Le Figaro, France
14 octobre 2004
Relance du dossier turc pour le char Leclerc;
DĂFENSE Nouvel appel d’offres courant 2005
par Philippe Migault
Alors que Giat Industries, menacĂ© d’une rupture de son plan de
charge, est en pleine restructuration et que toutes ses perspectives
Ă l’export, hormis le canon Caesar, semblaient caduques, la piste
turque se relance. En jeu, un contrat portant sur un premier lot de
250 chars d’assaut, pour lequel un appel d’offres devrait ĂȘtre lancĂ©
courant 2005. Or le Leclerc est trÚs apprécié à Ankara. Les autorités
turques avaient lancĂ© un premier appel d’offres en 1999 pour
l’acquisition de mille engins. Compte tenu de la crise Ă©conomique
sĂ©vissant en Turquie les annĂ©es suivantes, elles l’ont annulĂ© au
printemps 2004. Mais pour les militaires turcs, le char français
Ă©tait sorti vainqueur de la campagne d’essais qui l’avait opposĂ© Ă
ses rivaux. Les trois sociétés turques, FNSS, Otokar et BMC, qui ont
Ă©tĂ© chargĂ©es d’une enquĂȘte prĂ©alable au lancement d’un nouvel appel
d’offres en 2005 par le haut comitĂ© de dĂ©fense turc et par SSM,
l’Ă©quivalent local de la DGA, s’en souviendront sans doute. Et le
Leclerc partira peut-ĂȘtre dans cette compĂ©tition avec un temps
d’avance si la Turquie ne tient pas compte de la polĂ©mique divisant
l’opinion française au sujet de son entrĂ©e dans l’Union europĂ©enne.
Déjà , en 2001, le Parlement français avait reconnu le génocide
arménien de 1915, ce qui avait jeté un froid. Seul bémol : le nouvel
appel d’offres sera cette fois-ci diffĂ©rent.
La Turquie souhaite désormais que son industrie de défense participe
beaucoup plus au programme. L’Ă©lectronique de bord devrait notamment
ĂȘtre d’origine turque, ce qui, compte tenu de la valeur ajoutĂ©e de
cette composante dans les chars occidentaux, diminuera d’autant la
part des électroniciens qui emporteront le contrat. En France, Thales
et Sagem reprĂ©sentent une forte part du coĂ»t et de l’excellence du
Leclerc. Quoi qu’il en soit, le Leclerc, auquel le Qatar et l’Arabie
saoudite s’intĂ©ressaient avant que les nĂ©gociations ne s’enlisent, a
une nouvelle opportunitĂ©. Outre-Rhin, la presse s’est fait l’Ă©cho de
contacts renouvelés entre les autorités turques et allemandes. Et les
récentes déclarations du ministre allemand de la Défense, Peter
Struck, estimant que les progrÚs réalisés par la Turquie dans la
perspective de son adhĂ©sion Ă l’UE devraient faciliter la reprise des
ventes d’armes, sont dĂ©jĂ interprĂ©tĂ©es comme un signal de dĂ©part.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress