Concert du 24 avril 2010 au Munster de Berne

Concert du 24 avril 2010 au Munster de Berne

SUISSE

samedi24 avril 2010, par Stéphane/armenews

Nous avions déjà donné il y a 5 ans pour le nonantième anniversaire du
Génocide arménien le Requiem de Fauré au Muenster de Berne avec en
complément de programme des transcriptions pour orchestre d’oeuvres de
Komitas, prêtre, compositeur et musicologue le plus célèbre pour tous
les Arméniens du monde entier. Ce dernier a entre autres répertorié
des mélodies populaires et religieuses de son pays et en a ainsi
préservé le patrimoine musical.

Constatant que depuis cinq ans les choses n’ont malheureusement pas
bougé – ou si peu – dans le sens d’une reconnaissance d’un fait
historique avéré, M. Shahinian m’a demandé de prévoir à nouveau un
concert-événement pour la tragique date du 24 avril.

Cette année, nous proposons le célébrissime Requiem de Verdi, que tout
oppose à celui de Fauré. En effet, si l’un est une acceptation douce
de la mort, l’autre est un cri humain désespéré et déchirant. L’homme
ne parvient au paradis que dans le silence, après l’émission du
dernier accord de ce chef d’oeuvre inclassable. La puissance
évocatrice de cette fresque monumentale ne pouvait que traduire les
peines et les blessures de millions d’individus. C’est probablement la
Messe de Requiem la plus douloureuse et poignante de toute l’Histoire.

Néanmoins, il nous semblait que notre concert devait comporter une
oeuvre directement en phase avec le sujet du jour : soit une pièce
connue d’un compositeur arménien, soit une création narrant
musicalement ces heures tragiques de l’Histoire. L’idée nous est venue
de demander à un jeune compositeur suisse romand, plein de talent,
n’ayant aucun lien avec l’Arménie, de traduire son émotion et sa
révolte. Mis à part le titre « 1915 », nous n’avons en rien influencé
Gérard Massini, puisque c’est de lui qu’il s’agit. Il propose pour
l’occasion une oeuvre forte et profonde, à l’orchestration généreuse
et puissante, divisée en quatre parties :

La première est censée caractériser par son mélisme chromatique, la
période d’avant la répression, période incertaine où l’on ne sait si
l’avenir sera fait de bonheur ou de malheur.

La deuxième, par sa rythmique implacable, traduit la férocité et
l’inhumanité du premier crime contre l’humanité du vingtième siècle.

La troisième utilise un thème populaire arménien « Erebouni »,
évoquant le départ des mes des suppliciés au paradis. Cette troisième
partie est interrompue par le thème rythmique et mélodique de la
deuxième, afin d’aboutir à une grandiose Coda (la quatrième partie),
sorte de « Lacrimosa » sans parole d’une douleur extrême.

On ne sait si le compositeur désire terminer « 1915 » dans un fol
espoir, dans une lumière irradiante ou un peu des deux à la fois. Il y
a nonante-cinq ans, le Génocide a marqué les corps et les mes, « 1915
» remuera les coeurs et les consciences

Luc Baghdassarian

Chef d’orchestre