Les opposants se mobilisent

Le Figaro, France
21 juillet 2004

Les opposants se mobilisent

Cécile de Corbière
[21 juillet 2004]

En réaction à la visite du premier ministre turc, le parti
FRA-Daschnaktousioun (Fédération révolutionnaire arménienne) et le
Parti arménien démocrate libéral (PADL), accompagnés de Michel
Tubiana, président de la FIDH (Fédération internationale des droits
de l’homme), ont exprimé leur opposition à l’ouverture des
négociations avec la Turquie. Varoujan Sirapian, représentant du
PADL, a repris point par point les arguments en faveur de la Turquie.
Et, point par point, les a réfutés. La Turquie est une nation
européenne ? L’héritage judéo-chrétien et gréco-romain «a été balayé
par la turquisation et l’islamisation du pays», dont, selon lui, «le
point culminant a été le génocide arménien». L’Europe ne doit pas
être un club chrétien ? «C’est à la Turquie de montrer qu’elle est
pluraliste et non l’inverse.» Quant à Erdogan, il s’est,
affirme-t-il, «déclaré ouvertement favorable à la polygamie». Bref,
«la Turquie n’est pas encore apte à intégrer l’UE». Ces propos ont
provoqué la colère du président de la FIDH, Michel Tubiana, qui a
refusé catégoriquement de les cautionner. Son combat se joue sur le
terrain des droits de l’homme et n’est pas affaire de religion. Comme
la FRA et son représentant Mourad Papazian, il n’est pas contre une
intégration à terme de la Turquie. Mais il considère que le volet
politique des critères de Copenhague, que la Turquie doit satisfaire
pour intégrer l’Europe, n’est pas respecté. Pour la FRA et la FIDH,
ce volet signifie pour Ankara la reconnaissance du génocide arménien,
la fin de l’occupation de Chypre par la Turquie, le respect de la
minorité kurde. Papazian réclame un report de l’ouverture des
négociations, ainsi qu’un audit généralisé en Turquie.