Pays de Concarneau. Un mariage en Arménie… sans le marié !

Radio Notre Dame
14 juin 2018
 
 
Pays de Concarneau. Un mariage en Arménie… sans le marié !
 
Pierre Fontanier
La victime présumée de cet abus de faiblesse habite dans une commune du pays de Concarneau (Finistère). En 2015, son voisin lui avait présenté sur Skype une Arménienne d’une quarantaine d’années. Il lui avait ensuite demandé 50 000 € en moins de deux mois (virements, chèques et argent liquide) pour le marier avec elle, en Arménie. Mais d’après le prévenu, la fête a eu lieu sans le marié. Retour sur le procès, ce jeudi 14 juin devant le tribunal correctionnel de Quimper.
 
Un sexagénaire est poursuivi pour abus de faiblesse, ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Quimper (Finistère). Il est soupçonné d’avoir organisé le mariage de son voisin, un vieux garçon domicilié dans une commune du pays de Concarneau, avec une Arménienne d’une quarantaine d’années.
 
 
Il avait organisé la rencontre sur le logiciel de messagerie Skype en avril 2015. Un mois et demi et quelques clics de souris ont suffi à faire naître l’amour. « Je lui ai présenté plusieurs femmes sur Skype, il a choisi celle-là. » Devant le souhait de la victime présumée de se marier avec elle, il lui demande près de 50 000 € en deux mois pour organiser ce mariage dans un restaurant arménien, avec l’aide de son frère qui vit sur place. Virements, chèques et liquide.
 
Sauf que « sous la pression » de certains de ses voisins qui lui déconseillent d’aller au bout de son projet comme il l’exprime lui-même à la barre, le voisin décide, juste après sa soirée d’anniversaire, d’annuler le mariage et de porter plainte contre l’organisateur. « Ce mariage a eu lieu ? » questionne la présidente Mylène Sanchez. « Il y a eu une fête sans lui et sans moi » répond le prévenu.
 
3 jours, 350 invités, all inclusive et feu d’artifice
 
Une « petite » sauterie avec 350 personnes, des danseuses et musiciens professionnels réunis pendant trois jours. Nourriture et boissons à volonté. Feu d’artifice. « Ça ne s’annule pas, une fête en Arménie ? » s’étonne la magistrate. « Non, tout était en place. Ils ont sauvé les apparences comme ils ont pu » répond le prévenu avec aplomb. Il avait demandé à son voisin de ne parler à personne de ce projet de mariage.
 
La procureure Brigitte Chevret s’étonne qu’aucune facture du restaurant ne figure au dossier.« Pourquoi ne pas lui avoir rendu l’argent ? » demande-t-elle au prévenu. « Le mariage a eu lieu. Pourquoi je lui aurais rendu l’argent alors que c’est lui qui a cassé le mariage au dernier moment ? On ne parle que d’argent, on a complètement oublié le côté sentimental de cette histoire » lance le prévenu fleur bleue.
 
Pour Me Laëtitia Debuyser, l’avocate de la partie civile, « il n’y avait pas de mariage, c’est un coup monté ». Elle insiste sur le fait que son client soit « limité dans son jugement et sa mémoire ». Suffisamment pour croire à ce mariage d’après elle, qui demande 5 000 € de dommages et intérêts. Face à cette « chimère » qui relève davantage d’une « véritable escroquerie » que de l’abus de faiblesse pour lequel le prévenu est poursuivi, la procureure requiert 6 mois de prison avec sursis.
 
L’avocat de la défense, Me François Danglehant, qui a également défendu Dieudonné dans le passé, estime que cette affaire « aurait dû être confiée à un juge d’instruction. Les accusations reposent sur des supputations ». Il demande la relaxe. Le tribunal rendra son jugement le 5 juillet.