Janvier 1990, Les Pogroms Anti-Armeniens De Bakou

JANVIER 1990, LES POGROMS ANTI-ARMENIENS DE BAKOU

20-01-2011

Info Collectif VAN – – 21 ème anniversaire de la
fin des pogroms anti-Armeniens qui ont eu lieu a Bakou en Azerbaïdjan,
du 13 au 20 janvier 1990. Ces pogroms, impunis a ce jour, ont fait au
moins 400 morts et 200 000 deplaces. Ils ont eu lieu après les pogroms
anti-Armeniens de Soumgaït le 28 fevrier 1988, et de Kirovabad, le 23
novembre 1988. Ils ont precede les atrocites perpetrees le 10 avril
1992, par les troupes armees azeries a Maragha en 1992 (Haut-Karabagh).

Oublies, malgre une certaine mediatisation a l’epoque, ces terribles
pogroms de Bakou, se sont inscrits – en cette fin de 20e siècle –
dans la lignee d’une politique centenaire faite de pogroms, massacres,
et genocides a l’encontre des populations armeniennes, perpetree par
la Turquie d’un côte, et par ses allies azerbaïdjanais (anciennement
denommes Tatars) de l’autre, avec la complicite tacite des forces
russes : en 1990 a Bakou, Gorbatchev et le Kremlin ont mis une semaine
avant d’intervenir, non pas pour faire cesser les massacres visant la
population armenienne, mais pour empecher la prise finale du pouvoir
par le Front populaire d’Azerbaïdjan prevue le 20 janvier.

Il importe de revenir sur une periode qui fait l’objet, de la part des
autorites de Bakou, d’une veritable guerre de propagande, basee sur
la falsification, le deni et les distorsions de l’histoire (notamment
concernant les evenements de Khojali en 1992. Voir la documentation
edifiante sur :

Le Collectif VAN vous propose ici les videos du film ” Ordinary
Genocide. Baku, January 1990 “, diffuse pour la première fois,
il y a un an, le mardi 19 janvier 2010 a Erevan, accompagnees de
la traduction des commentaires. Comme indique dans ce documentaire,
” Ces jours-la, la memoire genetique des Armeniens temoigne : c’est
le meme genocide, le meme mode operatoire, les memes bouchers. ”

A noter : tout comme en Turquie, les assassins des Armeniens sont
honores comme des heros en Azerbaïdjan. Les auteurs des pogroms, les
violeurs et les assassins sont enterres dans une ” Allee des Martyrs
” de la ville moderne de Bakou. Les hauts dignitaires internationaux,
en visite a Bakou, sont obliges de s’y rendre et de deposer une gerbe
devant la flamme eternelle. Il y avait 200 000 Armeniens a Bakou avant
1988. Il n’en reste plus aucun. Cela merite effectivement une gerbe.

Mais pas devant la tombe de leurs bourreaux.

Legende : Victimes de pogroms genocidaires, les Armeniens ont dû fuir
l’Azerbaïdjan, en y laissant leur patrimoine. Ici, l’eglise armenienne
de Bakou.

Nota CVAN : les noms et les lieux, pas toujours suffisamment audibles,
sont retranscrits sous reserve.

Un genocide ordinaire – Bakou – Janvier 1990

Video 1

An ordinary Genocide, Baku January 1990, Part 1 in ENGLISH

A la memoire des victimes du genocide des Armeniens du 20e siècle.

Bakou 2010

Voici la ville de Bakou aujourd’hui. Une ville en plein essor, avec
son luxe fictif et ses lumières. Aujourd’hui, le moindre souvenir
de ceux qui ont vecu ici, les fondateurs de la ville qui ont laisse
leurs marques dans son image, est furieusement evite. Le souvenir est
perdu des representants de la nation qui fut l’un des cofondateurs
de la Republique Sovietique d’Azerbaïdjan. Les dirigeants actuels
de l’Azerbaïdjan ont fait de la minimisation totale leur politique
d’Etat, pour eliminer le souvenir des Armeniens de Bakou et le crime
horrible qui a ete ici commis en janvier 1990. Et peu de personnes
peuvent croire aujourd’hui, que dans cette ville, il y a 20 ans,
le sang coulait a flot et qu’une bacchanale des pires cruautes
moyenâgeuses et des incendies criminels, ont eu lieu dans les rues.

Il y a juste 20 ans.

Bakou janvier 1990 un genocide ordinaire

Il est difficile de dire ce qu’il s’est passe alors a Bakou. C’est
dangereux pour l’etat psychologique d’un etre humain normal qui
respecte les categories d’humains et les relations civilisees entre
les gens. Par egard pour les spectateurs, nous ne montrerons pas
les photos de ces massacres les plus vicieux. Le but principal de ce
documentaire est de montrer la verite sur les evenements de Bakou en
janvier 1990. Notre but n’est pas d’enflammer des sentiments de haine,
mais de montrer ce que les Armeniens ont vecu, les massacres horribles
des Armeniens en Azerbaïdjan.

