Paul Kaloustian au rendez-vous de l’Arménie

L'Orient-Le Jour, Liban
14 juin 2018
 
 
Paul Kaloustian au rendez-vous de l’Arménie
 
 
Conçu par Paul Kaloustian, le Smart Center de Lori repose sur la fusion de l’architecture et de la nature. Photo studio Paul Kaloustian
 
 
À Lori, Paul Kaloustian a fait la part belle à la nature en créant un bâtiment qui valorise les caractéristiques transcendantes du site montagneux, corridor routier entre l’Arménie et la Géorgie.
 
May MAKAREM | OLJ
15/06/2018
 
 
 
Conçu par l’architecte libanais Paul Kaloustian, le Smart Center commandité par le Fonds pour les enfants d’Arménie (COAF) vient d’être inauguré à Lori, la plus grande province d’Arménie. Dans cette région, située à la frontière nord du pays, bordée de montagnes et entrecoupée de gorges, Paul Kaloustian a planté une institution d’éducation et de formation, dédiée aux technologies de l’information, aux arts et à l’artisanat, ainsi qu’aux sports.
Le centre, qui va desservir 20 villages de la région, s’étale sur 5 000 m², et repose sur la fusion de l’architecture et de la nature dans cette région, berceau du musicien Sayat-Nova, du concepteur de l’avion MiG Artem Mikoyan et de son frère l’homme d’État soviétique Anastas Mikoyan, élu en 1964, après la mort de Khroutchev, à la tête du Soviet suprême.
 
Suivant la topographie du site, le bâtiment de plain-pied s’étend horizontalement aux pieds des montagnes qui le bordent, créant une allée sinueuse en forme de ruban. « Choix inhabituel dans cette région, la structure en béton armé et métal intègre des espaces qui marquent la transition entre le dedans et le dehors », explique l’architecte, indiquant que « le volume du bâtiment s’amenuise doucement et se désagrège en une promenade en plein air », c’est-à-dire dans une cour de 7 000 m² qui estompe toute barrière entre l’homme et son environnement. La limite entre eux est volontairement gommée. « La nature pénètre le bâtiment, celui-ci s’y intègre et ceux qui y vivent sont baignés de lumière. L’immensité du paysage éclipse la structure », ajoute-t-il, signalant aussi que les paramètres contextuels tant ruraux que topographiques ont clairement orienté le projet.
 
Outre les laboratoires informatiques, les salles de classes et bibliothèques, le campus dispose d’un auditorium pour spectacles, d’un restaurant, ainsi que des installations adjacentes comprenant un terrain de sport et des ateliers pour diverses activités. Une garderie est située dans une structure séparée ; tandis qu’une autre « construite à moitié sous terre, face au soleil du Sud », abrite le quartier des collaborateurs participant au programme. Là aussi, « un mur planté dans le paysage prend du volume lorsque le visiteur entre par la porte. Mais ce volume se brise en une extension vers le paysage qui se déroule au-delà de la longue façade vitrée… » Au menu également, les sources d’énergie renouvelable, qui ne s’épuiseront pas à l’échelle du temps humain.
 
 
Réduire la pauvreté rurale
Paul Kaloustian a donc produit un projet qui a tenu compte et fait preuve d’une sensibilité au lieu. Le « Smart Center » a été présenté en événement parallèle à la 15e Biennale de Venise. Un autre des projets de l’architecte, « House in a Forest », a été exposé le temps de la 13e Biennale, ainsi qu’à l’Institut du monde arabe à Paris et à Londres dans le cadre d’une manifestation intitulée « Atlas of the Unbuilt World ». L’architecte a, en outre, récemment reçu le 3e prix du concours international lancé pour la construction du nouveau musée national de Chypre à Nicosie.
 
Diplômé de l’ALBA et de la Harvard Graduate School of Design, Paul Kaloustian a travaillé à l’agence d’architecture suisse Herzog et de Meuron à Bâle (2000). Il a enseigné au Boston Architecture Center et à l’American University of Beirut (2009-2010). Il a reçu le prix Samir Mokbel, et celui de l’ordre des ingénieurs et architectes pour son « Mémorial du génocide arménien », qui lui a valu la mention Très bien en 1997.
 
Children Of Armenia Fund (COAF), présidée par le philanthrope américain Garo Armen et le légendaire galeriste d’art new-yorkais, Tony Shafrazi, est une organisation non gouvernementale à but non lucratif. Elle utilise des approches dirigées par les communautés pour réduire la pauvreté rurale, avec un accent particulier sur les jeunes. Depuis le lancement de ses programmes en 2004, le COAF a financé et mis en œuvre des programmes d’éducation, de santé, de développement communautaire et économique desservant plus de 28 000 personnes dans les villages ruraux d’Arménie. C’est en 2015 que le COAF a lancé Smart, un modèle sans précédent de prestation de programmes éducatifs holistiques supérieurs et pertinents dans les régions rurales, axés sur la technologie, la durabilité, les arts, la linguistique, les affaires et l’engagement civique.