Union Europea”. El texto solo logro el apoyo de 235
representantes.

Los partidarios del “no” se repartieron entre los populares galos y
alemanes, asi como los soberanistas y la extrema derecha, de acuerdo
con las opiniones expresadas por los eurodiputados de estos grupos
politicos en el debate previo a la votacion. Los defensores de la
apertura de las negociaciones forman parte del resto de la mayoria de
los populares europeos, los liberales, los socialistas y los verdes.

Condiciones

A pesar de que una mayoria de eurodiputados se pronuncio a favor de
la apertura de las negociaciones, la Eurocamara fija toda una serie
de condiciones y, sobre todo, no garantiza que este proceso
desemboque de manera automatica en un ingreso.

“El objetivo de las negociaciones es la adhesion de Turquia a la
Union Europea, pero la realizacion de esta ambicion dependera de los
esfuerzos de ambas partes”, senala el texto adoptado ayer.Al igual
que preconizaba la Comision en su informe del 6 de octubre sobre los
progresos realizados por Turquia, los eurodiputados incluyen en su
informe la posibilidad de “suspender” las negociaciones en caso de
“serias y persistentes” violaciones de los derechos humanos y de las
libertades fundamentales.

En todo caso, el camino para el ingreso de Turquia en la Union
tambien se preve largo. Para el Parlamento Europeo si las
negociaciones finalizan con exito, la adhesion no podra llevarse a
cabo antes de que se firmen las perspectivas financieras (conjunto de
ingresos y gastos de las arcas comunitarias) para el periodo
2014-2020.

En estos momentos los Veinticinco estan negociando las perspectivas
financieras para el periodo 2007-2013. Y las negociaciones para el
periodo siguiente no se concluiran antes de 2013, dentro de casi 10
anos.

Otra de las condiciones impuesta por la Eurocamara previa al ingreso
es que Turquia resuelva sus conflictos exteriores, tanto con Armenia
como con Chipre. “La retirada de las fuerzas turcas” del norte de la
isla de Chipre, es considerada como “un paso necesario”, afirman los
eurodiputados.

Chipre es miembro de la Union desde el pasado 1 de mayo, y al igual
que el resto de los paises miembros dispone de un poder de veto para
aceptar o rechazar la ampliacion de la Union Europea.

Conscientes de que la comunidad grecochipriota rechazo la
reunificacion de la isla, en referendum, los miembros de la
Eurocamara piden “a las autoridades turcas que mantengan su actitud
constructiva para encontrar una solucion equitativa que utilice como
base de las negociaciones el plan de Annan”, afirma el texto.

En el caso de Armenia, el Parlamento europeo exige a las autoridades
turcas “el reconocimiento formal de la realidad historica del
genocidio de los armenios en 1915”. Tambien se pronuncian a favor de
la apertura de la frontera entre Turquia y Armenia en un “breve
plazo”.

GRAPHIC: Caption: Miembros del Parlamento Europeo muestran carteles
en apoyo del ingreso de Turquia, ayer en Estrasburgo. / REUTERS

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Los lideres europeos debaten la fecha para abrir negociaciones con Turquia

El Pais, España
16 Dic 2004

Bruselas

La decision de la cumbre de Bruselas condicionara el futuro de la UE,
sus fronteras y su seguridad. CARLOS YARNOZ,. Los jefes de Estado y
Gobierno de la UE se reunen hoy y manana en Bruselas para tomar una
decision clave para el futuro de la Union, sus fronteras, su
seguridad y su capacidad de convivencia entre pueblos, civilizaciones
y religiones. La cumbre debe decidir si abre negociaciones de
adhesion con Turquia, pais de 70 millones de musulmanes, fronterizo
con Iran, Irak o Siria, llamado a ser el mas poblado de la UE. Salvo
sorpresas imprevistas, Los 25 acordaran que las negociaciones
comiencen a finales de 2005, pero lo haran mirando de reojo a una
mayoria de sus electores disgustada con esa decision.

La suerte parece echada para los turcos, que estan llamando a la
puerta de la Union desde 1963. Hasta 1999, no logro el estatuto de
pais candidato y, el pasado 6 de octubre, la Comision Europea
certifico que Ankara habia hecho “unas reformas impresionantes” y
cumplia ya los llamados criterios de Copenhague (democracia, derechos
humanos, respeto a las minorias y economia de mercado competitiva),
pero aconsejo tambien unas leoninas condiciones negociadoras que los
lideres no solo se aprestan a imponer a Turquia, sino tambien a todos
los potenciales candidatos en el futuro.

A Turquia se le podra aplicar una clausula permanente de salvaguardia
para que los turcos no disfruten del sagrado principio comunitario de
la libertad de movimiento y establecimiento de trabajadores. La UE
intenta paliar asi el pavor de los europeos a una avalancha de
emigrantes turcos hacia Alemania, Austria, Belgica, Holanda y
Francia, paises que ya suman mas de cuatro millones de turcos.

Tambien se le aplicaran a Ankara clausulas de salvaguardia temporales
para limitar sus accesos a las ayudas regionales y agricolas europeas
o a las ventajas del mercado interior. El primer ministro turco,
Recep Tayyip Erdogan, ha declarado a este periodico: “Podemos aceptar
limitaciones temporales, pero no permanentes”. Reino Unido, Espana y
Belgica tampoco ven con entusiasmo las clausulas permanentes.

Seguimiento del compromiso

Ademas, durante los al menos 10 anos que durara la negociacion, la UE
realizara un permanente y pormenorizado seguimiento del compromiso
turco para erradicar la tortura y los malos tratos o para respetar
los derechos de las mujeres y de los kurdos. En caso de grave
incumplimiento de algunos de estos principios democraticos, las
conversaciones quedaran suspendidas de inmediato.