Extrait video Artiste du Peuple de RSA

K. Adamanov : ” Je suis ne a Bakou. J’ai travaille et etudie a Moscou.

J’ai beaucoup de liens avec Bakou, mais maintenant je dois en partir
et je ne veux meme pas garder cette ville dans mon souvenir. ”

Chronologie de la semaine sanglante

A Bakou, le 13 janvier 1990, vers 17h, une foule de 50 000 personnes
qui quittait une manifestation a Lenine Square, s’est divisee en
plusieurs groupes qui ont commis des pogroms, destructions, pillages,
violences et meurtres. Journal Izvestya – 15 janvier 1990

Une foule immense qui criait : ” Gloire aux heros de Sumgaït ! Vive
Bakou sans les Armeniens ! “, s’est reunie a Lenine Square et a la
nuit tombee les pogroms ont commence. Ils ont ete commis avec une
sauvagerie et un sadisme inconcevables. Les zones entourant les
quartiers armeniens sont devenus des arènes de massacres. Les gens
ont ete jetes par les balcons des immeubles. La foule a attaque les
Armeniens, les frappant a mort. Des slogans, disant que les Armeniens
devaient partir de Bakou, ont ete cries pendant les manifestations
et ces slogans ont ete entendus par la foule, et c’est après cela
que les plus horribles evenements se sont passes.

Le correspondant de Radio Moscou rapporte : ” Nous sommes stupefaits
par les evenements de Bakou… ” De nombreux pogroms ont ete commis
avec une cruaute extraordinaire. A Bakou, le 14 janvier 1990, un groupe
de 30 a 40 personnes, s’est rue dans l’appartement des Torossian,
un couple âge, et avec eux se trouvaient aussi deux autres personnes
âgees (de la famille). Les criminels les ont tous frappes, ils leur
ont pris 3500 roubles, et ils ont oblige ces Armeniens et leurs
voisins a sortir de la ville. La, ils les ont arroses d’essence et
les ont brûles. [Inaudible : C’est ce que dit Kiril Staliaroff dans
son livre Breaker]

Le 15 janvier 1990, Radio Liberty rapporte : ” Une foule en furie
a tue au moins 25 personnes dans la nuit du 14, dans le quartier
armenien de Bakou. Selon les informations preliminaires, le nombre
de morts est de 25. ”

Le 15 janvier, les pogroms et la violence se poursuivent a Bakou. Le
nombre des morts pour ces trois derniers jours est de 33. Cependant,
ce chiffre ne peut etre considere comme etant definitif, car tous
les appartements de Bakou où les pogroms ont eu lieu ne sont pas
comptabilises. Journal Izvestya – 16 janvier 1990

Lenine Street, l’une des rues principales de Bakou, est couverte
de sang.

Une Russe vivant a Bakou se souvient avec horreur des scènes
d’atrocites commises sur leurs voisins.

On leur a tire dessus froidement. On les a jetes du balcon, brûles
vivant, certains ont meme ete demembres (photo) par une foule azerie
en furie. Ce sont les meurtres les plus impitoyables. Ils attaquaient
les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux, simplement parce
qu’ils etaient Armeniens. ” Etre Armenien en Azerbaïdjan signifie
etre condamne a mort “, a declare le correspondant de Radio Liberty.

Le 16 janvier 1990, 64 cas de pogroms dans des appartements sont
identifies, les victimes sont des Armeniens. Dans le district Lenine
de la capitale, 4 corps brules non identifiables ont ete decouverts.

Journal Izvestya – 18 janvier 1990

A Bakou, le 17 janvier 1990, 45 cas de pogroms et d’incendies criminels
dans des maisons residentielles de Bakou, ont ete commis.

Journal Izvestya – 19 janvier 1990

A Bakou, le 18 janvier, le poète russe David Somaloff, ecrit dans
son notebook : ” Les atrocites en Azerbaïdjan sont choquantes. Je ne
pense qu’a cela. ”

Un homme raconte : ” La fille a ete violee. Les hommes frappaient
ses pieds. Ils ecrasaient sa gorge avec leurs bottes et marchaient
dessus…

Interview d’une femme : ” Je ne veux pas etre Azerbaidjanaise. Après
tout ce qu’il s’est passe, mon c~ur souffre et je ne veux pas
retourner dans ce pays. ”

Ce sadisme sans precedent des Azeris et l’inactivite des autorites
et de la police, a meme ete atteste par l’un des leaders du Front
populaire d’Azerbaïdjan, Babadov : ” J’ai vu de mes yeux le meurtre
de deux Armeniens près de la gare. Une foule s’est rassemblee, les
a arroses de petrole et les a brûles. ” Une division de la milice
etait a seulement 200 mètres, ainsi que 400 a 500 soldats des forces
internes. Les soldats sont passes a 20 mètres des corps en feu et
personne n’a meme tente de cerner la zone et de disperser la foule.

