‘Nor Haratch’ lance un supplément hebdomadaire en français

Dimanche 26 Décembre 2010

‘Nor Haratch’ lance un supplément hebdomadaire en français

‘Nor Haratch’ s’efforce de poursuivre la route tracée par le
légendaire ‘Haratch’ (1). Légendaire car après plus de 80 ans
de parution, ‘Haratch’ était le seul quotidien de France
entièrement rédigé en arménien. Malgré cette
légende, ce n’était pas le journal le plus lu, loin de là, et
l’érosion de son lectorat le fit mourir à petit feu, jusqu’à
son ultime numéro le 30 mai 2009.

1925-2009 encadrent donc la vie d’un quotidien porté par une
lignée père-fille au caractère lui aussi légendaire :
Arpik Missakian était célèbre pour sa rudesse, surtout quand
elle défendait sa façon de mener le journal. En tant que
directrice elle avait toujours affirmé qu’elle ne préparerait
pas la succession du journal fondé par son père. Le quotidien
était donc voué à mourir s’il ne continuait pas avec elle.

Si la démarche semblait consternante, on se garda bien de le dire
publiquement, notamment par respect pour le véritable exploit
qu’était la survie de ce quotidien (voir l’omerta que
dénonçait France-Arménie à ce propos).

Cette fin prévisible de ‘Haratch’ avait pourtant grandement
remué le microcosme arménien, suscitant des réactions
passionnées bien au-delà du petit cercle de ses lecteurs, et
faisant couler beaucoup d’encre dans les médias
arméniens. Même si on rechignait à l’admettre, cette
disparition illustrait douloureusement l’agonie de la culture
arménophone en France.

C’est dans ce climat de stupéfaction paradoxale que ‘Nor Haratch’ a
prit naissance. Après un appel public des « Amis de ‘Haratch’
», le premier numéro de ‘Nor Haratch’ paraissait le 27 octobre
2009, quatre mois après le dernier de ‘Haratch’.

Le rythme quotidien n’a pu être égalé d’emblée,
mais en commençant avec deux parutions par semaine ‘Nor Haratch’
demeurait une performance, car de fait il n’y avait pas plus
fréquent en France.

Malgré les difficultés, ‘Nor Haratch’ paraît
aujourd’hui 3 fois chaque semaine depuis 2010, et ambitionne toujours
de contribuer à créer le `vécu collectif (¦) qui manque le
plus aux Arméniens des pays occidentaux’. Sans traduction ce sont
les termes même de ‘Nor Haratch’.

Aussi étrange que cela puisse paraître vu le contexte de
sa naissance, le journal vient en effet de lancer un supplément
hebdomadaire en français, et s’en explique en première page de
ce supplément inauguratif. ‘Nor Haratch’ considère que pour
`favoriser l’arménophonie’, la presse arménienne doit aussi
considérer et toucher le public `non arménophone’ mais
néanmoins `prêt à recevoir cet héritage’.

Une fois par semaine, le samedi, ce supplément présentera
donc en français certains des sujets traités en
arménien. ‘Nor Haratch’ espère ainsi familiariser un nouveau
lectorat à son contenu, très emprunt de quotidien vu son rythme.

En prenant en compte une réalité difficile à accepter
mais bien réelle, ‘Nor Haratch’ franchit peut-être un pas
salutaire, puisqu’il faut bien tenter quelque chose… ou
peut-être pas si l’on considère que c’est déjà trop tard.

L’effort a au moins le mérite d’exister pour cette culture en
déclin qui cherche ses nouveaux repères, et pour tous ceux qui
aimeraient mieux la connaître.

Aujourd’hui entre les informations générales du monde et de
France, les anecdotes quotidiennes, les analyses ou même les
romans publiés en feuilleton (2) qu’on prend plaisir à
découvrir tous les deux jours (si la neige et le gel ne
ralentissent pas votre facteur !), ‘Nor Haratch’ oeuvre bel et bien
à bâtir une connaissance intime de tout ce qui concerne un
pays et ses ressortissants à travers le monde.

En tant que source d’informations originales, il est seulement
dommage que ce soit si rare.

(1) Haratch (Õ…Õ¡Õ¼Õ¡Õ»), signifie « en avant ».
Nor (Õ¶Õ¸Ö), signifiant « nouveau », Nor Haratch se comprend comme
le « nouveau (journal) Haratch »

(2) En ce moment, Nor Haratch publie en feuilleton un roman de
Vazken Chouchanian, un écrivain contemporain de Chahan Chahnour
(auteur phare de Haratch). Chouchanian partageait avec Chahnour une
conception innovante de la littérature arménienne, liée au
mouvement du nouveau roman qui naissait parallèlement en France
à leur époque.
Pour les plus curieux, voir ici le récit bien instructif, en
français, du voyage de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir en
Arménie soviétique, par Alexander Toptchian, un auteur
arménien qui les avait rencontré alors.

Par Jilda Hacikoglu –
Publié dans : Presse arménienne

From: A. Papazian

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