Dizaines de milliers d’Armeniens a Erevan devant monument genocide

Tageblatt, Luxembourg
Dimanche, 24 Avril 2005

Des dizaines de milliers d’Arméniens à Erevan devant le monument du génocide

Des dizaines de milliers d’Arméniens se sont recueillis dimanche à
Erevan devant le monument aux victimes du génocide de 1915, pour le
90e anniversaire des massacres perpétrés par les Turcs.
En pleurs ou en silence, ils ont déposé des fleurs devant le monument
aux victimes, sur une colline de la capitale arménienne, comme le
président Robert Kotcharian, alors qu’une prière était récitée par le
catholicos Karékine II, chef de l’Eglise apostolique arménienne.

»Cela fait déjà trente ans qu’en ce jour, je viens tôt le matin au
mémorial. J’y dépose six tulipes, autant que le nombre de morts dans
ma famille au temps du génocide», témoigne dans la foule recueillie
Mikhitar Haroutounian, en s’approchant du monument sur lequel a été
suspendue une grande affiche avec les photos de 90 survivants du
génocide.

Comme beaucoup, le vieil homme de 74 ans dit être venu pour »rappeler
au monde ce crime pour lequel personne jusqu’ici n’a répondu et ne
s’est excusé», alors qu’Ankara refuse de reconnaître le terme de
génocide malgré les demandes répétées d’Erevan.

»Qui se souvient aujourd’hui du génocide des Arméniens?», s’interroge
un peu plus loin dans la foule Achot Arevian, venu avec sa femme
Asmik.

»Si à l’époque le génocide arménien avait été condamné, il n’y aurait
pas eu d’Holocauste» des juifs pendant la Seconde guerre mondiale,
ajoute-t-il.

Une minute de silence a été observée à travers tout le pays à 19H00
locales (14H00 GMT), après une messe oecuménique célébrée dans la
cathédrale Saint-Grégoire d’Erevan, avec des prières récitées par des
représentants des Eglises catholique, anglicane, grecque et russe
orthodoxe.

Le 24 avril 1915, en pleine Première guerre mondiale, les autorités
turques avaient arrêté 200 leaders de la communauté arménienne,
donnant le signal de ce que l’Arménie considère comme le début d’un
génocide planifié.

Il y a 90 ans de cela, »a été commis un crime sans précédent dans
l’Histoire de notre peuple et de toute l’Humanité», a déclaré le
président Kotcharian dans une adresse à la nation.

Il a cependant fait un geste en direction de la Turquie en assurant
que l’Arménie était »prête à construire des relations naturelles avec
la Turquie», avec laquelle Erevan n’a toujours pas établi de
relations diplomatiques.

»Cependant la dénégation de la Turquie suscite non seulement notre
perplexité, mais celle de la communauté internationale toute
entière», a-t-il ajouté.

Ankara rejette catégoriquement la thèse d’un génocide, estimant qu’il
s’agissait d’une répression dans un contexte de guerre civile et
limite son estimation du nombre de victimes arméniennes à entre
300.000 et 500.000 morts.

Le 90e anniversaire du génocide arménien intervient dans un contexte
de pressions accentuées pour que la Turquie reconnaisse le génocide:
le Parlement polonais, à l’instar de 15 autres pays, notamment
européens, vient de qualifier le massacre de génocide et un débat a
été ouvert au Parlement allemand.

Et le président du parti de centre-droit français UDF François
Bayrou, présent à Erevan, a annoncé le dépôt d’une résolution devant
le Parlement européen pour que soit reconnu le terme de »génocide
arménien», évoquant sa reconnaissance par la Turquie comme une
condition à son éventuelle entrée dans l’Union européenne.

Alors que des milliers de membres de l’importante diaspora arménienne
était venus à Erevan, quelque 350.000 personnes ont manifesté en
France. Ils étaient plus de 500 à Athènes et d’un millier à Lviv,
dans l’ouest de l’Ukraine.

