L’histoire remarquable des Tashjians

ARMENIE
L’histoire remarquable des Tashjians

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Ani, Peto et Arin ont le même sourire, les mêmes larmes, les mêmes
yeux. Quand l’un se met à pleurer, les autres suivent, et le petit
appartement devient vraiment bruyant.

Les triplés sont nés le même jour, la même heure, apportant une grande
joie à la famille Tashjian.

« La première venue est Ani, elle pesait 2,25 kilos, puis Peto pesant
2,35 kg et le dernier venu Arin – 1,8 kilos. Nous disons que nos
enfants sont de vrais Arméniens, descendants de l’eau et du sol
arménien », a dit la mère gée de 40 ans Tamar Tashjian.

À la louange `vous êtes un héros`, Tamar répond : « C’est la volonté
du Seigneur, je suis si heureuse que tout soit arrivé en Arménie !`

Le père fier, Levon Tashjian calme Peto et dit : `c’est le nom des braves`.

Les Tashjians viennent du Liban, leurs racines remontent au village du
Musa Ler. Comme beaucoup de personnes du Musa Ler Musa, leurs ancêtres
ont aussi trouvé refuges à Anjar en 1939 et s’y sont installés.

« En 2008, nous nous sommes mariés et cette même année j’ai fait ma
première visite en Arménie et ait été submergée avec beaucoup
d’impressions. Au cours des quatre dernières années, nous avons
continué à aller et venir, puis finalement décidé de s’installer dans
notre patrie. Le bruit des bombes syriennes peut être entendu dans la
ville frontalière d’Anjar » a dit Tamar.

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Tamar a des problèmes de mouvement, elle passe la plupart du temps
assis ; son fauteuil roulant se trouve dans le coin de la pièce. Son
mari l’assiste pour s’occuper des triplets : il les nourrit et les
soigne, et en général, il est d’une grande aide à son épouse
physiquement affaiblit.

« La famille de Tamar et moi étions très proches. Quand son frère est
mort, j’ai commencé à faire des visites fréquentes. Puis sa s`ur, sa
mère et son père sont morts, et Tamar est restée toute seule », se
souvient Levon. « Un jour, je suis allé chez elle, Tamar a fait du
café pour moi, et je lui ai dit : `Tamar, si je vous demandais de
m’épouser, accepteriez-vous ?` et elle a demandé si c’était vraiment
mon choix. J’ai dit « oui, vous êtes une belle fille, et pour moi
votre esprit est ce qui importe. Je vous aime et c’est ainsi !`

Tamar interfère et continue l’histoire : « Eh bien, je suis désolé de
le dire, mais je boitais, je n’aurais jamais imaginé qu’il allait me
le proposer …`

Levon, maintenant gé de 60 ans, est un coureur professionnel. En
1974, il a remporté le championnat du Liban. Pendant des années, il a
représenté le Liban dans de nombreux pays. Tamar dit que son mari a
remporté 69 coupes et 150 médailles.

L’esprit indomptable d’un natif du Musa Ler a poussé Levon au Karabakh
en 1992 (pendant la guerre), où il a rejoint le bataillon de Chouchi.
Après la guerre, en 1994, il a effectué une année de service
volontaire dans l’armée, mais en raison du manque de résidence, il est
reparti au Liban. En 1996, il s’est rendu en Arménie occidentale
(Turquie orientale).

« Je me promenais autour des villes et des villages, j’ai pris des
photos des monuments arméniens historiques. À l’époque, ce n’était pas
une tche facile, cela était interdit, mais j’ai en quelque sorte
trouvé un moyen. En quittant [les ruines de l’ancienne capitale
arménienne] Ani j’ai jeté mon appareil photo dans la rivière Akhuryan
et j’ai caché un film dans ma chaussette, lors du passage des soldats
de garde `, rappelle Levon.

Après son retour, Levon a tenu une photo-exposition au Liban, au
Canada, aux Etats-Unis, en Arménie et au Haut-Karabakh, avec les
monuments arméniens sur le territoire de la Turquie moderne.

`Lors de l’exposition aux Etats-Unis le représentant au Congrès Adam
Schiff est venu vers moi (il représente la Cause arménienne au Congrès
américain) et a dit qu’il allait faire un bon usage de mes photos. Les
photos ont été démontrées au Congrès avec un seul but – pour montrer
le mauvais état des églises arméniennes, des ponts et des croix de
pierre qui étaient en Turquie », explique Levon.

En 1999, dans la matinée du 27 Octobre, Levon a rendu visite ensuite
au président du Parlement Karen Demirchyan et lui a donné en cadeau
les photos de l’église Sourp Khatch d’Akhtamar (Sainte-Croix) et de la
cathédrale St Marie, Mère de Dieu. Dans la soirée, il a appris avec
choc que Demirchyan avait été tué (dans l’attaque armée au parlement).

En 2005, Levon a juré de marcher d’Anjar vers le Musa Ler comme un
pèlerinage. En dix jours, il a traversé 750 kilomètres. Sur le haut du
Musa Ler (Montagne de Moïse), il a trouvé le monument aux 18 héros qui
sont morts dans la résistance du Musa Dagh (pendant le génocide
arménien) en complète ruine.

« J’ai décidé de transférer les reliques des héros au Liban. Leur
faire passer la frontière turque était un véritable défi, parce que la
loi de ce pays on risque 25 ans de prison pour avoir creuser une fosse
et qu’une autorisation spéciale est nécessaire. Mais qui m’aurait
accordé une autorisation de transférer les restes de ces héros ?
`dit-il.

Aujourd’hui, une partie des reliques est conservées à l’Eglise Surb
Poghos (Saint-Paul) à Anjar, certaines parties sont inhumés en
Arménie, à côté du monument du Musa Ler, et la troisième partie est
dans la ville de Cambridge au Canada, où les autochtones du Musa Ler y
ont aussi construit un monument.

Tamar raconte avec fierté que Levon l’a prit pour voir toute l’Arménie
occidentale, la Syrie et l’Arménie, dans son fauteuil roulant.

« Quand nous étions sur le point de se fiancer, le leader du Liban [le
Catholicos de la Grande Maison de Cilicie] m’a demandé ceci :« Levon
est un athlète, il court si vite, et vous êtes si lente », il ne
voulait pas dire qui boite. Comment cela fonctionnera dans la vie ?
Pendant une fraction de seconde j’ai été trop choquée pour parler,
puis j’ai dit : « Votre Sainteté, nous allons trouver un milieu, entre
rapide et lent. Il a répondu : « Que Dieu vous garde dans la paix,
vous serez un très bon couple. Levon, je savais que tu étais fou, mais
je ne savais pas que vous étiez un brave fou », se souvient Tamar.

Ils ont décidé de faire un voyage d’un mois à Anjar, afin que leurs
parents apprennent à connaître les enfants. Il est difficile de vivre
à Erevan, Levon a des problèmes d’emploi, néanmoins c’est là où ils
envisagent de construire leur avenir.

« Nous allons nous établir ici, c’est notre pays. Même si c’est dur,
il est arménien, il est précieux », explique Tamar.

Par Gayane Lazarian

ArmeniaNow

dimanche 28 juillet 2013,
Stéphane ©armenews.com

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