No solo eso. La decision de los 25 lideres europeos debe ser adoptada
por unanimidad y, por tanto, debe contar con el apoyo de Chipre, un
pais no reconocido por Turquia, que ocupa militarmente el norte de la
isla desde 1974. El borrador de conclusiones de la cumbre de hoy y
manana incluye el compromiso de Ankara de actualizar su acuerdo
aduanero con la Union, lo que implicaria la firma en un acuerdo
internacional de Turquia y Chipre y, de paso, el reconocimiento de
facto.

Ankara rechaza tal compromiso y, pese a todo, Chipre no vetara la
decision y Los 25 se conformaran con un gesto de Ankara antes de que
el proximo ano empiecen las negociaciones. Tampoco acepta Ankara las
presiones de Francia para que, en el futuro, reconozca la existencia
del genocidio armenio y su participacion en los terribles sucesos que
costaron la vida a centenares de miles de personas entre finales del
siglo XIX y comienzos del XX.

En ningun documento figurara por escrito por el momento, pero el
canciller aleman, Gerhard Schroeder; el primer ministro britanico,
Tony Blair, y el presidente frances, Jacques Chirac, ya han hablado
esta semana de la posibilidad de que si Turquia entra en la Union
seran cambiadas las reglas de reparto de poder en la UE pactadas en
la Constitucion europea. De no ser asi, Turquia sera el pais con mas
peso en el Consejo de la Union y en la Eurocamara, porque, a partir
de 2015, tendra mas habitantes que Alemania.

Por todas esas razones, prevenciones y miedos, la UE dejara escrito
que el inicio de negociaciones no supone automaticamente que el
escenario final sea la entrada de Turquia en el club. Ankara, en
cambio, ha evitado que Austria, Francia y Dinamarca incluyeran
tambien en las conclusiones una referencia a un plan B para el caso
de que las negociaciones fracasen. Se trata de la “asociacion
privilegiada”, sin pertenencia al club, que el Partido Popular
Europeo defiende como alternativa al ingreso.

Rechazo popular

Por el contrario, y como pactaron hace dos semanas Alemania y
Francia, en las conclusiones quedara claro que el objetivo de las
negociaciones es “la adhesion”, aunque no pueda prejuzgarse ese
final. “Nunca seremos un socio privilegiado, porque esa figura no
existe”, aseguro Erdogan.

Los sondeos mas recientes han puesto otra vez de manifiesto uno de
los principales motivos por el que los lideres europeos toman tantas
precauciones. Una encuesta difundida el lunes por el diario frances
Le Figaro senala que el 67% de los franceses rechaza la entrada de
Turquia, como un 55% de los alemanes y hasta el 75% de los
austriacos. Por eso, Francia ha tomado mas cautelas que nadie: entre
enero y marzo se incluira en su Constitucion la obligacion de
convocar un referendum antes de cada nueva incorporacion. “La ultima
palabra la tendra el ciudadano”, ha insistido el ministro frances de
Exteriores, Michel Barnier.

Reino Unido, Italia, Espana y Holanda han sido en este proceso los
valedores de Turquia. Fuera de Europa, ha sido EE UU su gran abogado
en su acercamiento a la UE. Para Erdogan, el balance entre ventajas y
desventajas de la adhesion se resume en estos comentarios: “Si Europa
es solo un club cristiano, puede pasar sin nosotros; pero si es un
conjunto de valores comunes, necesita a Turquia, porque somos una
pieza esencial para la reconciliacion de civilizaciones. Lo que
proponemos es un acuerdo entre civilizaciones”. Para eso, como
recordo el presidente de la Comision Europea, “habra que conquistar
los corazones y las mentes de los ciudadanos”.

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(PROG)UE-TURQUIA: COMENZO CUMBRE QUE TRATARA ADHESION ANKARA

ANSA Noticiero en español
16 Dic 2004

BRUSELAS

BRUSELAS, 16 (ANSA)- Los gobernantes de los 25 países de la Unión
Europea iniciaron hoy la cumbre de dos días en la que decidirán si
comienzan las negociaciones con Turquía para su adhesión al bloque.

“No debemos insertar nuevas condiciones políticas”, reiteró hoy
varias veces el presidente de la Comisión Europea, José Manuel
Barroso, en una conferencia de prensa en Bruselas.

En la agenda de la reunión iniciada por la tarde, los gobernantes
europeos deberán decidir también sobre el ingreso de Rumania y
Bulgaria a la UE y la apertura de las negociaciones con Croacia.

“Nuestra visión sobre Turquía es clara: no buscamos una solución a
medias. Si vamos a abrir las negociaciones con Turquía, esto deberá
hacerse teniendo en cuenta la perspectiva de una adhesión completa”,
declaró Barroso.

El presidente del ejecutivo europeo rechazó así una hipótesis
alternativa, come la de la asociación especial, impulsada por los
franceses y austríacos.

“Es justo el momento de iniciar las negociaciones”, agregó Barroso.

Por su parte, el presidente pro témpore de la Unión Europea, el
premier holandés Jan Peter Balkenende, sostuvo: “estamos en una buena
dirección, pero sobre algunas temáticas permanecen las dificultades”.

Balkenende aclaró que las discusiones sobre éstas dificultades se
resolverán en la cena de los 25 del jueves al viernes.

El miércoles el Europarlamento aprobó una resolución que pide a los
gobernantes de la UE que inicien negociaciones con Turquía sobre una
adhesión plena al bloque.