Journal Noyaya Zhizn, N°5, 1990.

Rapport de Tass : le 19 janvier, des pogroms se poursuivent et font
des victimes. Le nombre d’Armeniens tues a Bakou la semaine dernière,
a deja depasse le nombre des victimes de Sumgaït.

Cette nouvelle tragedie est la consequence directe des efforts que
font les autorites pour faire taire les premiers. Article d’Andre
Pronikoff, journal Moscow News, 21.1.1990

A L’ecran : 1915, (8,18 minutes) Ces jours-la, la memoire genetique des
Armeniens temoigne : c’est le meme genocide, le meme mode operatoire,
les memes bouchers.

Video 2

An ordinary Genocide, Baku January 1990, Part 2 in ENG Bakou- ville
de trois pogroms

Interview de Hayk Demoyan, directeur du musee du genocide.

” Les clashes entre Armeniens et Tatars au debut du siècle, qui ont
implique presque toutes les villes du Caucase du sud, sont devenus
un nouvel anneau de la chaîne sanglante qui se deroule jusqu’a notre
epoque. Nous en voyons la continuite jusque dans l’histoire la plus
recente, lorsque de nouveaux massacres et pogroms des Armeniens
ont ete organises en raison du mouvement armenien, y compris ceux
de Bakou. Quelle est la base ideologique de ces actes ? Les pogroms
qui ont ete inities par la partie tatare, ont recu un accord clair
de Constantinople. La puissance politique qui etait en train de
prendre forme, a recu un message clair des Jeunes-Turcs, en insistant
sur ce qui suit : tous les efforts doivent se concentrer sur la
neutralisation du facteur armenien. Les Armeniens doivent devenir nos
ennemis. En essence, le lien entre les Turcs d’Anatolie et les Tatars
caucasiens a ete signe et scelle par le sang armenien. Le premier
resultat de ce lien a ete le genocide armenien de 1905 [durant la
guerre armeno-tatare]. Puis le genocide des Armeniens dans l’Empire
ottoman en 1915 et les pogroms d’Armeniens en 1918 a Bakou, mis en
~uvre conjointement par des gangs de Tatars, de Moussavatistes et
des divisions de l’armee turque. ”

En 1905-1906, les premiers pogroms de masse des Armeniens sont commis.

Ce que le Catholicos des Armeniens, Mergueditch 1er a appele une
terrible tragedie.

1918. Sur les 88 673 Armeniens vivant a Bakou 52 822 ont souffert.

Soit 59,57% du chiffre total. Parmi eux : Tues : 5248 Refugies :
31293 Prisonniers : 3396 Perdus : 3572

” Bakou devint un lieu de scènes dechirantes. Les foules de gens
esperant fuir et le manque de bateaux ont cree une terrible confusion.

Les familles se perdent. Les parents perdent leurs enfants, les frères
perdent leurs s~urs, les epoux se perdent. L’un part, l’autre reste
en raison du manque de place. ” Bachri Ischranian dans son livre :
les grandes horreurs a Bakou.

Les memes scènes se repètent dans le port de Bakou 72 ans plus tard,
au meme endroit, avec la meme cruaute, avec les memes objectifs.

Le genocide des Armeniens en Azerbaïdjan s’est poursuivi jusqu’en 1923,
avec un pic d’atrocites en mars 1920 a Chouchi, où 20 000 personnes
sont tombees victimes de massacres impitoyables.

Plus tard, en raison de la violence sous la forme du faux
internationalisme sovietique ainsi que la terreur et les persecutions,
des centaines de milliers d’Armeniens ont dû fuir leur lieu d’origine.

En reponse a ce genocide evident, la population autodeterminee du
Karabagh s’est dressee pour proteger ses droits, d’une facon juste
et pacifique.

De Sumgaït a Bakou

Le 20 fevrier 1988, la session du Conseil du NK a pris la decision
d’en referer au Conseil Supreme de la Rep. Sov. d’Azerbaïdjan et de
la Rep .Sov. d’Armenie, demandant le transfert de la Rep. autonome
du Karabagh, de la Constitution azerbaidjanaise a la Constitution
armenienne. Les pogroms des Armeniens a Sumgaït ont ete la reponse
a cette demande constitutionnelle des Armeniens du Karabagh. Ces
pogroms identifiaient la ligne de partage civilisationnelle entre
les Armeniens et les nationalistes fanatiques qui avaient perdu leur
identite humaine. Les pogroms feroces des Armeniens de Sumgaït ont
ete le prelude a tous les massacres des Armeniens qui ont eu lieu
dans tout l’Azerbaïdjan de 1988 a 1992.