Le chiffre d’1,5 million de manifestants attendu dimanche à Erevan
par les organisateurs était impossible à évaluer en raison de
l’absence d’estimation officielle du nombre de visiteurs au monument
du génocide.

From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress

En France, les Armeniens ont commemore le genocide

Tageblatt, Luxembourg
Dimanche, 24 Avril 2005

En France, les Arméniens ont commémoré le génocide

La communauté arménienne de France, la plus importante d’Europe, a
marqué dimanche le 90e anniversaire du génocide en organisant messes,
rassemblements et défilés, notamment devant les représentations de
Turquie dans plusieurs grandes villes.
Les quelques 350.000 Arméniens de France, militant inlassablement
pour la reconnaissance du génocide qui a fait 1,5 million de victimes
selon Erevan, se sont mobilisés toute la journée, en convergeant
notamment vers l’ambassade turque à Paris, et les consulats de Lyon
et Marseille.

»On est dans une démarche revendicative vis à vis de la Turquie qui
continue de rejeter le génocide», a expliqué à l’AFP Alain
Saboundjian, porte-parole du Comité de défense de la cause
arménienne.

Autre point fort souligné et apprécié par les porte-parole de la
communauté arménienne: la participation de chefs politiques de tous
les bords lors des messes et rassemblements.

Ainsi à Paris, Nicolas Sarkozy, président de l’UMP et Patrick
Devedjian, ministre délégué à l’Industrie ont assisté à une messe de
Requiem en la cathédrale Notre-Dame célébrée par l’église catholique
arménienne.

M. Devedjian, d’origine arménienne, a dénoncé dimanche, lors de
l’émission »Parlons-en» de la Chaîne parlementaire-Assemblée
nationale, »le négationnisme d’Etat» de la Turquie vis-à-vis du
génocide arménien.

Dans l’après-midi, 3.000 personnes se sont rassemblées devant la
statue de Komitas place du Canada. Cette statue, inaugurée en avril
2003, monument du génocide arménien rend hommage au musicien arménien
Komitas, mort en 1935 à Paris, ainsi qu’aux victimes du génocide et
aux combattants arméniens Morts pour la France. Puis les manifestants
se sont dirigés vers l’annexe de l’ambassade de Turquie aux
Champs-Elysées

A cette occasion François Hollande, premier secrétaire du Parti
socialiste a annoncé que le groupe socialiste à l’Assemblée nationale
allait »proposer une loi pénalisant la négation du génocide
arménien».

Pour l’UMP, Pierre Lellouche, a condamné »le déni de mémoire de
l’Etat turc actuel» alors que pour le Parti communiste, Patrick
Braouzec évoquait »une déportation systématique à grande échelle» et
que Philippe de Villiers était présent dans l’assistance pour
»manifester (sa) solidarité»

Dans Marseille et sa région, qui abritent la deuxième communauté
arménienne de France avec quelque 80.000 personnes, quelques milliers
de personnes ont assisté dimanche matin à la pose de la première
pierre d’un mémorial du génocide.

»Il a fallu attendre 2001 pour que la France reconnaisse le génocide
arménien, combien de temps faudra-t-il à la Turquie?», a déclaré lors
de cette cérémonie le président de la région Provence-Alpes-Côte
d’Azur, Michel Vauzelle (PS), avant de lancer: »non à l’entrée de la
Turquie dans l’Europe tant qu’elle n’aura pas reconnu le génocide
arménien» en présence de Jean-Claude Gaudin, maire UMP de la ville,
qui a lui aussi demandé à la Turquie de reconnaître le génocide.

L’après-midi ce sont plus de 5.000 personnes selon les organisateurs,
1.300 selon la police, majoritairement d’origine arménienne, qui ont
défilé en silence derrière une banderole soulignant que »le génocide
arménien reste impuni»

A Lyon, une messe de Requiem en la cathédrale Saint-Jean a célébré
cet anniversaire par la voix de Mgr Norvan Zakarian, responsable de
l’église apostolique arménienne, avec une homélie prononcée par le
cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. Un cortège s’est
ensuite rendu Place Antonin Poncet où doit être érigé un mémorial du
génocide des Arméniens.

