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Agence France Presse
14 novembre 2004 dimanche 8:33 AM GMT

Le gouvernement azerbaïdjanais veut camoufler son inflation galopante
(PAPIER D’ANGLE)

Par Simon OSTROVSKY

BAKOU 14 nov

Au début, Elchine, un commerçant de la banlieue de Bakou, avait
encore un doute, mais il y a un mois, il s’est rendu compte que les
miches de pain vendues dans son magasin devenaient de plus en plus
petites.

“Vous voyez ? Elle pèse 240 grammes”, explique Elchine en plaçant la
miche sur une balance, “ils rétrécissent le pain pour ne pas avoir à
le vendre plus cher !”.

Le gouvernement azerbaïdjanais qui refuse de reconnaître l’évidence a
décidé pour maintenir le prix du pain à 500 manats (10 cents) d’en
réduire le poids.

Du coup, une miche de pain ne pèse aujourd’hui plus que la moitié de
ce qu’elle pesait il y a encore un mois.

“Il n’y qu’en Azerbaïdjan qu’on pouvait avoir cette idée”, dit
Elchine.

En un mois, les prix à la consommation ont augmenté de 40%. Le
gouvernement refusant de l’admettre, il n’en tient tout simplement
pas compte dans ses statistiques.

Les salaires dans le secteur public ainsi que les retraites n’ont pas
suivi cette inflation galopante, privant les plus démunis de nombreux
produits de première nécessité.

Les réfugiés du Nagorny-Karabakh, une région que l’Arménie et
l’Azerbaïdjan se sont disputés au cours d’une guerre au début des
années 1990, sont particulièrement touchés.

“Je ne peux même plus me permettre les choses les plus simples”, se
plaint Jafar Chirinogly, 80 ans, un réfugié de cette région
actuellement sous contrôle arménien.

L’Azerbaïdjan a pourtant largement profité de la hausse du prix du
pétrole, mais cette manne financière n’a pas été répercutée dans la
pension mensuelle de l’équivalent de 20 dollars que reçoit M.
Chirinogly.

Pour le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, il n’est pas possible
de juguler cette inflation qui selon lui est parfaitement naturelle.

“Ni le gouvernement ni le président ne sont satisfaits de cette
situation, mais n’en faisons pas une tragédie”, a-t-il indiqué à
l’AFP.

L’opposition explique cette hausse soudaine des prix par la décision
du gouvernement au début du mois de multiplier par trois le prix du
gaz domestique et d’augmenter de 10% celui du carburant.

L’Azerbaïdjan suivait ainsi le Fonds monétaire international (FMI)
qui demandait l’alignement des prix sur ceux du marché international.

“Le gouvernement aurait dû prendre des mesures pour protéger la
société avant d’adopter de telles décisions”, estime Gulamgusseïn
Aliev, le vice-président du Front populaire, un parti de l’opposition
parlementaire.

Les économistes sont du même avis, mais ils voient en la corruption
généralisée une autre cause de l’inflation.

Selon Bakou, la hausse des prix à la consommation est restée stable à
6%, mais l’économiste indépendant Nazim Imanov estime lui que rien
que du fait du haut niveau de corruption l’inflation s’établit à 10%.

“Aucune transaction d’importance ne se fait sans payer un pot-de-vin,
alors si le fonctionnaire commence à demander plus, le niveau général
des prix augmente”, explique M. Imanov

La corruption influence aussi les prix de façon plus subtile, les
fonctionnaires surestimant le coût des projets publics pour se mettre
la différence dans la poche.

Dans une récente étude de l’organisation non gouvernementale
Transparency International, l’Azerbaïdjan a été classé au septième
rang des pays les plus corrompus au monde, sur un total de 146
étudiés.

Une inflation maîtrisée peut être bénéfique, car elle entraîne une
baisse des prix en devises étrangères ce qui favorise les
exportations. Mais ce n’est pas le cas en Azerbaïdjan, le dollar et
le manat étant utilisés de manière interchangeable. “Si les prix en
manats augmentent, ils augmentent aussi en dollars. C’est un
phénomène très rare”, conclut M. Imanov.

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