Sumgaït, fevrier 1988, des dizaines de tues, brûles vivants, tortures,
blesses, 18 000 exiles.

Mai 1988, Karabagh. Toute la population de Chouchi est deportee
de force.

Ete/Automne 1988. Des milliers de civils deportes de force des villages
armeniens des regions du nord du Karabagh.

Novembre/Decembre 1988. Les pogroms et les deportations des Armeniens
ont lieu dans tout l’Azerbaïdjan.

En novembre 1988, l’Armenie etait deja submergee de centaines et de
milliers de personnes fuyant les massacres sauvages des Armeniens de
Bakou et d’autres regions de l’Azerbaïdjan.

(A l’ecran) Kirovabad 1988 Azerbaïdjan (15m14).

Les cloches sonnèrent du 21 au 27 novembre. Les evenements a
Kirovabad…

Selon des informations incomplètes, après 7 jours dans la ville : 18
Armeniens furent tues 60 perdus 74 gravement blesses C’est uniquement
en raison de l’autodefense organisee des Armeniens, que des pogroms
et des massacres a grande echelle ont ete evites.

45 000 Armeniens furent exiles de la ville.

Video 3

An ordinary Genocide, Baku January 1990, Part 3 in ENGLISH

La guerre non declaree

En 1989, le blocus economique de l’Armenie et du Karabagh debuta.

Attaques, pogroms sur les routes, meurtres sauvages de civils,
deportations forcees des populations des villages armeniens,
kidnappings, tortures, humiliations, coups, tout cela eut lieu. Dans
Bakou meme, la situation se deteriorait de jour en jour. Les Armeniens
etaient massivement renvoyes de leurs emplois. Ils etaient insultes
et humilies dans les bureaux, les transports publics, les magasins et
les bureaux d’Etat où ils se rendaient pour obtenir des documents. En
raison de la mise en ~uvre du nettoyage ethnique de 1988 a 1992,
plus de 500 000 Armeniens ont ete deportes de force d’Azerbaïdjan.

Interview d’une femme : ” Ils sont arrives et m’ont dit de sortir.

Nous avons juste ferme la porte et nous sommes partis sans rien prendre
avec nous. Tout le monde etait renvoye de son emploi. Et nous n’avions
pas le droit de travailler. On nous laissait dans la rue. Ce n’est
pas possible de vivre ici, tout simplement pas possible. Chaque jour,
ils venaient chez nous, ils nous jetaient des messages qui disaient :
si vous ne partez pas, on mettra le feu a votre maison.

Vous avez trois jours. ”

” Pendant l’annee qui a precede le genocide des Armeniens de Bakou
en janvier 1990, plus 60 citoyens d’origine armenienne ont ete ”
discrètement ” tues chez eux, au bureau, dans les rues. Des centaines
d’Armeniens sont devenus invalides, des dizaines de milliers exiles. ”
Extrait d’un article Black Cold January – journal Avto 22-28 janvier
1991.

Des meurtres ” invisibles ”

Voici quelques exemples de ce qu’il s’est passe pendant ce mois-la.

1er decembre. L’Armenien Gasparov, âge de 60 ans, a ete torture a
mort. Le meme jour, un autre armenien etait assassine. Son nom n’a
pas pu etre identifie. Les tombes armeniennes ont ete profanees. Les
pierres tombales detruites.

10 decembre. Surian Pecorian a ete tuee chez elle, après avoir subi
les tortures les plus cruelles.

16 decembre. Deux Armeniens sont captures dans une station de metro.

28 avril. L’un est battu a mort, l’autre reussit a s’enfuir.

26 decembre. L’eglise armenienne de Fontaine Square est incendiee.

Le 31 decembre, les installations frontalières entre le Nakhitchevan
autonome et l’Iran, tout le long de la rivière Araxe, sont complètement
detruites.

Il ne reste que deux semaines avant l’acte final des pogroms armeniens
a Bakou…

Bacchanale de meurtres

En janvier 1990, sur 230 000 Armeniens, il en reste environ 35 000 a
Bakou. Ce sont pour la plupart des personnes âgees ou malades, ainsi
que des membres de leur famille restes pour s’occuper d’eux. Dans le
meme temps, la psychose anti-armenienne s’intensifiait dans la ville.

Des milliers de manifestants du Front populaire etaient en route et
leurs principal slogan etait : Morts aux Armeniens !