A Strasbourg, un dépôt de gerbes a eu lieu au Monument aux morts de
la place de la République, en présence du maire Fabienne Keller (UMP)
et du représentant permanent de l’Arménie auprès du Conseil de
l’Europe, suivi d’une liturgie de l’Eglise apostolique arménienne,
dans une église du centre-ville.

Commemoration a Erevan du genocide armenien

Libération , France
Dimanche 24 Avril 2005

Commémoration à Erevan du génocide arménien

par Hasmik Lazarian

EREVAN – Des centaines de milliers de personnes, tulipes, jonquilles
et oeillets à la main, ont gravi une colline de la capitale
arménienne dimanche pour commémorer ce qu’ils considèrent comme le
génocide de 1,5 million des leurs par les Turcs de 1915 à 1923.

Du haut de cette colline, la foule a pu voir les cimes du mont
Arafat, aujourd’hui situé dans l’est de la Turquie, où l’Arménie
estime que ses citoyens ont été massacrés délibérément lors de la
désintégration de l’empire ottoman.

Des familles vivant en Arménie mêlées à d’autres venues d’Europe et
des Etats-Unis se sont retrouvées près d’un mémorial aux victimes
disparues au début du siècle.

“Je suis heureuse que moi, mon mari et mes deux fils sommes ici à
Erevan aujourd’hui. Une grande partie de la famille de mon mari est
morte pendant le génocide”, a dit Rubina Peroomian, gée de 66 ans et
enseignante à Los Angeles.

L’Arménie exige que le monde – et la Turquie en particulier –
reconnaisse que la disparition des leurs était un génocide.

Ankara refuse de se plier à cette manière de voir les choses,
estimant que les Arméniens ont été victimes d’une guerre qui a
également coûté la vie à de nombreux Turcs musulmans.

LA PRESSION DE LA FRANCE

Le débat n’est pas nouveau mais la perspective de l’ouverture, le 3
octobre, de négocations d’entrée de la Turquie dans l’Union
européenne redonne une actualité à ce délicat contentieux.

La France, notamment, qui compte quelque 400.000 ressortissants
arméniens, a promis de demander à la Turquie de reconnaître le
génocide.

A Paris, une messe de requiem a été célébrée dans l’après-midi à la
cathédrale Notre-Dame par l’église catholique arménienne.

A Istanbul, Bulent Aktug, un ingénieur gé de 30 ans, a dit: “Je
pense qu’il est faux de qualifier ce qui s’est passé en 1915 de
génocide. Il y a eu beaucoup de massacres par les deux parties à
cette époque.”

Les cérémonies de commémoration ont débuté samedi soir à Erevan, où
des milliers de personnes ont participé à une retraite aux flambeaux
devant le mémorial, un obélisque de granite où une flamme brûle
depuis 1965.

Les organisateurs ont dit s’attendre à voir arriver 1,5 million de
personnes dimanche.

“Aujourd’hui, nous nous inclinons en souvenir de ceux qui sont morts,
remplis de peine, mais aussi avec la certitude que le gouvernement
arménien est une garantie de la sécurité et de la nature éternelle
des Arméniens”, a déclaré dans un communiqué le président arménien
Robert Kotcharian.

From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress

Genocide armenien – Paris maintient l’ambiguite

Génocide arménien
Paris maintient l’ambiguïté

Favorable à l’adhésion turque à l’UE, Chirac soigne aussi les
Arméniens de France, ne négligeant aucune voix pour le référendum du
29 mai.

Par Antoine GUIRAL

lundi 25 avril 2005 (Liberation – 06:00)

Jacques Chirac, c’est bien connu, est l’ami de tous. Donc des Turcs,
mais aussi des Arméniens. En recevant en fin de semaine dernière à
Paris son homologue arménien Robert Kotcharian, le chef de l’Etat
français a souhaité que l’Arménie «poursuive son dialogue avec
Ankara», notamment sur la question du génocide. De manière très
symbolique, les deux hommes se sont rendus dans le VIIIe
arrondissement pour déposer une gerbe au pied du monument arménien
dédié tout à la fois au musicien Komitas, aux victimes du génocide et
aux combattants arméniens morts pour la France.

Favorable à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, le
président de la République cherche à montrer qu’il ne transige pas
avec les principes. Ses proches soulignent qu’il peut se permettre de
tout dire aux Turcs. Vendredi, il a ainsi rappelé que cette éventuelle
entrée dans l’UE passerait immanquablement pour Ankara par un «devoir
de mémoire» sur le génocide arménien. Pour autant, Jacques Chirac se
refuse à pointer plus ouvertement la responsabilité turque. En 2001,
le Parlement a adopté une loi qui stipule que la France reconnaît le
génocide arménien. Mais elle ne précise pas qui en sont les
coupables. Cette ambiguïté est révélatrice de l’attitude de la France
qui a toujoursvoulu ménager la susceptibilité turque.

Quoi qu’il en soit, la communauté arménienne de France (la plus
importante d’Europe) a apprécié le geste de Chirac. «Un événement très
important», a ainsi assuré Ara Toranian, président du Conseil de
coordination des organisations arméniennes de France. Alors que le non
au référendum du 29 mai est donné gagnant, le Président ne néglige
rien pour grappiller les voix susceptibles d’inverser cette
tendance. Les Français d’origine arménienne lui sauront-ils gré
d’avoir pour la première fois honoré de sa présence leur monument
auxmorts ? Jamais en reste pour prendre le contre-pied de Jacques
Chirac, Nicolas Sarkozy a assuré que son opposition à l’adhésion de la
Turquie dans l’UE «n’était pas liée» à la reconnaissance du génocide
par Ankara mais à son«idée de l’Europe qui doit avoir des frontières
et des relations avec ceux qui ne sont pas européens».

Genocide armenien – Non negociable

Génocide arménien. Editorial
Non négociable

Par Gérard DUPUY

lundi 25 avril 2005 (Liberation – 06:00)

La terre ne leur sera jamais légère. Le souvenir des victimes
arméniennes, massacrées il y a quatre-vingt-dix ans par familles et
par villages entiers, hantera encore longtemps la mémoire des
vivants. L’histoire avait connu bien des massacres auparavant, mais
jamais de cette ampleur et avec ce caractère délibéré, méthodique, qui
justifie l’emploi du mot de génocide. Le rappel de cet épisode noir
interfère certes avec la question européenne parce que cet
anniversaire coïncide avec la campagne référendaire, mais aussi
parceque la construction européenne est née d’une utopie d’une saine
simplicité :plus jamais ça ! Avant d’accuser la dénégation entêtée
des Turcs, il faut balayer devant sa porte. C’est ce qu’a fait, la
semaine dernière, le rapporteur d’un texte invitant le Bundestag à
stigmatiser ce génocide, après d’autres Parlements européens.

Il a suggéré que l’Allemagne, en tant qu’alliée des Turcs à l’époque,
reconnaisse une part de responsabilité, au moins indirecte, dans
celui-ci. Les alliées franco-britanniques devraient également admettre
quelque implication – non seulement à cause de la désastreuse équipée
de Gallipoli, dont on aaussi célébré ce week-end l’anniversaire, mais
pour la manière dont ils se sont longuement appliqués à dépecer
l’«homme malade» ottoman. De Mossoul à Pristina, de Chypre au Liban ou
en Palestine, les conséquences en courent encore.