Pero además requiere que Turquía reconozca el genocidio armenio de
1915, cuando exterminó a un millón de personas, y a la República de
Chipre, miembro de la UE y cuyo norte ocupa.

El tema de Chipre se convirtió en uno de los que puede trabar las
esperanzas de Ankara de unirse al bloque.

Chipre es una de las diez naciones que se incorporaron en mayo a la
UE, pero Turquía sólo reconoce el norte de la isla que ocupa desde
1974.

El premier turco, Tayyip Erdogan, dijo hoy que el tema de Chipre “se
resolverá mañana” y precisó que su país “podría tener una actitud
positiva” al respecto.

Además, Erdogan desmintió haber dicho que Ankara no reconocerá nunca
a la república chipriota.

Otro de los temas en discusión es la cláusula permanente de
salvaguardia hacia los trabajadores inmigrantes turcos, que evite
flujos masivos a los países de la UE, una condición sobre la cual
Turquía puso objeciones.

“Recomendamos a los jefes de estado y de gobierno de la UE que no
amplíen demasiado la portada de los períodos de transición”, indicó
Barroso.

Las preocupaciones sobre el mercado laboral radican en que Turquía
tiene una población de 71 millones de habitantes, de mayoría
musulmana, que crecerá a 80 millones en 2015. Eso implica que
superará al país más poblado europeo, Alemania.

Los países que más respaldan el ingreso de Ankara al bloque, cuyas
negociaciones pueden durar diez años, son Alemania, Gran Bretaña,
Italia y España, que ven en Turquía el puente a la comunidad
musulmana.

La adhesión es resistida por Austria, Dinamarca y Chipre, que creen
que el país no alcanza los estándares.

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UE: TURCHIA, CENTINAIA ARMENI MANIFESTANO A BRUXELLES ; CHIEDONO RICONOSCIMENTO GENOCIDIO CONDIZIONE PER AVVIO NEGOZIATI

ANSA Notiziario Generale in Italiano
17 dicembre 2004

BRUXELLES

(ANSA) – BRUXELLES, 17 DIC – Diverse centinaia di armeni
hanno manifestato a Bruxelles in una piazza del quartiere
comunitario a poca distanza dal palazzo Justus Lipsius dove si
svolge il Consiglio europeo sull’avvio dei negoziati di adesione
con la Turchia. Chiedono all’Unione europea di esigere il
riconoscimento del genocidio armeno da parte di Ankara.

La manifestazione e’ stata organizzata dalla Federazione
degli armeni di Europa, una vasta comunita’ che conta circa un
milione di persone.

Per protestare “contro questa Turchia in Europa” – come
hanno scritto su molti cartelli – gli armeni sono giunti da
diversi paesi europei. Il gruppo piu’ numeroso quello arrivato
dalla Francia, dove risiedono circa 400mila armeni. Altri gruppi
sono giunti dalla Spagna, dalla Grecia, dall’Olanda, dalla
Svezia e anche dall’Italia (circa un centinaio di persone),
principalmente da Milano e da Roma dove si trovano le comunita
armene italiane piu’ numerose.

I manifestanti chiedono che l’Unione imponga alla Turchia
come pre-condizione per l’avvio dei negoziati di adesione il
riconoscimento del genocidio armeno perpetrato dai turchi tra il
1915 e il 1923 causando circa 1,5 milioni di vittime.

Gli armeni non sono stati i soli a manifestare contro la
Turchia in Europa. Nel quartiere comunitario anche un sit-in di
protesta con qualche decina di militanti di organizzazioni degli
immigrati turchi in Europa contrari alle politiche del governo
turco, compresa quella per l’ingresso nell’Unione. (ANSA).

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Borghezio: «Dico tre volte no ad Ankara»

La Padania, Italia
giovedì 16 dicembre 2004

Mario Borghezio, capo delegazione della Lega Nord al Parlamento
Europeo, intervenendo nell’aula di Strasburgo dopo il voto favorevole
all’apertura dei negoziati per l’entrata della Turchia in Europa, ha
ribadito con forza la posizione della Lega Nord.
«Diciamo no alla Turchia – ha dichiarato il parlamentare leghista –
perché essa ha una società civile e politica fondamentalmente
islamica. Diciamo no perché sarebbe irrimediabilmente compromesso il
carattere cristiano della nostra civiltà. Diciamo no perché la
Turchia, dal punto di vista storico, geografico e politico, non
appartiene all’Europa e non vogliamo un’Europa che confini con Iran,
Iraq e Siria». «Urliamo infine il nostro no – ha concluso Borghezio –
perché non vogliamo che sventoli una bandiera, quella della Turchia,
ancora insaguinata dal sangue del popolo armeno».
Borghezio ha ribadito che sull’ingresso della Turchia nella Ue
«devono decidere i cittadini italiani ed europei attraverso lo
svolgimento di referendum». Il deputato ha aggiunto che avvierà la
campagna di raccolta delle firme per la consultazione popolare.