Le 10 janvier 1990, l’etat d’urgence est annonce, non pas a Bakou,
mais dans la Rep. Autonome du Karabagh et dans d’autres regions où
des manifestations pacifiques etaient organisees pour demander l’arret
des violences contre les Armeniens. La politique du terrorisme d’Etat
contre des citoyens paisibles de nationalite armenienne allait aboutir
a sa fin logique.

Le 12 janvier, les representants de l’aile radicale du parti Front
populaire d’Azerbaïdjan (X et X) ont annonce dans une emission
sur Bakou TV, que la ville est pleine de gens pauvres, alors que
des milliers d’Armeniens vivent dans le confort. Immediatement,
5 000 manifestants se repandent dans la ville avec les adresses des
appartements des Armeniens, dira plus tard le ministre de l’Interieur
B. Bakatine, lors d’une session du Conseil Supreme d’URSS.

Interview d’une femme : ” Des dizaines de corps ont ete jetes dans
notre immeuble. Quand j’ai vu cela, je me suis sentie mal et j’ai
voulu rentrer chez moi rapidement. Je suis arrivee a ma porte et j’ai
vu le corps de mon mari gisant par terre dans le sang… ”

Collusion (21m15)

Irina Mosesova, l’auteure de : ” Les Armeniens de Bakou, existence et
exode ” decrit les mecanismes evidents, les preparations et la mise
en ~uvres des pogroms : fabrication de cartes detaillees de la ville
indiquant l’emplacement des residences des Armeniens qui restaient.

Campagnes anti-armeniennes intensives et a grande echelle dans les
medias, initiees en grande partie par l’intelligentsia azerie.

Insultes, coups, meurtres des individus d’origine armenienne dans
les rues de la ville et dans les transports publics. Coordination
des activites des employes des residences avec les milices et les
equipes d’ambulance, en vue du programme qui allait survenir, et qui
en essence, n’etait rien de plus qu’un sabotage.

Les citoyens russes de Bakou qui ont fui la ville après janvier
1990, temoignent : ” Quand les pogroms ont commence, ils avaient les
adresses exactes des Armeniens. ” Famille X Mais les auteurs des
pogroms avaient, en plus des adresses, des cartes de Bakou où les
zones peuplees d’Armeniens etaient marquees de croix.

Une cible directe pour les meurtres et les violences.

Et c’est exactement pendant ces journees-la, que le 1er Secretaire
du Comite Central du Parti Communiste d’Azerbaïdjan, Abdul Raman
Vesirov, a fait un discours a la television, rempli de rhetorique
anti-armenienne et d’hysterie. C’etait une invitation a la violence.

Et les vandales ont commence a agir. Ils ont commence a faire, ce dont
on a entendu parler pour la première fois le 18 juillet 1988, par M.

Gorbatchev, qui a pose la question aux membres du Parlement d’Armenie :
” Avez-vous pense a ce qu’il pourrait arriver aux 200 000 Armeniens
de Bakou ? ”

Le general Alexander Lebed, dans son livre : Ma vie et mon pays,
ecrit : ” Ils attrapaient et frappaient a mort les Armeniens et dans
le meme temps, les juifs, les Ossètes, les Georgiens et tous ceux
qui ressemblaient a des Armeniens a un degre plus ou moins grand. Ils
frappaient leurs visages, pas dans le passeport. ”

Extrait du General Lebed : ” J’etais occupe a faire evacuer les
Armeniens de Bakou. Je les faisais transporter a Moscou, a Erevan
ou dans d’autres villes. J’essayais d’expliquer qu’il ne fallait pas
tuer des gens uniquement parce qu’ils sont nes Armeniens… Je n’ai
pas reussi a les persuader de ne pas tuer, mais j’ai reussi a faire
evacuer des gens. ”

Lors des pogroms armeniens a Bakou, la foule en furie a litteralement
coupe un homme en morceaux et ses restes furent jetes dans une
poubelle. Article de Soyuz Weekly, 19 mai 1990. Le commandant du
groupe, d’origine azerie, est envoye en mission en ville. A son retour,
il demande immediatement de la vodka. Il est furieux. Il a vu comment
une femme avait ete jetee nue par la fenetre d’un balcon d’un immeuble
de plusieurs etages, dans un feu où l’on brûlait des meubles.

Et puis, il a vu un militant du Front populaire d’Azerbaïdjan, qui
agitait les oreilles de la femme au balcon. Temoignage de l’officier
de l’Armee sovietique, Alexi Basselieff.