L’UE couronne les efforts d’une entreprise commencée avec la fin de la
guerre civile européenne, ce qui est devenu encore plus vrai depuis
son élargissement. En y faisant acte de candidature, les Turcs doivent
admettre que certaines choses ne sont pas négociables, et notamment
cette déclaration de paix, prospective et rétrospective. L’Europe
s’est construite sur, et en partiecontre, elle-même. Demander aux
Turcs de faire à propos des Arméniens le même effort sur eux-mêmes,
c’est les soumettre au sort commun, comme ils le demandent.

Genocide armenien – En Turquie, le tabou peine a etre leve

Génocide arménien
En Turquie, le tabou peine à être levé

Hormis quelques frileuses initiatives envers Erevan, Ankara ne varie pas sa
thèse sur le génocide.

Par Ragip DURAN et Marc SEMO

lundi 25 avril 2005 (Liberation – 06:00)

A Istanbul

«Soyez prêts pour le tsunami arménien», lançait au début de l’année
Mehmet Ali Birand. Le journaliste vedette de CNN-Turk tentait ainsi de
secouer les autorités, embarrassées par les pressions de la communauté
internationale – notamment européennes mais aussi américaines – sur la
reconnaissance du caractère génocidaire des massacres d’Arméniens en
1915. Cette nouvelle difficulté dans la longue marche vers l’Union
européenne irrite et inquiète une société qui, dans sa grande
majorité, n’a toujours pas réellement commencé, quatre-vingt-dix ans
après, son «travail de mémoire» sur la partie la plus sombre deson
histoire. Le tabou se fissure néanmoins grâce au courage de certains
intellectuels.

«La question reste extrêmement sensible mais, en même temps, chacun
sait que l’on ne peut plus maintenant ne pas en parler. Le djinn est
sorti de sa bouteille et l’on ne pourra plus l’y faire rentrer»,
souligne Ahmet Insel, professeur à l’université de Galatassaray.

Lourd héritage. Les autorités ont tenté quelques timides
initiatives.Il y a quinze jours, le Premier ministre Recep Tayyip
Erdogan, issu du mouvement islamiste, a proposé à son homologue
arménien Robert Kotcharian l’instauration d’une commission mixte
d’historiens. «L’administration turque est coincée car elle veut
poursuivre son processus d’accès à l’UE alors que les lobbies
arméno-occidentaux se mobilisent», note l’historien Halil Bektay, un
des rares universitaires turcs à évoquer le mot génocide à propos des
tueriesd’Arméniens dans les dernières années de l’Empire ottoman. La
thèse officielle reconnaît 300 000 morts alors que les Arméniens
parlent de un million ou de un million et demi.

La cause est entendue pour les historiens qui s’appuient sur les
archives alliées et allemandes ou sur les minutes des procès tenus à
Istanbul en 1919 : ni l’ampleur ni le caractère systématique des
massacres ne sont contestables.

Créée sept ans après la tragédie, la République turque n’a toujours
pas réussi à se situer par rapport à ce lourd héritage. «La Turquie
est fière deson histoire», martèle le ministre des Affaires
étrangères, Abullah Gül, et les autorités nient farouchement toute
volonté d’extermination planifiée,assurant que l’exode forcé des
Arméniens de l’est de l’Anatolie était la conséquence de leur alliance
avec les troupes russes. «En étudiant les correspondances des
autorités civiles et militaires de l’époque, qui seront
intégralementpubliées, il sera aisé de voir qui a fait le génocide
contre qui», affirmait la semaine dernière le général Erdogan Karakus,
président du Centre d’étudesstratégique et historique de l’armée. La
presse turque des derniers jours déborde de récits sur les atrocités
commises par les combattants arméniens contre des civils turcs.

Les autorités martèlent que l’ouverture de la frontière et de l’espace
aérien avec l’Arménie, reconnue en 1991, dépend de l’attitude d’Erevan
et «de l’abandon de thèses falsifiant l’histoire».

