La Nouvelle République du Centre Ouest
20 juillet 2004
Beaucoup de réformes restent à entreprendre
La Turquie, a estimé récemment un rapport du Parlement européen, a
fait beaucoup de progrĂšs pour remplir les critĂšres dits de
Copenhague, sur l’adhĂ©sion Ă l’Union europĂ©enne, mais beaucoup de
rĂ©formes sont encore Ă entreprendre pour arriver Ă un Ătat de droit.
Les eurodĂ©putĂ©s critiquent l’influence exagĂ©rĂ©e de l’armĂ©e dans la
vie quotidienne, le recours Ă la torture et aux mauvais traitements
par les policiers, la violence exercée sur les femmes, les
intimidations envers les dĂ©fenseurs des droits de l’homme, les
discriminations Ă l’Ă©gard des autoritĂ©s religieuses, le manque de
liberté syndicale, les discriminations contre les Kurdes, la
persécution des partis politiques comme HADEP et DEHAP.
La Turquie vient de montrer sa bonne volonté sur deux points. Le
Parlement europĂ©en s’Ă©tait insurgĂ© de la peine de quinze ans de
prison infligĂ©s Ă Leyla Zana, inculpĂ©e le 6 novembre 1992 pour s’ĂȘtre
exprimĂ©e en langue kurde lors de l’inauguration de l’AssemblĂ©e
nationale turque. Sous la pression, celle-ci vient d’ĂȘtre remise en
liberté, en compagnie de trois autres députés. La Cour de sécurité de
l’Ătat a, par ailleurs, Ă©tĂ© abolie.
En outre, la Turquie avait Ă©tĂ© priĂ©e d’autoriser d’autres langues que
le turc dans l’enseignement et les mĂ©dias, et en particulier le
kurde. Elle vient d’obtempĂ©rer. La tĂ©lĂ©vision d’Ătat TRT vient de
briser un tabou en lançant la diffusion de deux émissions en
kurmandji et zaza, deux dialectes kurdes. C’est un dĂ©but. La
réouverture du séminaire orthodoxe chrétien Halki, fermé depuis 1972,
est aussi un signe de bonne volonté.
Le Parlement rĂ©clame Ă©galement l’abandon du systĂšme prĂ©voyant des
peines rĂ©duites pour « les crimes d’honneur », commis pour des
raisons liées à une coutume ou une tradition, soulignant que ceux-ci
devraient ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des meurtres au premier degrĂ©. Les
Ă©lus europĂ©ens protestent contre l’utilisation de l’histoire comme
moyen d’inculquer Ă la jeunesse des sentiments de haine raciale.
S’agissant de la question armĂ©nienne, le Parlement europĂ©en n’insiste
pas trop, « compte tenu des sensibilités turques », mais lance un
avertissement Ă la suite d’une approche trĂšs partiale du problĂšme
présenté dans les écoles. « Pourquoi, dit la résolution, la Turquie
gaspillerait-elle le soutien dont elle dispose actuellement au sein
de l’Union ? »
Il reste deux mois à ses dirigeants pour tenir les promesses de « la
mise aux normes ».
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress