Prescription: A L’origine, Un Marseillais Franco-Armenien, Heros De

PRESCRIPTION: A L’ORIGINE, UN MARSEILLAIS FRANCO-ARMENIEN, HEROS DE GUERRE PUIS DE FILM

TV5 Monde, France
9 aout 2013

MARSEILLE (Bouches-du-Rhône), 09 août 2013 (AFP) – 09/08/2013 13h36 –
Ancienne figure des jeunesses communistes a Marseille dans les annees
70, puis de l’independantisme armenien, soupconne de braquage et
condamne par contumace, Gilbert Minassian fuit vers son pays d’origine
où il devient un heros de guerre, avant d’inspirer un film: c’est lui
qui a pousse la Cour de cassation a se prononcer sur la prescription.

Le 26 juin, la plus haute juridiction francaise a rendu un arret
qui a mis en emoi toute la scène politique francaise, en ouvrant la
voie a de nombreuses liberations de condamnes a des peines desormais
considerees comme prescrites.

Mais elle a d’abord donne raison au Franco-Armenien Gilbert Levon
Minassian, 57 ans, dit “Gib”, aujourd’hui installe en Armenie et qui
souhaitait a tout prix regagner Marseille après la prescription de sa
peine, a explique Me Gerard Tcholakian, confirmant des informations
de La Provence.

En 1989, l’homme a ete condamne par contumace a la perpetuite, par
la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, pour son implication dans
l’attaque d’un fourgon postal près de Marseille, qu’il a toujours niee.

Vingt ans après, sa peine devait etre consideree comme prescrite. Mais
la chancellerie s’y est opposee, estimant que des actes effectues
en 2004 et 2005 – un mandat d’arret europeen, notamment – avaient
interrompu cette prescription. La Cour de cassation en a decide
autrement.

Elle permet ainsi a M. Minassian d’envisager de revenir a Marseille,
la ville de son coeur, celle où “Gib” s’est d’abord illustre comme
un leader des jeunesses communistes a la fin des annees 1970.

“Comportement heroïque”

Puis, au debut des annees 1980, “il redecouvre son armenite a la
faveur du renouveau de la lutte armenienne” , explique Ara Toranian,
redacteur en chef des Nouvelles d’Armenie. Le magazine lui consacre
un portrait dès le lendemain de l’arret, bien avant que la polemique
sur les implications de cette decision ne surgisse.

Il rejoint alors le Mouvement de liberation armenien (MNA),
sympathisant de l’Armee secrète armenienne de liberation de l’Armenie
(Asala), mouvement armenien luttant pour l’independance et la
reconnaissance du genocide armenien.

“Il etait le representant du mouvement dans le sud-est”, explique M.

Toranian, qui le connaît depuis 30 ans.

Après neuf mois de prison preventive dans l’affaire du fourgon blinde –
la justice soupconne un braquage “revolutionnaire” pour financer le
mouvement, selon La Provence -, il est finalement libere. Il passe
rapidement dans la clandestinite et rejoint l’Armenie.

La-bas, il va s’illustrer par ses hauts faits de guerre, notamment
dans le conflit contre les Azeris au Haut-Karabakh. “Il a eu un
comportement heroïque”, souligne Me Tcholakian. Il participe ensuite
a la construction de l’armee armenienne après l’independance – a la
chute de l’Union sovietique en 1991 – et en obtiendra l’un des grades
les plus eleves, celui de colonel.

Son histoire, celle d’un militant communiste deracine de Marseille pour
devenir un combattant heroïque dans son pays d’origine, sans jamais
ce departir d’une nostalgie pour sa ville de naissance, Marseille,
a ete mise en image en 2006 par Robert Guediguian dans le film “Le
voyage en Armenie”, dans lequel Gerard Meylan prete ses traits au
militant, explique Gerard Tcholakian.

Au-dela de leur origine armenienne commune, Robert Guediguian
et Gilbert Minassian se sont notamment connus lorsqu’ils etaient
militants communistes a Marseille, tout comme Ariane Ascaride, qui
joue la fille du combattant armenien.

Gilbert Minassian, que l’AFP a tente de joindre sans succès, est
attendu “dans les prochains jours” a Marseille, assure Ara Toranian.

Il vient de recuperer son passeport a l’ambassade de France a Erevan,
confie Me Tcholakian.

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