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Gli armeni: «Riconoscano l’olocausto del nostro popolo»

La Padania, Italia
giovedì 16 dicembre 2004

BRUXELLES – “Contro questa Turchia in Europa”. Con questo slogan gli
armeni europei, come hanno annunciato ieri nel corso di una
conferenza stampa, manifesteranno domani mattina a Bruxelles in
occasione della giornata conclusiva del Consiglio europeo che dovrà
decidere sull’avvio dei negoziati per l’adesione della Turchia
all’Ue.
«Non siamo contrari a priori all’ingresso di Ankara nell’Ue, ma
vogliamo che il riconoscimento del genocidio armeno sia posto come
condizione per l’inizio dei negoziati», ha dichiarato il presidente
della Federazione degli armeni che vivono in Europa Hilda Tchoboian
nel corso della conferenza stampa. «Noi vogliamo che si parli di
genocidio invece che di tragedia», ha sottolineato Tchoboian.
Secondo i rappresentanti della Federazione armena, «durante le
trattative degli ultimi anni l’Unione europea ha lasciato cadere o ha
annacquato molte delle richieste fatte precedentemente dalla stessa
Ue alla Turchia».
«Il paradosso è che spesso non è stata l’Unione ad imporre le sue
condizioni, bensì è stata Ankara a far valere le sue ragioni
utilizzando l’arma del ricatto politico ed economico», ha aggiunto il
direttore della Federazione Laurent Leylekian.
Gli armeni reclamano il riconoscimento del genocidio condotto ai loro
danni dai turchi tra il 1915 e il 1923: un olocausto di inaudite
proporzioni che ha provocato più di un milione e mezzo di vittime
accertate. Gli armeni che oggi vivono in Europa sono circa un
milione, escludendo la Russia. La comunità più numerosa è in Francia
con circa 400.000 cittadini e l’opinione pubblica francese è la più
decisa nel “no” all’innaturale e antistorico assemblaggio della
Turchia all’Europa.
Intanto anche in Austria la “questione turca” è fonte di polemiche e
divisioni. Il governo austriaco non è riuscito a trovare una
posizione comune al parlamento di Vienna sull’adesione della Turchia
all’Unione europea. Nella seduta di ieri, ogni partito ha presentato
una propria mozione, di cui nessuno è riuscito a trovare una
maggioranza.
Non ci sono raccomandazioni al cancelliere, Wolfgang Schuessel, al
quale passano quindi tutte le competenze per portare avanti le
trattative al vertice di Bruxelles. Il partito nazional-liberale di
destra Fpoe, alleato di Schuessel al governo, nella sua mozione si è
detto contraria all’apertura di trattative per l’adesione con la
Turchia e chiede negoziati per un partneriato strategico. Simile
anche la posizione dei socialdemocratici, maggiore partito di
opposizione, mentre i Verdi hanno chiesto l’avvio di negoziati con la
Turchia con l’obiettivo di una piena adesione del paese “estraneo”
all’Ue.

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Chirac preme per il si’ ad Ankara
Vittorio Da Rold

Il Sole 24 Ore, Italia
16 dicembre 2004

Referendum: l’Eliseo teme che un <no> ai turchi colpisca anche la
Carta

PARIGI *c Il presidente francese Jacques Chirac e’ sceso in campo
direttamente con tutto il suo carisma di politico di razza sul
terreno molto delicato della questione turca, un argomento dirompente
che vede il 67% dei francesi contrari all’ingresso di Ankara in
Europa e che rischia di rompere i gia’ precari equilibri interni
della politica francese.

Il Capo dello Stato ieri sera, nel corso di una rara intervista sulla
principale rete televisiva privata Tf1, ha detto <si’> all’ingresso
della Turchia nell’Unione europea. <Se la Turchia riuscira’ ad
adempiere a tutte le condizioni che vengono richieste ai candidati –
ha detto – sara’ nell’interesse dell’Europa che entri nell’Unione>.

Il presidente ha respinto la scappatoia di un “partenariato
privilegiato” della Ue con la Turchia, affermando che i turchi non
accetterebbero <mai> una soluzione simile.

Con questo appello diretto e <pedagogico> Chirac – secondo il
quotidiano “Le Monde” – <spera di convincere l’opinione pubblica,
dopo che non ha convinto il suo proprio campo>. L’ex presidente e
padre della Carta europea Valery Giscard d’Estaing, alla vigilia
dell’elezione a membro dell’Academie Frantaise, e’ fermamente
contrario all’ingresso turco per un problema di identita’ culturale.

L’Ump, il partito di maggioranza, teme un’immigrazione selvaggia
senza contare la questione del riconoscimento del genocidio degli
armeni che ha infiammato l’Assemblea Nazionale.

In questo quadro Chirac rischia l’isolamento nella sua famiglia
politica e teme di vedere crescere, a causa della questione turca, il
campo del <no> alla Costituzione europea, che deve essere anch’essa
adottata per referendum.

C’e’ l’ipotesi di un effetto domino: un eventuale <no> al referendum
sull’ingresso della Turchia potrebbe influenzare negativamente anche
l’approvazione sulla Costituzione Ue (anch’essa sottoposta al <si’>
popolare) e questo significherebbe un doppio smacco per Chirac. Un
brutto colpo alla politica estera equivarebbe a veder naufragare le
sue speranze per un terzo mandato all’Eliseo. Ipotesi che l’attuale
presidente, trionfatore il 5 maggio 2002 con un risultato
plebiscitario su Le Pen, non ha mai escluso dall’orizzonte politico
del 2007.

