Une Epee de Damocles au-dessus d’une famille armenienne

Le Télégramme, France
10 janvier 2007 mercredi

Une épée de Damoclès au-dessus d’une famille arménienne

Une famille arménienne, installée depuis cinq ans à Brest, a rejoint
le camp des ressortissants vivant avec l’inquiétude d’être, chaque
jour, frappés par un arrêté d’expulsion. Le réseau Brest Education
sans frontières s’est saisi de leur dossier. Un nouveau bras de fer
avec les autorités débute…

La famille Ashkhbayan est arrivée à Brest en avril 2002, après une
période de clandestinité à Moscou. Elle vivait auparavant dans la
région du Haut Karabakh, en Arménie, où le père, Hamlet Ashkhbayan,
était engagé dans l’armée. Selon ses dires, il aurait, avec son
beau-frère, trop vertement critiqué l’enrôlement forcé des jeunes.
Cette prise de position leur aurait valu menaces, perquisition au
domicile, filatures… Hamlet et son beau-frère auraient supporté les
brimades jusqu’à ce que ce dernier soit tué.

Refus de l’Ofpra

Hamlet a alors fui vers Moscou, où il a donc vécu clandestinement au
sein de la communauté arménienne. Sa femme et leurs deux fils
l’auraient rejoint en 2000. Las de la xénophobie ambiante, ils ont
monnayé 5.000 EUR leur passage jusqu’en France. Installés à Brest,
ils ont vainement sollicité le statut de réfugiés politiques. Le
refus de l’Ofpra ne leur ouvrait pas le droit à un permis de travail
mais, entre-temps, leurs enfants ont trouvé leur place en France.
L’aîné, gé de 20 ans, est un violoniste doué. Il prépare, pour
avril, le concours d’entrée au Conservatoire national supérieur de
Paris. Son frère, 17 ans, après une scolarité au lycée Dupuy-de-Lôme,
est actuellement inscrit à la mission générale d’insertion, où il
suit une formation de prothésiste dentaire. Leur petite s`ur, née en
France, aujourd’hui gée de 2 ans et demi, est scolarisée à Kérichen.

Soutiens de Patricia Adam et François Cuillandre

Au vu de ces éléments, la famille espérait « entrer dans les clous »
de la circulaire Sarkozy. Elle a reçu un avis défavorable, sans doute
défavorisée par les agissements de deux cousins, connus de la justice
pour des faits de vols et de recel de vols. Depuis, tout va de mal en
pis : le 2 décembre, une invitation à quitter le territoire, émanant
de la préfecture, leur est parvenue. La famille craint l’expulsion
pure et simple, synonyme de prison pour le père, qui souffre de
problèmes cardiaques, et de deux ans de service militaire pour les
deux fils. Leur sort émeut actuellement la ville de Brest. La députée
Patricia Adam et le maire, François Cuillandre, ont écrit un courrier
de soutien et une pétition a déjà recueilli 1.500 signatures.