Krinokoff a annonce lors de la cession du Conseil Supreme de l’URSS,
le 5 mars 1990 : ” Nous avons vu comment dans une situation de pogroms
sauvages contre les Armeniens, il y a eu un nombre eleve de victimes
et en quelques jours des dizaines et des dizaines d’Armeniens ont
perdu leurs maisons et ont ete deportes du pays. ”

Video 4

An ordinary Genocide, Baku January 1990 part 4 in ENGLISH angleren

Interview d’une femme.

” Nous ne pouvions pas y croire. J’ai dit a ma mère : Pourquoi n’as-tu
pas pris quelque chose de l’appartement, des habits au moins ou quelque
chose de valeur, que tu aurais pu cacher chez tes voisins russes ? ”
Elle a dit : ” Comment aurais-je pu penser a notre epoque que quelqu’un
allait s’engouffrer dans l’appartement pour commencer a tuer et a
voler ? Je comprends qu’il y ait des meetings et des manifestations,
mais des meurtres ? Personne n’aurait pu croire que c’etait possible. ”

Interview d’une femme.

” On m’a fait sortir de chez moi. J’ai ete renvoyee de mon emploi.

Nous etions des refugies, dans une situation desesperee, litteralement
sans rien, sans aucun de nos biens. Tout ce que j’ai, c’est ceci.

C’est mon seul bien. ”

Ferry : de l’enfer a la pitie (26mn02)

Les Armeniens de Bakou qui avaient bu la loi jusqu’a la lie, n’avaient
plus qu’un desir : fuir cette ville qui s’etait transformee en enfer
sur terre. Ceux qui avaient survecu par miracle furent envoyes au port,
pour prendre des ferries en partance pour le Turkmenistan sovietique
via la mer Caspienne. Dans le port, les refugies etaient fouilles,
ont leur prenaient les derniers biens qu’ils leur restaient, on les
frappait de nouveau, on les humiliait publiquement, et après cela on
les enfournait sur le ferry.

Interview d’une femme.

” C’est un vrai miracle que nous ayons pu embarquer sur le ferry. Nous
avons appeles trois unites de la milice, qui après avoir pille notre
appartement, nous ont aides a monter dans le ferry. Malgre la presence
des forces de l’ordre sur le bateau, mon mari et mon fils ont ete
attaques et battus. Ils voulaient les jeter a la mer. ” Article du
journal Krasnovodski Mayak le 15 janvier 1990.

Le ferry s’approche du quai a Krasnovodsk. Des gens epuises descendent
l’echelle. Des jeunes, des volontaires de Krasnovodsk aident les
personnes âgees harassees.

19 janvier. Le chef de la division interieure de Krasnovodsk, le
major Novasnim dit : ” Quatre jours ont passe depuis le 15 janvier,
mais rien n’a change. Deux refugies, un homme et une femme entre
85 et 90 ans, sont morts sur le bateau, de leurs blessures dues aux
coups pendant le voyage. ”

Le secretaire municipal du Comite du Parti Muravyeva de Krasnovodsk
dit : ” Nous avons deja accepte plus de 10 000 refugies. Une image
horrible. Les habitants du Turkmenistan pendant cette periode ont ete
genereux et compatissants envers les Armeniens qui se sont retrouves
dans un grand desastre. ”

Erevan a accueilli les premiers refugies dans la nuit du 14/15
janvier, date où le premier avion a atterri. En un jour, 18 avions sont
arrives. Tous les nouveaux arrivants ont dû etre heberges. Ils avaient
besoin de nourriture, de chaleur, de soins physiques et psychologiques.

Une fois le ferry de Krasnovodsk en fonction, des milliers de gens
allèrent a Moscou, remplissant les gares et les aeroports. De vieilles
femmes, dont les mains portaient les traces de brûlures de cigarettes.

Des enfants orphelins. Des hommes et des femmes aux regards emplis
de chagrin.

Nous avons vu des Armeniens dont la seule faute etait d’etre nes
Armeniens et des Azerbaidjanais exiles simplement parce que leur père,
leur mère, leur mari ou leur femme avait une autre nationalite.

Extrait d’un article ” Penetrating wound, d’Anatole Goyavkoff, Agonio
Weekly, N°6, 1990.

Interview d’une femme.

“Dans les nuit du 15, j’ai vu comment un groupe de 40 personnes avec
des haches sont allees chez mes voisins armeniens… J’ai couru a
l’hôpital, mais mes voisins m’ont appelee et m’ont dit que notre
maison n’existait plus. Elle avait ete pillee et detruite. ”

Interview d’une femme.

” Ma maison a ete reduite en cendres. Pourquoi ? Ces salopards sont-ils
des etres humains ? Mes enfants sont azerbaidjanais, ils sont restes
la-bas… Comment est-ce possible ? Ils exterminent deja leur propre
population musulmane… ”

Dans les deux mois qui suivirent, 32 refugies sont morts des suites
de leurs blessures dans les hôpitaux d’Erevan. Ainsi, la liste des
morts, qui recensait 300 personnes, a augmente. Le nombre de refugies
qui moururent dans les hôpitaux d’autres villes est inconnu. Tass 22
janvier 1990.