VITTORIO DA ROLD

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VERTICE A BRUXELLES: Oltre che di Ankara si discuterà anche dell’ingresso di Croazia, Romania e Bulgaria

Avvenire, Italia
Venerdi 17 dicembre 2004

Berlusconi: in autunno i negoziati con la Turchia

Il premier e Fini: dal 3 ottobre si tratterà i turchi per l’adesione
all’Ue Barroso: le porte si sono aperte

Dal Nostro Inviato A Bruxelles Giorgio Ferrari

Turgut Ozatek e Serap Khassadiy appoggiano con preoccupazione i loro
telefonini sul nastro del metal detector che scrutina implacabile i
visitatori del Justus Lipsius, guardandoli scomparire al di là di una
tendina gommosa con i loro giubbotti colorati. Turgut e Serap sono
marito e moglie e lavorano per una tv di Ankara.
È la prima volta che vengono a Bruxelles, ma forse è la prima volta
in assoluto che mettono piede fuori dalla Turchia. C’è da scommettere
che molti di quei 687 giornalisti turchi ufficialmente accreditati al
vertice che si è aperto ieri nella capitale belga sono in trasferta
per la prima volta. Ma è impossibile non notare questa pacifica
invasione di colleghi turchi che da soli hanno occupato metà degli
spazi di lavoro disponibili e rappresentano l’involontaria metafora
della grande paura che serpeggia in Europa e che ha trovato la sua
catarsi proprio qui, nel cuore del palazzo del potere temporale dei
capi di Stato e di governo dell’Unione europea, gli stessi che ieri
notte hanno deciso di dare avvio ai negoziati di adesione della
Turchia nella Ue (insieme alla Croazia e all’ingresso di Romania e
Bulgaria). Il ministro degli esteri Gianfranco Fini ha annunciato per
primo che «è stata definita la data dei negoziati che partiranno con
il secondo semestre del 2005». Poco dopo lo stesso premier indicava
una data: 3 ottobre. Quindi il presidente della commissione Josè
Manuel Durao Barroso: «Stasera abbiamo aperto le porte alla Turchia».
«È interesse dell’Europa e dell’Occidente in generale che la Turchia
entri a far parte dell’Unione europea», aveva annunciato poco prima
Silvio Berlusconi al termine di un incontro all’Hotel Conrad con il
premier turco Tayyp Erdogan. «Erdogan confida che io possa
intervenire per fare aprire i negoziati – ha detto -. Mi batterò per
avere una data immediata, senza precondizioni. Sono convinto che sia
interesse del popolo europeo e dell’Occidente di avere la Turchia
nell’Unione europea per avviare il dialogo tra due culture». La
stessa scelta di fissare il negoziato tra nove mesi deriva dalla
volontà di dare tempo al parlamento turco per approvare il
riconoscimento di Cipro. Dal canto suo, Erdogan ha assicurato che i
turchi faranno «tutto il possibile» e si è detto disposto a parlare
con il presidente cipriota Tassos Papadopolus. Italia e Gran Bretagna
sono i grandi sponsor di Ankara (ieri si è raggiunto un compromesso
in sede Ppe), che gioca la carta cipriota del riconoscimento per
alzare la posta. Se ne continuerà a parlare oggi, ha confermato il
presidente di turno dell’Ue, il premier olandese Jan Peter
Balkenende.
E veniamo alla grande paura, che mette contro i francesi e il loro
presidente (perfino l’Ump contesta Chirac mentre l’opposizione gli dà
del monarca assoluto), danesi e olandesi contro la Commissione (a
Copenaghen qualcuno ha messo il burqa alla «sirenetta»), tedeschi
dell’Spd contro tedeschi popolari (questi ultimi, Angela Merkel in
testa, preoccupatissimi per un’Europa scristianizzata e in procinto
di diventare paramusulmana), euroscettici ed euroentusiasti con
schieramenti trasversali indecifrabili e ottimismi di facciata
altrettanto ridicoli. In realtà sono i numeri a far paura: 70 milioni
di turchi, il Paese più vasto d’Europa, una proporzione di muslmani
che salirebbe dal 3% di oggi al 20% di domani. E sullo sfondo, una
Costituzione pensata a stento per gli equilibri attuali e decisamente
squilibrata e incompleta nel caso la Turchia diventasse membro a
tutti gli effetti.
E allora ci sono due modalità di reazione alla grande paura: quella
del rifiuto esplicito (come fa la Lega in Italia, le destre xenofobe
europee e sottotraccia molti cuori moderati) e quella della corsa in
avanti, come fanno gli eurottimisti. «La nostra visione per la
Turchia – dice Barroso – è chiara: non cerchiamo una soluzione a
metà. Se dobbiamo aprire i negoziati, questo dovrà essere fatto
avendo in testa la prospettiva di un’adesione completa». Rottura,
adesione, partenariato pr ivilegiato. Sono le tre tavolette su cui si
gioca la difficile partita turca, che come posta ha l’ammissione di
responsabilità del genocidio armeno, il riconoscimento di Cipro,
passi concreti sulla strada dei diritti umani e l’accettazione di un
lungo percorso dilatorio, revocabile nel caso l’anomalia turca
diventasse un ostacolo all’integrazione europea. Una posta troppo
alta perfino per Erdogan e per chiunque insegua quel sogno nato
quarant’anni fa: il sogno di portare la testa dell’Anatolia nel cuore
dell’Europa, mutandone la carta geografica e gli equilibri in nome di
un laicismo musulmano moderato.

