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Film: Mon fils sera armenien

Retrouvailles arméniennes
Luc Perreault
La Presse
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Ils étaient cinq- deux gars, trois filles- à accompagner le
réalisateur Hagop Goudsouzian dans sa quête d’une Arménie
perdue. Interdits d’accès par la Syrie au désert de Deir-El-Zor où les
ossements des victimes du génocide arménien effleurent encore le sol,
c’est donc en Arménie même, à Erevan la capitale et dans quelques
villages, que le groupe a effectué ce retour aux sources. Le but:
retrouver les derniers survivants du génocide et recueillir- pour la
suite du monde, comme disait l’autre- leur témoignage.

Ces cinq participants ont tous des racines arméniennes. Pour
l’animateur Patrick Masbourian, l’héritage arménien se réduit
cependant à peu de chose, n’ayant jamais appris la langue de ses
ancêtres. Par contre, pour Lousnak Abdalian, connue pour ses chansons
qui pleurent le pays perdu, ce pèlerinage semblait le couronnement de
toute une démarche artistique. Entre ces deux extrêmes, on retrouve
une anthropologue (Gabriella Djerrahian), un professeur d’architecture
(Garo Shamlian) et une jeune étudiante (Martine Batani). Munis d’une
caméra numérique, ils prêtent main forte à l’occasion au directeur
photo, Alberto Feio. Pour Masbourian, un ancien de la Course autour du
monde, il s’agissait en somme d’une autre forme de retour aux sources.

Pour qui n’est pas familier avec le drame arménien- et le Québec à cet
égard ne prêche pas par l’exemple- ce film dégage une saveur
initiatique. On y apprend quelques faits simples. D’abord que le
premier génocide du 20e siècle a fait un million et demi de victimes
entre 1915 et 1920. Que ce pays a alors perdu la plus grande partie de
son territoire aux mains de la Turquie. Que ce pays émerge à peine
d’un régime communiste qui l’a coupé du reste du monde. Que ses
relations avec son puissant voisin turc sont à toutes fins pratiques
inexistantes. Que le mythique mont Ararat se trouve, hélas! en
territoire turc. Que le Canada, contrairement à la France, n’a pas
encore reconnu pleinement le génocide arménien. Mais qu’heureusement,
une épinette plantée par l’ex-maire Bourque orne le monument du
génocide à Erevan.

Là où le film atteint véritablement l’émotion, c’est quand il nous
présente ces vieilles centenaires encore vaillantes qui évoquent
devant leur jeune auditoire leurs malheurs vécus. Ces fragiles
souvenirs paraissent tout à coup aussi précieux que des reliques car
ce sont les dernières traces vivantes d’une tragédie dont plusieurs
s’obstinent encore à nier l’existence.

Parallèlement à ces retrouvailles, le réalisateur insère à l’occasion
ses propres images, celles notamment d’un autre voyage effectué dans
le désert aujourd’hui interdit d’accès. On a également droit à
quelques rares inserts de bandes d’actualité d’époque qui décrivent
les massacres. Et même à un petit bout d’une fiction hollywoodienne,
Ravished Armenia, tournée en 1919 et dépeignant le génocide.

Outre le désir de faire connaître au plus grand nombre un drame auquel
bien peu s’intéressent, Mon fils sera arménien nourrit un objectif
évident: permettre à la troisième génération des descendants arméniens
vivant au Québec de retrouver ses racines. Mission accomplie si on en
juge par Masbourian répandant les cendres de son grand-père en sol
natal ou par les larmes de Lousnak retrouvant dans le récit d’une
survivante le discours de sa propre grand-mère.

Mon fils sera arménien
Documentaire de Hagop Goudsouzian. 1 h 20.

Un groupe de jeunes Québécois d’origine
arménienne visite l’Arménie à la recherche de
survivants du génocide.

Un retour aux sources souvent émouvant mais avant tout instructif.

http://www.cyberpresse.ca/arts/article/1%2C
Vardapetian Ophelia:
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