Rigoletto à Cologne : un triomphe pour Nina Minasyan

ResMusica
5 janv 2018


Rigoletto à Cologne : un triomphe pour Nina Minasyan

     

Cologne. Staatenhaus. 4-I-2018. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Rigoletto, opéra en trois actes sur un livret de Francesco Maria Piave d’après Le Roi s’amuse de Victor Hugo. Mise en scène : Katharina Thalbach (reprise par Eike Ecker). Décors et Costumes : Ezio Toffolutti. Lumières : Andreas Grüter. Chorégrafie : Nadine Schori. Avec : Liparit Avetisyan, Il Duca di Mantova ; Nicholas Pallesen, Rigoletto ; Nina Minasyan, Gilda ; Lucas Singer, Sparafucile ; Marta Wryk, Maddalena ; Judith Thielsen, Giovanna ; María Isabel Segarra, Comtesse Ceprano ; Michael Mrosek, Monterone ; Hoeup Choi, Marullo ; Alexander Fedin, Borsa ; Insik Choi, Comte Ceprano ; Constanze Meijer, Page. Chœur de l’Opéra de Cologne (chef de chœur : Andrew Olivant), Gürzenich-Orchester Köln, direction musicale : Gabriel Feltz.

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    C’est un Rigoletto des jeunes talents que l’Opéra de Cologne a mis au programme au début de cette année.

    Rares sont les productions que l’Opéra de Cologne a pu déménager au Staatenhaus, lieu d’exil de l’institution jusqu’en 2022. Le Rigoletto que Katharina Thalbach et Ezio Toffolutti proposèrent en 2012 en fait partie – une mise en scène efficace, professionnelle et sans prétentions qui, cette fois, sert de cadre idéal à une distribution entièrement composée de jeunes talents.

    C’est Nina Minasyan, soprano arménienne formée au Bolchoï de Moscou, qui en Gilda offre la preuve la plus complète. Dotée d’une voix longue au médium corsé et au suraigu flamboyant, elle nous enchante par de sublimes demi-teintes, tout en réservant un bel aplomb dramatique à la scène de la tempête. Liparit Avetisyan, arménien lui-aussi, incarne le Duc de Mantoue. Le jeune ténor exhibe une voix d’une précieuse beauté. Plus éternel charmeur que vilain séducteur, il déploie avec soin les longues phrases verdiennes. Dommage seulement que son aigu, par ailleurs facile, sinon brillant, plafonne soudainement quand il s’agit d’attaquer les si naturels de « La donna è mobile ».

    Pour Nicholas Pallesen, le rôle-titre arrive un peu tôt. Faisant valoir, lui aussi, un timbre accrocheur et un registre aigu impressionnant, il lui manque pourtant la carrure et la maturité, vocale et scénique, pour rendre justice complètement à ce rôle de père tourmenté. A plus d’un moment, à vrai dire, on a l’impression de se retrouver face au grand frère de Gilda.

    Parmi les rôles secondaires, saluons d’abord le Sparafucile de Lucas Singer, chaude voix de basse au grave bien assis. Marta Wryk est une Maddalena séduisante à souhait. Si le bas du registre manque un peu de panache, elle trouve le juste ton un rien vulgaire pour ce rôle de prostituée. Une mention enfin pour la prometteuse Giovanna de Judith Thielsen. Déception en revanche quant au Monterone bien trop clair de Michael Mrosek.

    Au pupitre du Gürzenich-Orchester Gabriel Feltz fait ce qu’il peut pour éviter les décalages entre fosse et scène – pourtant inévitables, semble-t-il, dans l’acoustique problématique du Staatenhaus. En résulte une lecture visant un peu trop la précision où l’émotion ne transparaît que par moments.

    Crédit photographique : Nina Minasyan (Gilda) und Nicholas Pallesen (Rigoletto) © Klaus Lefebvre