L’univers Tres Contraste De Simon Abkarian

L’UNIVERS TRES CONTRASTE DE SIMON ABKARIAN

Le Figaro, France
27 mars 2014

Par Armelle Heliot le 17 mars 2014

Le comedien rendu celèbre par la television n’oublie pas ses racines.

Il a ecrit une pièce un peu folle qu’il met en scène avec brio.

Simon Abkarian sous-titre lui-meme sa pièce >.

Il installe ainsi, immediatement, une couleur.

Elle est vive.

Photo Antoine Agoudjian

On est sous le soleil de la Mediterranee et on pourrait s’imaginer a
Marseille, accent de Nouritsa, la maman, oblige. Ariane Ascaride,
tendre, acide, merveilleuse, surveille avec une autorite sans
rudesse son petit monde. Elle trime tandis que la tante Sandra,
intellectuelle et excentrique, philosophe et persifle. Judith Magre
donne a ce personnage savoureux son intelligence rayonnante.

Dans la maison de Theos, Simon Abkarian, mâle dominant sûr de son
pouvoir, il y a deux filles a marier. C’est la grande affaire du
moment. Pour Astrig, Chloe Rejon, delicieuse, tout est regle. C’est
meme le coeur de l’action : on lui a choisi un fiance, Aris, le vif
Cyril Lecomte, pas un foudre de guerre, mais… Sa mère Vava, Marie
Fabre, epatante, viendra en grand apparat le presenter. On est plus
inquiet pour l’aînee, Zela, la splendide Oceane Mozas. Mais un bel
etranger, Xenos, Igor Skreblin, une nature, viendra la reveiller.

Ajoutons un petit dernier, Elias, compose avec esprit par la très
fine Clara Noël qui est bouleversante en Sophia, la petite voisine
mise a mal par un père egare qu’incarne David Ayala.

Un decor astucieux laisse libre cours aux mouvements et changements
a vue, dans de très belles lumières et un travail sur le son et les
musiques interessant. Il faut accepter l’etrange melange d’une poesie
epique, d’un lyrisme imite – parfois maladroitement des Grecs – et
d’un prosaïsme qui ne craint pas la vulgarite. Rires comme chagrins
sont ici sublimes par le jeu.

Simon Abkarian, est un ancien comedien du Theâtre du Soleil.Plus tard,
a la MC93 de Bobigny, il fut l’ inoubliable heros d’ Une bete sur la
Lune qui parlait de l’Armenie.

Depuis quelques annees, il ecrit.

Pour qui voudrait monter cette pièce de l’exterieur, des difficultes
apparaitraient : l’ecriture est très particulière. Enfant du Soleil
et des Grecs, Simon Abkarian tente de trouver des accents lyriques,
des images epiques ou d’une poesie quotidienne.

En meme temps, ses personnages s’expriment avec une crudite qui
ecorchera les oreilles trop chastes : mais le monde des humbles et
fiers de la pièce, ne craint pas d’appeler un chat un chat. Il y
a donc parfois quelque chose de trivial, de violemment grossier,
de grosses allusions sexuelles, etc…

Mais c’est la verite de ce monde qui s’exprime ici avec une sante
certaine et si il y a, dans cette histoire, un homme qui ne se comporte
pas bien, l’auteur nous conduit quand meme a une certaine empathie
avec lui.

La première difficulte de la pièce est son ecriture très particulière :
a la fois lyrique par sa langue poetique, mais avec des bouffees de
prosaïsme. Dans ce monde, on appelle un chat un chat et Abkarian ne
deteste pas une certaine trivialite des scènes et des mots.

Il faut accepter ces contrastes et les ruptures de ton defendues
magistralement par l’ensemble des interprètes.

Ils incarnent avec sincerite et grand art leurs personnages dans un
espace degage où les elements de decor sont manipules a vue.

Le public s’amuse, rit enormement et est emu. Le rythme est excellent
et l’on ne voit pas passer les 2h30 sans entracte.

Nanterre-Amandiers, Grande salle. Duree : 2h30. Jusqu’au 6 avril.

Relâche le lundi (01 46 14 70 00).

From: A. Papazian

http://blog.lefigaro.fr/theatre/2014/03/lunivers-tres-contraste-de-sim.html