Together Against Genocide Denial

TOGETHER AGAINST GENOCIDE DENIAL

Dear Readers,

The protest communiqué is in French, but easily understandable. Could
you please click “like” and “share” it, post a comment if you wish and
ask your own networks to do the same and to disseminate it on their
turn so as to generate traffic on the site? Signed by major anti-racist
organizations, it has been published by the “Huffington Post”.

The legalization of denial of all genocides, except the Holocaust,
will have terrible implications in education, since it is now legal
to teach all sorts of lies and even to require students to write
denialist assignments concerning other mass crimes, including the
German Occupation as long as the Shoah is not denied, slavery,
Stalin’s crimes, the fate of Australian Aborigines, Korean women,
Bosnian civilians, Tutsis, etc.

It has become a fundamental human right to call all of these
“international lies” and to consider that denial contributes to a
“useful debate”. Consider that in primary or secondary school, where a
student who needs good grades, he or she will write what the teacher
expects…. And however gross the denial, no parent will be able to
sue denialist teachers.

Thank you.

*****

Séta Papazian, Huffington Post.fr, 20 décembre 2013
[]
Présidente du Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le
Négationnisme] []

Les personnalités et associations signataires expriment leur plus vive
inquiétude et leur indignation suite a l’Arrêt de la Cour européenne
des droits de l’homme publié le 17 décembre 2013 dans l’affaire Dogu
Perincek contre la Suisse (1). Cet Arrêt stipule non seulement que
nier le génocide arménien n’est pas un délit, mais il va au-dela,
en mettant en doute un “consensus général sur des événements tels
que ceux qui sont ici en cause”, a savoir le génocide arménien.

Par cette décision, la Cour européenne des droits de l’homme
estime que nier le génocide arménien est l’un des droits humains
fondamentaux. Pire, elle se fait le vecteur de la négation du
génocide arménien perpétré en 1915 dans l’Empire ottoman, en
bafouant la mémoire des victimes et les droits de leurs descendants.

La décision de la Cour (2), qui s’inscrit en droite ligne de la
politique négationniste de l’Etat turc, est un signe d’encouragement
adressé aux négationnistes du génocide arménien, qu’elle conforte
dans leurs discours de haine et leur racisme anti-arménien.

A l’heure où une partie de la société civile turque s’éveille a
un nécessaire travail de mémoire, la Cour européenne des droits
de l’homme apporte son soutien a un individu ultranationaliste,
incarcéré en Turquie dans le cadre du réseau criminel Ergenekon
(3) et ancienne cheville ouvrière du sinistre Comité Talaat Pacha,
le “Hitler” turc, qui défile dans les rues des capitales européennes.

Dogu Perincek, qui – par un jugement du 9 mars 2007 du Tribunal de
Lausanne (Suisse) (4) Рavait ̩t̩ reconnu coupable de discrimination
raciale pour avoir qualifié de “mensonge international” le génocide
arménien, avait saisi la CEDH le 10 juin 2008 pour obtenir le droit
de nier le génocide arménien. Il a donc obtenu gain de cause. Ce
personnage, condamné a la prison a vie en Turquie, a recu le soutien
du gouvernement turc qui a “adressé des observations a la Cour a
titre de tiers intervenant”.

Dans un rapport de 82 pages, la Cour estime que la condamnation de
Perincek en Suisse était une violation de l’article 10 (liberté
d’expression) de la Convention européenne des droits de l’homme. Mais,
comme le démontre son Communiqué (5), elle va bien au-dela de cette
simple affirmation.

Tout en prétendant ne pas se prononcer “sur la qualification juridique
du génocide arménien”, la Cour – faisant mine d’ignorer le travail
de centaines d’historiens internationaux – observe que “l’un des buts
principaux de la liberté d’expression est de protéger les points
de vue minoritaires […] sur des questions d’intérêt général
qui ne sont pas entièrement établies.” Elle se targue de distinguer
“clairement cette affaire de celles qui portent sur la négation des
crimes de l’Holocauste.”

Par “point de vue minoritaire”, la Cour européenne des droits de
l’homme désigne en fait un négationnisme d’Etat qui est l’alpha
et l’oméga d’une Turquie puissante, autoritaire, régulièrement
condamnée pour ses violations permanentes de la liberté
d’expression. Héritier du Crime, l’Etat turc poursuit – près
de 100 ans après le génocide – son Å”uvre destructrice par un
lobbying acharné. Il tente encore et toujours d’insinuer le doute,
de distiller ses théories falsificatrices concernant un génocide
impuni et s’évertue a instaurer aussi une insupportable concurrence
des mémoires.

Est-ce a la CEDH Рqui se cache derri̬re les imperfections de la loi
suisse pour justifier sa position – d’être la caisse de résonance
de ce négationnisme d’une violence inouïe pour les descendants
des victimes?

Le négationnisme n’est pas une opinion. A l’instar du racisme, c’est
un délit. Voire un crime: nier un génocide, c’est, selon Elie Wiesel,
“assassiner une seconde fois” les victimes.

La Suisse se doit de faire appel avec conviction (6) de la décision
du 17 décembre 2013. Alors que se profile le Centenaire du génocide
arménien qui sera commémoré dans le monde entier le 24 avril 2015,
il est impératif que “la reconnaissance internationale du génocide
des Arméniens et l’incrimination de la négation de ce génocide”
soient affirmées avec force par la Grande Chambre de la Cour
européenne des droits de l’homme.

Bientôt 100 ans de déni: cela suffit!

РS̩ta Papazian, Pr̩sidente du Collectif VAN (Vigilance Arm̩nienne
contre le N̩gationnisme) РCindy Leoni, Pr̩sidente de SOS Racisme
РAlbert Herszkowicz, Pr̩sident de Memorial 98 РJonathan Hayoun,
Président de l’UEJF (Union des Etudiants Juifs de France) – Jacky
Mamou, Pr̩sident du CUD (Collectif Urgence Darfour) РAlain Gauthier,
Président du CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda) –
Alain Jakubowicz, Président de la LICRA (Ligue Internationale Contre
le Racisme et l’Antisémitisme) – Bernadette Hétier, co-présidente du
MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples)
– Paul-Max Morin, Directeur exécutif de l’EGAM (European Grassroots
Antiracist Movement).

РMarcel Kabanda, Pr̩sident de Ibuka France

[1] Requête no 27510/08.

[2] Seuls deux juges, NebojÅ¡a VuÄ~MiniÄ~G (Montenegro) et Paulo Pinto
de Albuquerque (Portugal) ont tenu a se dissocier de la décision
choquante de la CEDH. Ils exposent en 29 points leurs objections
très documentées et rappellent la Décision-Cadre de l’Union
européenne, que tous les Etats membres ont a transposer dans leur
droit national afin de pénaliser “l’apologie, la négation ou la
banalisation grossière publiques des crimes de génocide, crimes
contre l’humanité et crimes de guerre”.

[3] Dogu Perincek a été arrêté en Turquie le 24 mars 2008 dans
le cadre de l’enquête sur le réseau ultra-nationaliste Ergenekon,
gang fasciste que l’on soupconne d’avoir fomenté l’assassinat
du journaliste arménien de Turquie, Hrant Dink, le 19 janvier
2007. Dogu Perincek, Président du Parti des Travailleurs en Turquie
(extrême-gauche ultranationaliste), a été condamné, le 5 aoÔt
2013, a la réclusion a perpétuité.

[4] Dogu Perincek a été condamné en Suisse pour ses déclarations
lors de diverses conférences qu’il avait tenues en mai, juillet et
septembre 2005, dans les cantons de Vaud, de Zurich et de Berne. Il y
avait nié publiquement l’existence de tout génocide perpétré par
l’Empire ottoman contre le peuple arménien en 1915 et avait notamment
qualifié de “mensonge international” le génocide arménien. Le
15 juillet 2005, l’Association Suisse-Arménie avait porté plainte
contre le requérant.

[5] “La nécessité de condamner la négation de la qualification de
génocide des atrocités survenues en Arménie pendant les années
1915 et suivantes n’a pas été démontrée” – Communiqué de la CEDH
– 17/12/2013.

[6] N’est-il pas surprenant que la juge suisse Helen Keller ait
voté contre son propre pays ? Faut-il mettre en perspective le peu
d’empressement de la Suisse a se défendre dans cette affaire, avec
la visite dans la Confédération helvétique, le 10 octobre 2013[5],
du ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, aux fins
de “développer les relations turco-suisses”?

http://www.huffingtonpost.fr/seta-papazian/negation-genocide-armenien_b_4475619.html
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=77584
http://www.keghart.com/Papazian-Vigilance