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Il politologo Alexandre Del Valle mette in guardia Bruxelles: ad Ankara comandano gli islamici radicali

La Padania, Italia
giovedì 16 dicembre 2004

«Turchia nell’Ue, il suicidio dell’Occidente»

Lo studioso francese denuncia la “deriva imperialista” di un’Europa
“infantile”

roberto pich

La Turchia in Europa? Un errore madornale, uno dei tanti che
l’Occidente – e l’Europa in particolare – da un po’ di tempo ama
buttarsi sulle spalle per giustificarsi davanti alla propria storia e
zittire la propria cattiva coscienza. Ne è convinto Alexandre Del
Valle, studioso francese di geopolitica e attento osservatore del
fenomeno Islam soprattutto negli ultimi anni.
Professor Del Valle, queste ultime settimane, un po’ in tutti i Paesi
europei, si è acceso il dibattito sull’ingresso della Turchia nella
“famiglia” europea. Lei come giudica un’eventuale futura adesione a
pieno titolo di Ankara all’Ue?
«Sarebbe un fatto gravissimo per più di un motivo: innanzitutto la
Turchia non è assolutamente uno Stato europeo, anche se parte dei
suoi abitanti lo sono per lontana origine, benché islamizzati e
turcizzati, e una parte ancor più piccola del suo territorio lo è dal
punto di vista geografico. Ma la Turchia non può assolutamente dirsi
uno Stato europeo, né per la storia né per la cultura. Di più, la
Turchia è e rimane uno Stato fortemente negazionista, che ancora oggi
non accetta le responsabilità dell’Impero Ottomano nel genocidio del
popolo armeno. E per finire, rimane un Paese militarista e direi
anche fascista, dove i diritti umani sono rispettati solo sulla
carta: per non parlare della presenza turca a Cipro, alla quale
Ankara non vuole assolutamente rinunciare».
Un riconoscimento del genocidio armeno per mano turca e una soluzione
alla questione cipriota non basterebbero dunque a suo avviso nel
rendere accettabile l’ingresso turco in Europa?
«No, non foss’altro che la Turchia – lo ripeto – non è un Paese
europeo. Ha una grande storia, sicuramente una grande civiltà: ma non
è europea. In questo non c’è niente di male, semplicemente esiste una
diversità che va riconosciuta. Così come va riconosciuta anche la
profonda intolleranza della società turca: chi non è maomettano viene
tacciato di “infedele”, come gli ebrei turchi che vi abitano da
secoli, o gli assiro-caldei che abitavano la Turchia prima che
nascesse Maometto, ma oggi sono solo gavur, infedeli».
I sostenitori dell’ingresso della Turchia nella Ue ripetono però che
si tratta di un Paese null’affatto radicale, con una forte laicità
delle sue istituzioni. È così?
«Se è pur vero che i militari, i “custodi” in un certo senso della
Turchia kemalista e quindi laica, detengono ancora un certo potere, è
altrettanto vero che proprio Bruxelles sta spingendo Ankara ad una
loro esautorazione dalle leve del comando, con grande soddisfazione
dell’attuale governo Erdogan. In sostanza, si dice alla Turchia di
mettere da parte i militari, come una delle condizioni per il suo
ingresso in Europa, dimenticando allo stesso tempo – o facendo finta
di dimenticarsi – che una volta spezzato il potere dell’esercito,
addio laicità della Costituzione».
L’attuale premier Recepp Erdogan e il suo governo non sarebbero
quindi quegli islamici moderati che vogliono apparire?
«Assolutamente no. Anzi. Lo stesso Erdogan ha una paura folle
dell’esercito che contribuì in passato alla sua carcerazione per
istigazione all’odio religioso. Si figuri che il premier ha mandato
le sue figlie a studiare negli Stati Uniti…».
Sembrerebbe invece un bell’esempio di laicità e di “modernismo”…
«Tutt’altro. Le ha mandate negli Usa perché in Turchia la
Costituzione kemalista vieta l’uso del velo e dei simboli religiosi
nelle Università, mentre in America hanno la possibilità di
indossarlo liberamente».
Le polemiche dei mesi scorsi sulla proposta di considerare
l’adulterio come reato non erano dunque uno scivolone di poche teste
calde.
«Tutt’altro. La loro intenzione, quella di chi è oggi al governo in
Turchia, è quella di distruggere pezzo a pezzo l’impalcatura
kemalista dello Stato per sostituirvi infine la sharia, la legge
coranica».
E Bruxelles si presta a questo gioco?
«Come tante volte nella nostra storia, l’Occidente gioca contro se
stesso: e il finto europeista Erdogan ringrazia per l’aiuto. Se va
vanti così, tra vent’anni lo Stato kemalista sarà distrutto, gli
islamici radicali avranno il potere in mano. E l’Occidente dovrà
ringraziare se stesso ancora una volta».
Occidente suicida in quale altre occasioni?
«Quando aiutò Komehini, quando addestrò i guerriglieri musulmani alla
guerra santa contro l’Unione Sovietica: Bin Laden e i talebani sono
nati per mano dell’Occidente».
Eppure, nonostante tutto questo, non sembra esservi una grande
ostilità all’idea di una Turchia nella Ue, almeno a livello politico.
Come mai?
«In realtà esiste un fronte anti-turco, a cominciare dalla Lega e
dall’Udc in Italia, a buona parte dei partiti austriaci,
all’opposizione danese. Ed è anche vero che a Strasburgo, seppur 400
deputati hanno votato a favore dell’apertura dei negoziati con
Ankara, 250 hanno invece votato contro».
Tornando alla questione cipriota: tempo fa la Grecia rifiutò il
cosiddetto “piano Annan” per la soluzione della controversia con la
Turchia. Oggi Ankara e i suoi supporter si fanno scudo di quella
decisione.
«Il piano Annan era improponibile per i greci che bene hanno fatto a
