A Defaut D’Une Reponse D’Ankara, Erevan Annulera Les Protocoles

A DEFAUT D’UNE REPONSE D’ANKARA, EREVAN ANNULERA LES PROTOCOLES
par Jean Eckian

armenews
jeudi1er avril 2010

PROTOCOLES

Par Mehmet Alý Býrand

Invite par le Kultur Universitesi Siyasi Eðilimler Merkezi, je
suis alle a Erevan le week end passee. Il y avait parmi nous des
journalistes, des universitaires et des experts. Je me suis rendu a
une conference organisee en partenariat pas l’Ambassade Americaine,
ou USAID, et la Fondation Eurasia, ou EPF.

Avec d’importants experts d’Armenie, des ONG et des representants
des partis d’opposition et de gouvernement, nous avons parle des
protocoles pendant deux jours.

Lors d’un dîner restreint a la residence de l’Ambassadeur americain,
nous nous sommes rencontres avec l’adjoint au ministre des affaires
etrangères Arman Kirakossian qui a assiste depuis le debut a la
preparation des protocoles, le vice president de l’Assemblee et des
fonctionnaires de l’etat-major.

La chose la plus frappante a ete un expose presente par Viguen
Sarguissian que nous appellerons adjoint au Secretaire General
du President. Une personne extremement brillante et directe qui
represente les futures generations d’Armeniens et qui sait ce qu’il
veut. Il nous a tout dit de ses opinions.

Ces discussions etaient principalement tenues suivant les règles
Chatam House, ce qui veut dire que seules les vues sont retenues,
les noms ne sont pas donnes. Les series que vous lirez a partir de ce
jour seront le reflet de l’atmosphère a Erevan. Elles decriront les
derniers developpements, les raisons et la facon dont sont interpretees
les choses, dont ils s’y prennent et l’evolution de nos relations.

Vous pourriez vous demander pourquoi je donne priorite aux protocoles
armeniens alors que des questions constitutionnelles occupent l’agenda
en Turquie. La raison est simple. Je donne beaucoup d’importance a ces
protocoles. Je pense qu’il n’y a aucune autre manière intelligente de
sortir de l’impasse du genocide pour les deux pays. En particulier
parce que le 24 avril approche et que nous ne savons pas ce que le
Congrès Us et Barack Obama feront de la question du genocide. En plus
du fait que je pense que les relations a court et a long terme avec
les Americains, les menaces que fait courir le genocide sur l’image de
la Turquie dans le public international, et le futur de ces protocoles
sont de beaucoup plus vitaux que quelques questions internes steriles.

Le processus qui s’est termine par la signature des protocoles
a commence d’abord a Vienne en 1999 et a continue a Genève avec
l’arbitrage des Suisses. Depuis, les gouvernements turcs et armeniens
ont contribue a la finalisation des protocoles. Mais l’AKP a franchi
le dernier pas et pour la première fois en 100 ans les autorites
politiques de ces deux pays ont ete courageux, ont pris des risques
et signe le protocole qui comporte des bonnes solutions pour demeler
le noeud du genocide dans cette relation.

Le genocide sera gele, les relations developpees.

La question du genocide sera litteralement gelee et mis de côte. Cela
veut dire que les Armeniens garderont la meme attitude sur la question
du genocide et les Turcs continueront a nier le genocide.

Et maintenant, voici le moment où la beaute de la formule entre
en scène : tandis que l’opposition sur le genocide continue,
les relations vont se developper. C’est a dire que les relations
diplomatiques vont s’etablir, les frontières ouvertes, le commerce se
developper et a un stade ulterieur, des examens faits et une solution
trouvee sur la question du genocide. Mais cela n’a pas marche. La
rumeur a eclate a Bakou. Les Azerbaïdjanais ont eu des reactions
qu’ils n’avaient jamais eues auparavant. Ankara etait stupefaite de
ces reactions. Quand le premier ministre Erdogan se rendit a Bakou
toutes affaires cessantes et mis le processus a l’arret en expliquant,
sous le regard effrayant d’Aliyev, que les protocoles ne pouvaient
etre approuves que lorsque des progrès seraient faits au Karabagh,
ce qui veut dire la recuperation de une ou deux des regions occupees
par l’armee armenienne. Ce qui signifie que la Turquie a cree un lien
entre la realisation des protocoles et le developpement positif dans
les relations entre Armeniens et Azerbaïdjanais. D’un certain point
de vue, il a reconnu par ce fait un droit de veto aux Azerbaïdjanais
sur les relations turco-armeniennes.

