Turquie: un journaliste renommé publie un livre admettant un génocid

Agence France Presse
13 septembre 2012 jeudi 3:00 PM GMT

Turquie: un journaliste renommé publie un livre admettant un génocide arménien

: ISTANBUL 13 sept 2012

Un journaliste turc de premier plan vient de publier un livre
qualifiant de génocide les massacres d’Arméniens survenus en 1915-17
dans l’empire ottoman, une prise de position rare en Turquie où le
terme est récusé par les autorités et reste encore largement tabou.

Editorialiste du quotidien Milliyet, Hasan Cemal, qui est aussi le
petit-fils de Cemal Pacha, un des généraux à la tête de l’empire
ottoman lors de la Première guerre mondiale, relate dans “1915: Le
Génocide Arménien”, sorti mercredi en librairie, son cheminement
intellectuel et émotionnel vers la reconnaissance du génocide.

“Je comprends votre douleur face au génocide, je la partage”: c’est
par ces mots, prononcés en mars 2011 lors d’une conférence à Los
Angeles devant une audience largement composée de membres de la
diaspora arménienne, que l’auteur affirme être passé de l’autre côté
du miroir.

Des mots prononcés avec difficulté, au terme d’un long parcours
amenant Hasan Cemal, dont le grand-père a été assassiné en 1922 à
Tbilissi par un activiste arménien, à prendre progressivement ses
distances avec les thèses officielles.

“La douleur de 1915 n’appartient pas au passé, mais bel et bien au
présent. C’est en faisant la paix avec l’histoire –la vraie, pas
celle qui comme chez nous a été réinventée ou altérée– et en nous
sauvant du virus de l’exploitation de l’histoire que nous pourrons
trouver le repos”, souligne le journaliste.

La Turquie reconnaît des massacres d’Arméniens en 1915-1917 –elle
parle de 500.000 tués– dans les territoires administrés par l’empire
ottoman, dont elle est l’héritière, mais récuse le terme de génocide.
Les Arméniens avancent le chiffre de 1,5 million de morts dans un
génocide, reconnu par de nombreux pays.

La vision officielle turque est contestée depuis la fin des années
1990 en Turquie par certains historiens et la tenue en 2005 d’une
conférence universitaire sur la question arménienne a marqué une
relative libération du débat. Mais l’emploi du mot génocide par des
personnalités demeure très rare.

Le prix Nobel de littérature 2006, le Turc Orhan Pamuk, a été
poursuivi en 2005 et a reçu des menaces de mort après avoir affirmé
dans un journal suisse qu'”un million d’Arméniens et 30.000 Kurdes ont
été tués sur ces terres”.

From: Baghdasarian