non accettarlo. Si figuri che ai ciprioti greci era vietato perfino
ricomprarsi le case dalle quali erano stati cacciati dai soldati
turchi. E sa chi l’aveva steso quel piano? Un inglese. Perché non
dimentichiamo che dietro la Turchia c’è soprattutto la Gran Bretagna
con i suoi interessi strategici e militari nella zona».
Perché tanti politici europei farebbero carte false pur di vedere la
Turchia in Europa?
«Per servilismo verso gli Stai Uniti, da un lato. E per cattiva
coscienza».
Cioè?
«A mio parere in questa vicenda, gioca molto la cattiva coscienza
europea, i suoi sensi di colpa per il periodo coloniale. E così,
invece di risarcire o di scusarsi con i Paesi effettivamente
colonizzati, ci si mette la coscienza a posto caldeggiando l’ingresso
di un Paese islamico come la Turchia».
E, Dio non voglia, se la Turchia entrerà veramente nella Ue a tutti
gli effetti?
«Avrebbe la maggioranza relativa di deputati a Strasburgo, e allora
ci sarebbe da ridere…».
Ha parlato di servilismo verso gli Usa, e in effetti Washington è uno
dei massimi sponsor di Ankara nell’Ue. In un suo libro di qualche
anno fa (Guerre contro l’Europa: Bosnia, Kosovo, Cecenia…),
all’epoca dell’intervento americano in Kosovo, lei sosteneva
l’intenzione degli Stati Uniti di favorire una “dorsale verde”
turco-islamica” in funzione anti-russa e anti-europea, dall’Albania
all’Afghanistan. È ancora di questa idea?
«È tutt’oggi una mia convinzione che a lunga scadenza l’intento degli
Usa sia quello di impedire la rinascita dell’ex nemico russo
utilizzando questa “dorsale verde”, favorendo l’indipendenza dei
paesi musulmani dell’ex Urss per far perdere a Mosca il controllo
delle riserve di petrolio e di gas. In più la creazione di Stati
islamici nei Balcani servirà a buttare fuori la Russia dall’Europa e
creare instabilità nel nostro continente».
Come giudicherebbe invece un ingresso della Russia nell’Ue?
«Sono assolutamente favorevole: la Russia è un paese europeo sotto
ogni aspetto, nonostante la visione anglosassone – ma anche cattolica
– del mondo cristiano ortodosso, considerato “esotico” e
“orientaleggiante”. Ma la storia della Russia, la sua civiltà e
cultura sono lì a dimostrare esattamente il contrario: che la Russia
è Europa a tutti gli effetti, a differenza della Turchia. E con la
Russia, con il suo esercito e le sue riserve energetiche, l’Europa
sarebbe certamente più forte. Certo, si tratterebbe di un
avvicinamento a lunga scadenza, almeno fintantoché la Russia vede
l’Europa come un club filo-Atlantico».
Cosa ne pensa dell’appoggio Usa e Ue al separatismo ucraino?
«Non trovo per nulla giusto da parte degli Usa appoggiare una destra
cattolica antisemita come quella ucraina, solo per creare difficoltà
alla Russia. Purtroppo l’Europa suicida segue a ruota, con
l’eccezione di qualcuno come Berlusconi che mi sembra più
equilibrato».
Qualcuno l’accuserà di anti-americanismo.
«Sono tutt’altro che anti-Usa. Anzi, nell’Ump, il partito al quale
aderisco, sono promotore di una corrente filo-americana e
filo-atlantica. Ma essere amici degli Stati Uniti non significa dire
sempre “sì” a Washington».
Ma questa Ue, cos’è? E cosa vuole diventare?
«L’Europa è un’entità che soffre di servilismo verso gli Usa, e che
sta andando verso una deriva imperialista».
Addirittura?
«Chi non è in grado di darsi dei confini, come l’Ue, soffre di
imperialismo. Se l’Ue è disposta ad accettare la Turchia in nome
dell’idea unica del “rispetto dei diritti umani” e della
sottoscrizione di qualche trattato, allora ha deciso per un
allargamento di tipo imperialista. La Ue con la Turchia non sarebbe
più Europa ma Eurasia. E dopo la Turchia, perché non il Marocco,
l’Iran o la Tunisia?».
C’è un eccesso di economicismo dietro a questa deriva?
«Non direi. Si possono fare ottimi affari, come fa la Svizzera,
restandone al di fuori. Ma l’Ue è prostrata dal servilismo verso gli
Usa e dal “politicamente corretto”».
Ma servilismo verso gli Usa e aspirazioni imperialiste non sono in
contraddizione?
«È in effetti un “Impero infantile” (come lo definisce un libro in
uscita in Francia) che si fonda sull’idea unica dei “diritti
dell’uomo”, base astratta di una falsa identità: un pretesto in
definitiva per giustificare un allargamento senza fine. La Ue è una
sorta di “aspirante impero” frustrato dalla potenza militare
dell’omologo impero americano. L’Ue si sta costruendo come vogliono
gli Usa e le rare contrapposizioni diplomatiche sono dovute
essenzialmente a motivazioni “nazionalistiche” di singoli politici,
come il filo-arabismo francese di Chirac».
Infine, ritiene un errore non aver inserito il richiamo alle radici
cristiane nella Costituzione Ue?
«Senz’altro un errore molto grave, nonostante che più voci di siano
levate di contro: come l’Ump in Francia, l’Udc e la Lega in Italia, o
lo stesso Berlusconi. Non sarebbe stato un ritorno alla teocrazia,
come sostenuto da alcuni in maniera pretestuosa, ma piuttosto il
riconoscimento del fatto che tanti valori laici hanno la loro origine
proprio nelle radici giudeo-cristiane dell’Europa».
Sarebbe stato un segnale forte anche verso Ankara?
«Verso Ankara e verso tutti gli altri paesi islamici che vorrebbero
entrare nella Ue. Sarebbe servito a far capire che l’Europa definisce
se stessa anche religiosamente, nel senso culturale del termine.
Invece oggi Erdogan può dire che l’Europa non è un club cristiano e
che anche la Turchia ha il diritto di farne parte».

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Josè Barroso, sul patto di stabilità ascolteremo Berlusconi con attenzione;

ItaliaOggi
17 dicembre 2004

Aperti ieri in serata i lavori del consiglio europeo. Il premier: non
prevedo resistenze alla mia idea.

by da Bruxelles Federica Zoja

‘Non è previsto nell’agenda di questo vertice che si discuta del
Patto di stabilità, il Consiglio non prenderà nessuna decisione in
merito ‘.

È quanto ha dichiarato il presidente della Commissione europea, Josè
Manuel Durao Barroso, nel corso dell’incontro con la stampa
internazionale di ieri mattina a Bruxelles.

Nel rispondere alle domande dei giornalisti riguardo all’intenzione
del premier italiano, Silvio Berlusconi, di intervenire in serata al
Consiglio europeo per proporre una revisione del Trattato, Barroso,
inoltre, ha sottolineato: ‘La credibilità del Patto è più che mai
valida; la sospensione delle procedure per deficit eccessivo contro
Francia e Germania è motivata, nessun paese gode di privilegi. Una
cosa è chiara, che quando ci sarà la discussione, sotto presidenza
lussemburghese, sarà basata su due pilastri, la credibilità del patto
e la sua applicazione a tutti i paesi membri, indipendentemente dalla
loro dimensione. So che Berlusconi vorrà parlare dell’argomento. Noi
ascolteremo le preoccupazioni del presidente italiano con la più
grande attenzione e vi posso garantire’ ha poi proseguito più in là
riferendosi al negoziato sotto presidenza lussemburghese ‘che
discuteremo in modo approfondito, e la Commissione giocherà un ruolo
determinante’.

Ma proprio Silvio Berlusconi ieri poco prima di raggiungere il
palazzo Justus Lipsius per i lavori del Consiglio europeo, si è detto
fiducioso che la sua proposta di ripartire su più esercizi le spese
per gli investimenti, ai fini del calcolo del deficit per i parametri
di Maastricht, sarà accolta da tutti i partner europei. ‘Credo che su
questo tema non ci dovrebbero essere resistenze da parte di alcun
paese’, ha spiegato il presidente del consiglio. Il premier ha
spiegato di non averne parlato con gli altri leader del Ppe cui aveva
già avuto modo di illustrare la sua idea di applicare la cosiddetta
golden rule. ‘Nessuno può dire no a una proposta di assoluta
ragionevolezza’, ha sottolineato.

Al vertice europeo apertosi ieri sera sotto la presidenza di turno
dell’Olanda, la Commissione si presenterà con un dossier di temi
caldi, riguardo ai quali solleciterà gli stati membri a lavorare
costruttivamente.

Il presidente ha ribadito: ‘Il tempo delle negoziazioni con la
Turchia è arrivato. L’adesione di questo paese all’Unione europea non
è paragonabile a quella degli altri Stati, sarebbe inutile
nasconderlo, ma ci sono importanti segnali da parte del governo turco
di un avanzamento della democrazia. Come il mio predecessore, esprimo
il mio supporto personale e quello della Commissione all’apertura
delle negoziazioni’.

La questione turca, però, rischia di sovrapporsi a quella
dell’adozione della Costituzione in quei paesi in cui è previsto, già
nei primi mesi del 2005, il referendum (in Spagna il 20 febbraio
prossimo ): ‘È importante che l’informazione in proposito sia chiara:
accettare la carta costituzionale non equivale ad accettare
l’ingresso della Turchia né di altri stati nell’Unione’.

Qualora il Consiglio, come è probabile, dovesse dare il proprio
assenso, dopo quello del parlamento mercoledì scorso, alle
negoziazioni, ‘si aprirà la vera sfida’ ha commentato Josè Barroso
‘non tanto diplomatica quanto sociale. Che cosa sapranno fare i 25
per favorire un dialogo fra le rispettive società e quella turca?’.

A coloro che fino all’ultimo hanno chiesto di aggiungere alle
condizioni di Copenhagen il riconoscimento da parte della Turchia del
genocidio armeno, il governo francese in primis, il presidente ha
voluto rispondere: ‘Non è corretto sollevare nuovi criteri all’ultimo
momento: negli anni a venire si potrà allargare la prospettiva’.

Allo stesso modo, una revisione del sistema di voto a doppia
maggioranza introdotto dalla Costituzione è un’ipotesi ‘attualmente
fuori discussione’: in virtù del fattore demografico, la Turchia, con
una popolazione di 71 milioni di abitanti, avrebbe lo stesso potere
politico della Germania. È in discussione, dunque, l’intero
equilibrio del progetto europeo’.

Ma di fronte al consiglio, Barroso esprimerà anche il proprio
supporto all’allargamento dell’Unione a Romania e Croazia, e una
raccomandazione a rafforzare il ruolo dei 25 in politica estera e le
misure anti-terrorismo.

Nel frattempo, nella mattinata di ieri il parlamento europeo ha
approvato il budget 2005, il primo relativo ai 25, così come
elaborato dalla Commissione Prodi. Il documento finanziario contiene,
per la prima volta, un riferimento alle priorità politiche: fra
questi, il sostegno alla strategia di Lisbona, la promozione dei
diritti fondamentali, il rilancio dell’economia, l’integrazione
effettiva dei nuovi 10 stati membri.

‘La Commissione ha obiettivi chiari, non si può dire lo stesso di
tutti i 25’, ha dichiarato lapidario Barroso. (riproduzione
riservata)

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This compilation was contributed to by:
Katia Peltekian

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