Ce developpement a provoque certains grognements en Armenie. Selon les
Armeniens, il n’y avait pas de conditions sur le Karabagh. La Turquie
a change les règles en cours de jeu après que le jeu ait deja commence
en prenant le camp de l’Azerbaïdjan en ignorant sa propre signature.

Il a beaucoup indigne le President Sarkissian. Pire, le president a mis
en jeu sa carrière politique en montrant une attitude plus flexible que
celle des precedents presidents (acceptant la creation d’une commission
d’historiens, comme l’avait propose la Turquie) sur la question a
ce point vitale de la question du genocide pour les Armeniens. Il a
ete qualifie de traître quand il a signe les protocoles. A present,
accueillir parmi les Armeniens ceux qu’ils percoivent comme ennemis
jures, cela vaut rupture de contrat. Mais la partie turque soutient
que les Armeniens savaient implicitement que la question du Karabagh
a toujours ete opposee meme si elle ne figurait pas par ecrit.

Comme vous voyez, quelqu’un nous ment ou quelqu’un brouille les
cartes.Mais qui ?

Pour le determiner, j’ai d’abord parle au ministère des affaires
etrangères de Turquie, puis je suis venu a Erevan et j’irai finalement
en Azerbaïdjan. J’essaierai de trouver et trouverai celui qui a
brouille les cartes.

"La Turquie nous a decus. Les protocoles ont ete annules…"

Les questions qui m’ont ete posees dans ce pays de 3 millions
d’habitants quand j’y ai pose le pied peuvent se resumer de la facon
suivante :

Quand approuverez-vous les protocoles ?

Pourquoi n’avez-vous pas tenu parole, pourquoi nous avez-vous decus ?

Vous pouvez essayer et expliquer autant que vous le pouvez, il n’y a
aucun moyen qu’ils vous croient. De l’exterieur, il semble vraiment
que la Turquie a fait machine arrière et a essaye de truquer après
avoir signe les protocoles. Le gouvernement armenien a envoye ces
protocoles au Parlement et dit, "la Turquie nous a decus. Vous signez
d’abord et nous signerons après vous." A present, ils hesitent. Ils
disent que cela ne prendra pas longtemps. En particulier, la mention
d’Erdogan de la possibilite de deporter les Armeniens en situation
irregulière a fait l’effet d’une bombe. Le genocide et les deportations
ont ressurgi dans leur memoire.

Un officiel de niveau eleve armenien a prevenu : "l’attitude de votre
premier ministre est très claire. Il est resolu sur la question du
Karabagh. Il semble qu’il nous faudra attendre un referendum et des
elections generales ensuite." Il a continue en disant : "Nous ne
pourrons attendre aussi longtemps. D’un point de vue politique, on
ne peut se le permettre. Et de plus, cette periode d’attente devrait
rendre plus tendus les Azeris sur les negociations sur le Karabagh."

Obama est intervenu, Sarkissian negociera a Washington Alors que
va-t-il se passer ?

Erevan attend une reponse ecrite de la Turquie. Appliquera-t-il
ces protocoles sans prealable ou insistera-t-il sur la condition du
Karabagh ?

Le president Sarkissian sur l’invitation de Washington, rencontrera
le president Obama a la mi-avril. Il se joindra alors au sommet
nucleaire auquel Erdogan n’assistera pas pour montrer sa reprobation
au president Obama. Cette reunion influera sur les protocoles et sur
l’annonce d’Obama du 24 avril.

Un officiel du Parlement armenien a dit : "après cette reunion,
nous deciderons de la suite. Les protocoles ne peuvent attendre trop
longtemps au Parlement. Soit la Turquie fera un pas (approbation au
parlement ou declaration), ou nous demanderons que les protocoles
soient annules."

Ensuite, un officiel de niveau eleve de l’etat-major general a dit :
"si la Turque annonce qu’elle met les protocoles en attente pour des
raisons de politique interieure, nous nous satisferons de cela. Nous ne
les annulerons pas mais les mettrons egalement en attente nous aussi."

Comme vous le voyez, la situation est tout a fait critique. Je vous
dirai demain comment l’image de la Turquie est en train de changer
et la facon dont les reactions vives de notre premier ministre sont
percues ici. Les gens disent ici "il est impossible a vivre, mais
vivre sans lui est impossible."