Prise de conscience. Défier la vérité officielle n’est pas
facile. Lemois dernier, le célèbre romancier turc Orhan Pamuk avait
évoqué dans une interview à un journal suisse que «un million
d’Arméniens et 30 000 Kurdes avaientété tués en Turquie». Il a
immédiatement été assailli de coups de filde menace et un sous-préfet
a même proposé la destruction de ses livres en place publique.

Un appel signé par 200 intellectuels a dénoncé ce climat d’«hystérie
nationaliste» encore attisé par les tensions croissantes avec les
Kurdes. «La paranoïa des autorités turques est encore accrue par
l’attitude de ces Européensqui exigent la reconnaissance du génocide
arménien», s’inquiète Baskin Oran, professeur de sciences politiques,
qui a publié à l’automne un rapport accablant sur la situation des
minorités et de leurs droits. Mais la prise de conscience est aussi de
plus en plus réelle. Occultée depuis quatre-vingt-dix ans, la
splendeur passée des Arméniens de la Turquie ottomane ressurgit au
travers de livres à succès ou d’expositions. «Le mouvement a commencé,
mais il reste encore beaucoup à faire», reconnaît Etyen Mahçupyan,
journaliste et écrivain arménien d’Istanbul, admettant que la question
des massacres reste beaucoup plus explosive : «La population turque
n’a pas encore pris conscience du problème, et,dans un tel contexte,
imposer une solution de l’extérieur ne peut que susciterdes réactions
hostiles.»

Genocide armenien – Erevan se recueille

Génocide arménien
Erevan se recueille

lundi 25 avril 2005 (Liberation – 06:00)

Pour le quatre-vingt-dixième anniversaire des massacres perpétrés par
les Turcs, les autorités arméniennes espéraient 1,5 million de
manifestants, c’est-à-dire autant que de victimes, pour se recueillir
hier à Erevan devant le monument du génocide de 1915. «Il a été commis
un crime sans précédent dans l’histoire de notre peuple et de toute
l’humanité», a déclaré le président Robert Kotcharian dans une adresse
à la nation, assurant toutefois que l’Arménie était «prête à
construire des relations naturelles avec la Turquie» avec laquelle
Erevan n’a toujours pas établi de relations diplomatiques, tout en
soulignant que «la dénégation de la Turquie suscite non seulement
notre perplexité, mais celle de la communauté internationale tout
entière».
AFP

Justice denied until genocide acknowledged

Macomb Daily
Apr 25, 2005

Justice denied until genocide acknowledged

Mitch Kehetian

Growing up in southwest Detroit, I shared a common bond with many of
my school pals: Our ethnic roots went back to Armenia, a parcel of land
best known for Mt. Ararat, where many believers say Noah’s Ark came to
rest after the great flood.

We also shared a bond of family tragedies. Our aunts, uncles and
grandparents perished in Turkey’s 1915 genocidal measure to settle the
Armenian claim to autonomy by ridding the Ottoman Empire’s eastern
provinces of Armenians.

By the time the killing ceased, it was estimated that more than 1
million Armenians had died by the close of World War I.

But the survivors found new life in new lands, and built new
churches and community centers to retain an ethnicity that dates their
roots to 500 B.C.

As the years passed, I read more and more about my massacred
relatives and learned why I had only one grandparent, and only a few
aunts and uncles.

In my teens I began to mount a personal campaign to tell the plight
of my ancestors, and to develop a response to the questions, `Why do you
Armenians carry a grudge over something that took place in 1915? Why
can’t you forgive and forget?’

I still get that question, and my stock answer remains the same.

The past governments of Turkey, and today’s ruling government deny
the action against Armenians was genocide. They contend it never
happened, and that the Armenians triggered clashes with the Turkish
government by seeking autonomy.

In essence, the government in Ankara says the Armenians got up on
April 24, 1915, to leave their historical homeland and wandered off to
their graves in the desolate deserts of Syria.

