La Turquie, un allie extra-europeen

Le Monde, France
15 octobre 2004

La Turquie, un allié extra-européen ;
AU COURRIER DES LECTEURS

Jean Berry

Même si la Turquie se conformait intégralement à tous les critères de
Copenhague (droits de l’homme, etc.), même si elle reconnaissait le
génocide arménien, même si tous ses musulmans admettaient que la
religion n’a pas à interférer sur la politique, en un mot, même si
elle devenait demain une démocratie modèle et laïque, la Turquie ne
ferait pas pour autant partie de l’Europe.

Et tout l’argent que nous coûterait une adaptation minimale de son
niveau de vie serait mieux utilisé à aider des pays pauvres mais
européens comme la Roumanie ou la Bulgarie, afin de bâtir à terme une
Europe forte, cohérente et solidaire, à l’intérieur de frontières
bien définies et intangibles.

Ceci dit, il est urgent de ne pas désespérer la Turquie, un grand
pays, indiscutablement en progrès, en lui offrant immédiatement un
partenariat privilégié sur les plans industriel, économique et
stratégique, mais en aucun cas politique. Cela signifie permettre la
libre circulation des marchandises et de l’argent, mais non pas des
personnes, lesquelles resteraient soumises aux conditions actuelles.
L’Europe ne saurait devenir une zone de libre échange, sans colonne
vertébrale, telle que le souhaitent les Etats-Unis.

Que le Parlement prenne ses responsabilités devant le peuple, en
votant rapidement une motion limitant impérativement le mandat de
Jacques Chirac, le 17 décembre. Il est évident que dans 10 ou 15 ans
on ne pourra plus faire marche arrière !