Plus 30 000 personnes, des membres des familles des soldats de l’armee
sovietique et de la marine furent evacuees d’Azerbaïdjan. Selon
un article du magazine militaire historique, en juillet 1990, 30
soldats moururent a Bakou entre janvier et fevrier 1990. De nombreux
soldats sovietiques et des officiers agissant sans ordre, guides par
leur propre conscience, ont sauve des Armeniens, les aidant a fuir
cet enfer.

Interview d’une femme.

” J’ai couru vers les soldats, les pauvres gars se tenaient la, se
retenant avec peine de pleurer. Je leur ai dit, mes fils protègent
la patrie, tout comme vous et que dois-je faire ? Ils m’ont repondu,
nous ne pouvons rien faire, mais grâce a Dieu vous etes en vie. ”

Video 5

An ordinary Genocide, Baku January 1990, Part 5 in ENGLISH angleren

Etat d’urgence : plus un Armenien a Bakou.

Et c’est a cette epoque que les dirigeants du pays au Kremlin
essayaient de prendre une decision : faire entrer ou non les troupes
dans la ville ? Jusqu’au 19 janvier, Gorbatchev et le Kremlin n’ont
pas interfere dans la situation, bien qu’il y ait eu des garnisons
militaires a Bakou. Tout comme les forces internes qui ont pu
prendre le contrôle de la situation assez rapidement. Au contraire
de Sumgaït, l’armee sovietique est arrivee tard a Bakou, non pas un
retard de trois heures, mais de toute une semaine. De plus, pour faire
cesser les pogroms, il suffisait de laisser entrer les forces de la
garnison de Bakou et les troupes internes. ” Les troupes entrèrent
dans la ville en proie aux pogroms, non pas pour les faire cesser,
mais pour empecher la prise finale du pouvoir par le Front populaire
d’Azerbaïdjan qui etait prevue pour le 20 janvier. ” Extrait d’un
article de Moscow News, 4 fevrier 1990 et de Samsanit Weekly.

Mais alors, pourquoi les pogroms des Armeniens ont-ils ete autorises ?

Pourquoi ces pogroms, qui ont ete commis avec l’approbation silencieuse
des autorites, sont-ils devenus la raison pour faire entrer les troupes
? Le 20 janvier, les troupes sovietiques entrèrent finalement dans la
ville. Elles entrèrent dans la ville alors que les Armeniens avait
ete entièrement expulses de Bakou. Le 13 fevrier 1990, le Conseil
Supreme de la Rep. sovietique d’Armenie pris la decision de condamner
les pogroms de Bakou et ceux d’autres regions de la Rep.

sovietique d’Azerbaïdjan, les reconnaissant pour etre la continuation
du genocide des Armeniens. Le Conseil exigea egalement que le Conseil
Supreme de l’URSS reconnaisse et condamne le genocide des Armeniens
a Bakou et dans d’autres regions de la Rep. Sov. d’Azerbaïdjan en
janvier 1990.

La Convention de l’Onu sur la prevention et la repression du crime
de genocide declare :

Dans la presente Convention le genocide s’entend de l’un quelconque
des actes ci-après, commis dans l’intention de detruire, en tout
ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux,
comme tel : a) Meurtre de membres du groupe ; b) Atteinte grave a
l’integrite physique ou mentale de membres du groupe ; c) Soumission
intentionnelle du groupe a des conditions d’existence devant entraîner
sa destruction physique totale ou partielle ;

” Pourquoi le silence, si le sang des victimes hurle ? ”

La semaine sanglante a Bakou reste largement ignoree du peuple
sovietique. Les evenements de Bakou ont ete très mal couverts par
les medias. Les medias etrangers couvraient les pogroms a Bakou de
facon plus enthousiaste. Radio Liberty et la BBC diffusaient des
informations chaque jour. Le 19 janvier 1990, le New York Times a
publie un article qui disait : ” L’Azerbaïdjan n’est pas la Lituanie.

Les nationalistes en Azerbaïdjan parlent aussi d’independance, mais
leurs protestations incluent des pogroms sanglants envers leurs voisins
armeniens. ” Le 27 juillet 1990, dans le meme journal, un editorial
presentait une lettre ouverte a la communaute internationale signee
par près de 150 chercheurs reputes et militants de la defense des
droits de l’homme, qui qualifiaient les pogroms armeniens a Bakou de
racisme, menacant l’avenir de l’humanite.