When the Turkish government condemns what happened in 1915, then I
can learn to forgive and forget. Until then, justice remains denied.

In 1968, I journeyed to the historic homeland of my ancestors. Even
now I remain chilled by the failure by the present-day Turkish
government’s attitude about condemning past rulers for committing a
crime against humanity.

In my journey of despair, made possible by the help of U.S. Rep.
Lucien Nedzi and Secretary of State Brandon Rodgers, I experienced what
no person should be forced to endure and then be told `it never
happened.’

On my return, my then publisher, Ben Nathanson of the East Side
Newspapers, asked my impression.

I told him it was as though I had walked through a cemetery, but I
couldn’t find grave markers to tell me the Armenians lived there for
thousands of years. All I found were the ruins of their churches and
homes.

Ben urged that I not give up in the fight for justice. My publisher
was of Jewish faith and championed the rights of all suppressed peoples.

Through the years, Presidents Reagan, Ford, Clinton and George W.
Bush have addressed the massacres.

In his April 24, 2002, statement on the Armenian genocide, Bush
said, `Today we commemorate an appalling tragedy of the 20th century,
the massacre of as many as 1.5 million Armenians through forced exile
and murder at the end of the Ottoman Empire.’

But Turkey says it wasn’t genocide. It was the result of internal
fighting in its eastern provinces.

When you can eradicate 1.5 million people through forced exile from
their ancestral homeland, it’s genocide. It happened then, and it’s
happening now in Sudan.

Until acknowledged, the `appalling tragedy of the 20th century,’
will stain the present Turkish government sitting in Ankara.

Mitch Kehetian is Editorial Page editor of The Macomb Daily.

http://68.77.166.109/Repository/ml.asp?Ref=VE1ELzIwMDUvMDQvMjUjQXIwMTAwMg==&Mode=HTML&Locale=english-skin-custom

From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress

Genocide armenien – L’Europe se derobe

Génocide arménien
L’Europe se dérobe

Les Arméniens commémoraient hier le 90e anniversaire du massacre. Mais l’UE
ne fait pas de sa reconnaissance par la Turquie une condition préalableà son
adhésion.

Par Nathalie DUBOIS

lundi 25 avril 2005 (Liberation – 06:00)

ulipes, jonquilles et oeillets à la main, des centaines de milliers
d’Arméniens se sont recueillis hier à Erevan, la capitale, devant le monument dressé en
mémoire du million des leurs massacrés par les Turcs ottomans de 1915à 1917.
Un quatre-vingt-dixième anniversaire auquel l’Arménie a tenu à donnercette
année une ampleur sans précédent, avec l’espoir que la Turquie accepte enfin de
reconnaître ce génocide dont elle a toujours nié la nature et l’ampleur. Pour
Ankara, il ne s’agissait que d’une répression dans un contexte de guerre
civile, les Arméniens s’étant alliés aux troupes russes qui avaient envahi la
Turquie. Et le bilan des victimes n’atteindrait que 300 000 à 500 000 morts, alors
que l’Arménie en comptabilise 1,5 million.
Obligations. La Turquie peut-elle adhérer à l’Union européenne sans
reconnaître ce génocide ? En théorie, ceci ne fait pas partie des «critères de
Copenhague» qui exigent des pays candidats le respect de la démocratie,des droits de
l’homme et des minorités, ainsi qu’une économie de marché viable. Mais pas
l’obligation d’un travail de mémoire. Il n’empêche que la pression monte sur
Ankara depuis que les Européens, lors du sommet de Bruxelles de décembre, ont
accepté d’ouvrir le 3 octobre 2005 les négociations avec la Turquie. Aux six Etats
de l’UE qui reconnaissaient déjà le génocide arménien – par ordre
chronologique, Chypre, la Grèce, la Belgique, la Suède, l’Italie et la France -, trois
autres se sont très récemment adjoints : la Slovaquie, les Pays-Bas et,pas plus
tard que la semaine dernière, la Pologne. Enfin, en Allemagne, un premier
débat s’est tenu jeudi au Bundestag, à la demande de l’opposition
chrétienne-démocrate, autour d’une motion appelant la Turquie à regarder en face la page la
plus noire de son histoire.
Pour Hilda Tchoboian, présidente de la Fédération euro-arménienne,«la
Turquie doit maintenant assumer ses responsabilités par une reconnaissance sincère
et explicite du génocide avant que de postuler à l’Union européenne». Mais,
n’en déplaise aux Arméniens, cette démarche n’a aucune chance de devenir une
condition préalable à l’entrée des Turcs dans l’Union, à la différence de la
reconnaissance officielle, par Ankara, de la république de Chypre, Etat membre
depuis janvier 2004. Lors du fameux sommet de Bruxelles qui a ouvert la porte aux
Turcs, Jacques Chirac fut le seul chef d’Etat à évoquer la question arménienne
durant sa conférence de presse : «Toute l’histoire de la construction
européenne est l’histoire du dialogue, du respect de l’autre et de la reconnaissance
des erreurs que nous avons pu faire dans le passé. (…) Le travail de mémoire
doit être considéré comme une nécessité incontournable, je dis bien
incontournable. Je ne doute pas un instant que, si ce travail n’est pas fait, les
Français en tiendront le plus grand compte dans le jugement qu’ils porteront [par
référendum, ndlr] sur l’éventuel traité d’adhésion» de la Turquie. Mais comme
le député UMP Pierre Lellouche le déclarait à l’époque, la diaspora arménienne
«commettrait une erreur si elle faisait de cette reconnaissance un préalable à
toute adhésion ou rapprochement avec la Turquie. Il ne faut pas en faire un
préalable, mais l’une des conditions du processus».
Amendements. Le Parlement européen, qui, depuis 1987, a reconnu à plusieurs
reprises la réalité du génocide, n’en fait pas non plus une conditionsine qua
non. Il n’empêche que dans leur feu vert à l’ouverture de pourparlers avec
Ankara les eurodéputés ont adopté deux amendements relatifs à l’Arménie. Le
premier, proposé par le communiste français Francis Wurtz, «invite laTurquie à
promouvoir le processus de réconciliation avec le peuple arménien en
reconnaissant le génocide». Le second, déposé par l’UMP Jacques Toubon, «appelle la
Commission et le Conseil à exiger des autorités turques la reconnaissance formelle
de la réalité historique du génocide des Arméniens» et la rapide réouverture
des frontières avec l’Arménie.

NKR: Turkey Must Repent

TURKEY MUST REPENT

Azat Artsakh – Nagorno Karabakh Republic [NKR]
25 April 05

Each Armenian, in whichever part of the world he lives, at the bottom
of his heart keeps the undying memory of the victims of the Armenian
Genocide. On these days it is the 90th anniversary of the Armenian
Genocide. In my opinion, it is not only a day of commemoration of the
innocent victims but also a day for drawing an important lesson from
the history and bringing together all the Armenians around the idea of
homeland. We are glad that the number of countries condemning the
Genocide is growing, thereby making the international community
understand that it was a crime perpetrated not only against the
Armenians but against humanity. It was the worst action against the
mankind and the global civilization. I think that the present
authorities of the Republic of Armenia have also had their great
contribution to this. Today Turkey does not intend to recognize the
Genocide, whereas it is also necessary for this country and its
people. Moreover, if the parliament of any country puts forward the
question of recognizing the Armenian genocide, the threats of official
Ankara follow immediately. It is absurd that after imposing a heavy
blockade on Armenia and backing Azerbaijan Turkey tries to act as a
mediator in the Karabakh â=80` Azerbaijani talks. Nevertheless, I am
convinced that the time when the international organizations will
oblige Turkey to repent will come soon.

ARTEM ABRAHAMIAN.
25-04-2005

From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress