Visite annulee: Le parti s’en prend a la norme penale antiraciste

Le Temps
6 août 2005

L’UDC recupère l’affaire turque;
VISITE ANNULEE. Le parti s’en prend a la norme penale antiraciste.

Joseph Deiss n’ira pas en Turquie en septembre: l’ambassade de Suisse
a Ankara a recu le 2 août une note du Ministère turc des affaires
etrangères l’informant que la visite etait annulee (LT du 5.08.2005).
Le ministre turc de l’Economie invoque des “problèmes d’agenda”.
Reste que les relations entre les deux pays se sont degradees ces
dernières semaines en raison des enquetes suisses contre un
politicien et un historien turc pour negation de genocide armenien.
Le fait que Joseph Deiss soit persona non grata apparaît dès lors
comme lie a ces affaires.

Micheline Calmy-Rey avait deja dû faire les frais de la colère turque
avant de pouvoir entreprendre un voyage en Turquie en mars. Le voyage
de Joseph Deiss devait, lui, etre purement economique et la reaction
turque, si elle est vraiment liee aux enquetes pour negation de
genocide armenien, apparaît comme demesuree aux yeux de la majorite
des parlementaires sondes. Mais pas pour l’UDC.

Initiative populaire?

Le parti qualifie la reaction turque de “logique”. Alors que Berne
s’escrime a faire comprendre a Ankara qu’une stricte separation des
pouvoirs est observee en Suisse, l’UDC tire a boulets rouges sur la
norme penale antiraciste. Precisement celle qui est invoquee pour
mettre les deux personnalites turques qui ont nie ou minimise le
genocide armenien sous enquete. “L’article 261bis du Code penal va
beaucoup trop loin: il doit etre supprime ou revise”, souligne Roman
Jaggi, porte-parole de l’UDC. “Cette affaire demontre a quel point
cet article peut nuire a nos relations avec un partenaire economique
important pour la Suisse! La Suisse n’a pas a juger les Turcs sur la
question armenienne!”. L’UDC a depose deux motions au parlement
demandant d’abroger l’article 261bis. Le parti songe meme a lancer
une initiative populaire en ce sens. Et Ueli Maurer en a parle dans
son discours du 1er Août. “Revient-il vraiment a un petit Etat neutre
de faire la morale sur la scène mondiale et de prononcer des
peines?”, a-t-il vocifere.

Pour ce qui est des consequences du report du voyage de Joseph Deiss,
Gregor Kundig, membre de la direction d’economiesuisse, se veut
rassurant. “Nous ne pensons pas qu’il y aura des repercussions
negatives sur nos relations economiques”, souligne-t-il. La Turquie,
avec un potentiel de croissance du PNB de 5% par annee, represente un
marche important pour les entreprises suisses.

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