La Question Armenienne Anime Le Debat electoral Aux Pays-Bas

LA QUESTION ARMENIENNE ANIME LE DEBAT ELECTORAL AUX PAYS-BAS
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)

Le Monde
14 octobre 2006 samedi

Le debat francais sur le genocide armenien a ete suivi avec un
interet tout particulier a La Haye. A grand renfort d’analyses et de
comparaisons avec les Pays-Bas, les principaux medias ont accorde une
large place a une question qui agite aussi le royaume a l’approche
des elections legislatives du 22 novembre.

Trois candidats d’origine turque ont ainsi paye, a la fin du mois de
septembre, leur refus de reconnaître la realite du genocide de 1915.

Deux etaient membres de l’Appel chretien-democrate (CDA), le parti du
premier ministre, Jan Peter Balkenende. Le troisième etait un elu du
Parti du travail (PVDA) de Wouter Bos. M. Balkenende et M. Bos sont
au coude-a-coude dans les sondages.

Les candidats du CDA, Osman Elmaci et Ayhan Tonca, ont, dans un premier
temps, semble se rallier au programme de leur parti, qui qualifie de "
genocide " le massacre d’un million d’Armeniens. Dans un entretien au
journal turc Sabah, ils ont refute ensuite cette vision. S’appuyant
sur ce qu’il a appele " une difference structurelle d’opinion ",
le CDA les a rayes de sa liste. Erdinc Sacan a subi le meme sort
lorsqu’il a confirme qu’il n’adherait pas aux vues du PVDA, qui
reclame d’Ankara une reconnaissance de la realite du genocide avant
une eventuelle entree dans l’Union europeenne.

Cette triple eviction, et singulièrement celle de M. Tonca, l’un
des principaux hommes politiques de confession musulmane, a jete le
trouble dans la communaute turque, forte de 360 000 personnes. Dans
une lettre ouverte publiee le 9 octobre, une quinzaine de mouvements
turcs ont critique la " faute historique " des deux grands partis et
estime que les prochaines elections ne seraient " pas democratiques
". Ils n’ont cependant pas appele au boycottage du scrutin.

Certains leaders de la communaute turque invitent desormais a un vote
" strategique " en faveur d’une candidate du petit parti reformateur
D 66. Une pression intense s’exerce maintenant sur Nebahat Albayrak,
numero deux du Parti travailliste, sommee de se positionner. Elle
a, jusqu’ici, tente de se tirer d’affaire en affirmant qu’elle
estimait justifiee la qualification de genocide. Mais, formellement,
ajoute-t-elle, on ne dispose d’aucune preuve. Une explication aux
allures de pirouette, mais qui semble acceptee par les responsables
du PVDA.

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