Sept ans plus tard, un rapport a evoque les evenements de Bakou,
rapport presente a la 17eme session du Comite des Nations Unies pour
l’elimination de la discrimination a l’egard des femmes, du 7 au 25
juillet 1997, qui indique :

§61. ” Pendant cinq jours en janvier 1990, des membres de la
communaute armenienne de Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, ont ete
tues, tortures, pilles et humilies. Des femmes enceintes et des bebes
ont ete brutalises, des petites filles ont ete violees sous les yeux
de leurs parents, des croix chretiennes ont ete marquees au fer sur
leur dos, et leur foi chretienne a ete ridiculisee. ”

Le 5 mars, une session a huis clos du Conseil Supreme de l’URSS s’est
tenue, où un certain nombre de responsables sovietique hauts places
ont presente les horribles details des massacres de Bakou et ils ont
parle sincèrement de la tragedie. Mais ces details n’ont jamais ete
publies dans la presse.

Vingt ans ont passe depuis les pogroms a Bakou et l’exode des
Armeniens. Pendant toutes ces annees, l’essence meme de ce Janvier
Noir de 1990 a ete cyniquement effacee. Les traces de la politique
visant a eliminer les Armeniens, dans ce cas, la population native
de Bakou, sont diluees dans l’histoire.

Voici la soi-disant ” Allee des Martyrs ” dans la ville moderne de
Bakou, où les auteurs des pogroms, les violeurs et les assassins sont
enterres. Les hauts dignitaires arrivant a Bakou sont obliges de s’y
rendre et de deposer une gerbe devant la flamme eternelle.

Aucune repentance, aucune condamnation et aucune sanction

Il n’y a pratiquement plus aucun Armenien en Azerbaïdjan. La xenophobie
et la haine envers les Armeniens sont devenues la politique d’Etat de
l’Azerbaïdjan. Devant les yeux du monde entier, les cimetières et les
monuments chretiens sont demolis. Tout cela est une alerte pour la
communaute internationale. Cela indique qu’une paix stable et juste
dans le Caucase du sud est impossible, tant que les organisateurs et
les auteurs du genocide des Armeniens en Azerbaïdjan et au Karabagh,
entre 1988 et 1992, ne sont pas reconnus responsables.

C’est un fait qui devrait etre connu de tous ceux qui soutiennent
les revendications de l’Azerbaïdjan sur le Karabagh. Ils excitent
l’appetit de l’Azerbaïdjan et inspirent les autorites a commettre de
nouveaux actes de genocide dans la region du Caucase du sud.

Pas un seul des crimes commis par l’Azerbaïdjan envers les Armeniens
n’a jamais ete evalue juridiquement ou politiquement. Pas un seul
criminel n’a ete cite ni sanctionne.

Le ” Nuremberg ” pour Bakou est encore a venir.

Ecrit par Marina Grigoryan [1], Larisa Allaverdyan [2]

Press Relations and Information Centre

Realisation Marina Grigoryan

Edite par Hratchya Demirchyan

Voix : Sarkis Grigoryan

D’après :

Irina Mosesova ” Armenians of Baku : existence and exode ”

Arsen Melik-Shahnazarian “Facts against Lies”

[1] Journaliste [2] Ancienne mediatrice pour les Droits de l’Homme,
en Armenie

©Traduction de l’anglais C. Gardon pour le Collectif VAN – 20 decembre
2010 – 10:30 –

Lire aussi :

Article de Wapedia sur les pogromes et massacres d’Armeniens de Bakou
en Janvier 1990

Black January of 1990 in Baku. Anti-Armenian pogroms and massacre

Maragha

Les 20 ans du pogrom anti-armenien de Soumgaït

Incomplete list of innocent victims of Sumgait

Victims Of Baku Pogroms Of 1990 Commemorated In Tsitsernakaberd

“An ordinary Genocide: Baku, January 1990” documentary screened
in Yerevan

Le procès des crimes de Soumgaït (Fevrier 1988)

“Maragha, 10 avril 1992. Genocide ordinaire”

Lancement du site Maragha.org

Khojaly: The chronicle of unseen forgery and falsification

Xocali.net : le site qui denonce la contrefacon azerie

Retour a la rubrique

From: A. Papazian

http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=51146
http://www.youtube.com/watch?v=Lt9ge_mwOyI&feature=&p=B0662B17960CE097&index=0&playnext=1
http://www.youtube.com/watch?v=CRjpjFU9ukM&list=PLB0662B17960CE097&index=2&playnext=2
http://www.youtube.com/watch?v=S1lFFr_kuyE&playnext=1&list=PLB0662B17960CE097&index=2
http://www.youtube.com/watch?v=LmVDocjkzJQ
http://www.youtube.com/watch?v=Eh7nYAuleR0
www.collectifvan.org
www.xocali.net.
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